Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, 20 mars
Ouardirhi Abdelaziz
La santé bucco-dentaire est essentielle pour la qualité de vie et le bien-être, elle fait partie intégrante de l’état de santé générale de chaque individu. Une mauvaise santé bucco-dentaire peut accroître les risques sur l’état de santé générale et être la cause de maladies cardiovasculaires, de pathologies respiratoires et affections inflammatoires. Le jeudi 20 mars, le Maroc à l’instar des autres pays du monde célèbre la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire. C’est l’occasion de sensibiliser le public à l’importance d’une bonne hygiène bucco-dentaire pour préserver une santé globale.
Aborder aujourd’hui la question des troubles bucco-dentaires peut sembler à certains, obsolète, un thème qui ne suscite guère l’intérêt de nombreux individus. Cependant, dans le vécu quotidien de chacun, la réalité est différente. Il vous suffit d’examiner vos propres dents et celles de vos enfants pour réaliser instantanément l’ampleur des dommages.
A l’occasion de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, la Fédération dentaire internationale lance une nouvelle campagne avec pour slogan « une bouche heureuse… est un corps heureux ».
Et pour cause : une bonne hygiène bucco-dentaire est partie intégrante de la santé globale, depuis notre naissance jusqu’à un âge avancé. L’une ne va