Un triste bilan sur le plan économique et social

Les 100 jours du nouveau gouvernement

Dans quelques jours, l’équipe Akhannouch dépassera le cap des 100 jours de gouvernement.

En gros, l’Exécutif actuel n’a rien à présenter de positif. Il est vrai que l’impact de la cruelle pandémie sont là et se sont aggravés beaucoup plus que durant les Cent premier jours après son investiture par le Parlement, le 11 octobre 2021, le bilan est le plus alarmant des deux dernières décennies.

Il est vrai, encore une fois, l’effet Covid-19 est là mais le Maroc a eu son premier cas en mars 2020. Et le nouveau chef de gouvernement était bien au fait des tragédies causées par le virus sur le tissu économique et humain dans notre pays.

On ne peut pas dire que la pandémie a bouleversé les calculs ou changé les donnes. Le programme de gouvernement présenté devant le Parlement a été élaboré après plus de 18 mois d’état d’urgence sanitaire. Et en connaissance de cause.

Il faudra dire, dès le départ, que l’ambition de présenter des chiffres fantaisistes a caractérisé le texte du gouvernement, plein de promesses gigantesques mais sans aucun moyen financier pour y parvenir, à part de recourir à la fiscalité des plus modestes.

Sans nous attarder sur la littérature et la philosophie dérisoire qui sous-tend la politique gouvernemental, arrêtons-nous sur les principales actions économiques et sociales figurant dans l’engagement pris devant les députés et conseillers et, surtout, devant l’opinion publique. Le meilleur moyen est de confronter les promesses contenues dans son programme présenté le 11 octobre 2021 devant les deux Chambres du Parlement avec les réalités de tous les jours.

Certes, la relance de l’économie marocaine figure en bonne place dans le programme préconisé par Akhannouch, sous forme d’un des « trois axes stratégiques » de l’action du nouvel Exécutif. « La relance de l’économie dans l’intérêt de l’emploi » est présentée comme la seconde priorité stratégique, juste après « le renforcement des fondements sociaux de l’Etat ».

Deux objectifs de grande importance que le nouveau gouvernement a ratés de bout en bout.

Selon la déclaration officielle, le nouveau programme gouvernemental puise ses bases dans « le nouveau modèle de développement économique », qui, lui, traîne encore des pieds.

Mais sur le plan social, un slogan creux est constitué par une grande phrase qu’est « l’institutionnalisation de la justice sociale », restée lettres mortes et sans aucun intérêt accordé par le gouvernement.

Les impacts de la pandémie, qui dure depuis 2 années, se sont aggravés depuis l’arrivée de la nouvelle équipe de ministres qui ne semblent avoir aucun souci à l’égard des modestes gens, des populations.

Aussi à propos de « l’élargissement de la classe moyenne tout en favorisant son pouvoir d’achat et d’épargne », il n’y a qu’à regarder la flambée des prix durant la dernière période pour se donner une idée sur le sérieux de l’épargne et du pouvoir d’achat, alors que les prix des produits de première nécessité n’ont cessé d’augmenter, atteignant des sommets inouïs avec des hausses du tiers des prix pour certains produits comme l’huile ou les produits issus de la farine…

Après des promesses électorales fantaisistes, le chef du RNI devait continuer dans ses élans de propagande et de démagogie, jouant surtout sur une plage temporelle de cinq années et se plaçant surtout dans les horizons 2026 …

Aujourd’hui, la situation économique et sociale est catastrophique. Tous les indicateurs le confirment. La machine économique est grippée et des populations entières vivent dans la misère.

Les experts économiques avaient émis des doutes sur la réalisation du taux de croissance de 4 %, modeste en lui-même et pas en mesure de mettre la machine en marche et de fournir un nombre raisonnable de postes d’emplois. Mais la barre est placée si haute que l’engagement de création d’un million de postes d’emploi en cinq ans reste du domaine des illusions. Sachant que, si l’on croit l’officieux HCP, l’impact du taux de croissance sur la création d’emplois au Maroc ne cesse de baisser d’année en année et depuis la première décennie 2000. Et l’effort d’investissement public et privé ne sera pas en mesure de garantir un saut qualitatif que le nouveau gouvernement espère. Idem pour la croissance agricole, qui a connu une embellie en 2021 qu’elle ne pourra pas atteindre au vu des aléas climatiques.

Or, selon le document gouvernemental, l’on n’est pas radin au niveau du détail.250.000 postes proviendront des chantiers publics, promis et non encore lancés pour les deux prochaines années.

 200.000 autres emplois sont comptabilisés dans la rubrique «génération green» dans une conjoncture marquée par la sécheresse et la rareté des eaux.

Et puis, on ne manque pas d’imagination. Le gouvernement actuel veut créer une « classe moyenne agricole » et « une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs », auxquelles il veut distribuer un million d’hectares de terres collectives, alors que les paysans pauvres demeurent le parent pauvre de la politique du Maroc et sont réduits à la mendicité.

Pour le reste, il est prévu de créer 50.000 postes d’emploi par an, soit 250.000 en cinq ans. Sans aucune précision sur les investissements conséquents à faire pour y parvenir…

Mais au rythme de travail actuel, les économistes sérieux craignent que le pays ne dépasse pas les 2% de croissance, si les affaires du pays restent gérées de la même manière.

Akhannouch veut également créer 12.000 crèches et bien d’autres emplois, sachant que déjà même dans de nombreux domaines les pertes d’emplois sont visibles à l’œil nu et il se trouve, aujourd’hui, face à la récupération des emplois perdus plutôt que de leur création.

C’est ce qui le fait revenir à la raison et à la prudence en se voulant « franc » du fait que le Maroc se trouve dans « une zone de risques » avec la pandémie.

La réalité est là, choquante.  Surtout en matière d’entreprises et d’emplois. Le gouvernement a fait, dans sa théorie et propagande de « l’accompagnement urgent des entreprises en difficulté au bord de la faillite » l’un des objectifs majeurs de son programme. Triste réalité que de constater son échec patent en la matière. Le tourisme national est gravement atteint, la restauration, l’hôtellerie et les transports vivent dans la détresse. Inutile de dresser tout le tableau sinistre de la situation de ces secteurs et de leurs personnels.

Hélas pour le chef de gouvernement et ses ministres, hélas pour le pays, nous ne sommes pas en face d’une politique économique et sociale audacieuse qui mettrait le pays au travail et ferait une distribution équitable des richesses nationales.

  • Encadré

Les principaux engagements économiques de l’actuel gouvernement

  • Réaliser un taux de croissance de 4 % au cours des 5 prochaines années ;
  • créer au moins 1 million de postes d’emploi durant la période de son mandat ;
  • Augmenter le taux d’activité des femmes à plus de 30 %, au lieu de 20 % actuellement ;
  • Réduire les disparités sociales et territoriales à moins de 39 %, au lieu de 46,4 % ;
  • Assurer un « revenu de dignité » pour les personnes âgées de plus de 65 ans de 1 000 dirhams à horizon 2026 ;
  • Généraliser les allocations familiales fixées à 300 dirhams par mois pour chaque enfant dans la limite de 3 enfants ;
  • Généraliser l’indemnité pour perte d’emploi à horizon 2025 à toute personne disposant d’un emploi stable ;
  • Créer une allocation de naissance au profit des familles nécessiteuses de 2 000 dirhams à la naissance du premier enfant, et de 1 000 dirhams à la naissance du deuxième ;
  • Accorder aux associations œuvrant dans le domaine du handicap un budget annuel de 500 millions de dirhams ;
  • Créer au moins 250 000 postes d’emploi direct à travers un programme de petits et grands chantiers publics ;
  • Encourager le label « Made in Morocco » avec une production locale de 34 millions de dirhams d’importations et un potentiel de création de plus de 100 000 emplois ;
  • Créer plus de 100 000 postes d’emploi direct et indirect dans le secteur de la pêche et de la pisciculture.

Mohamed Khalil

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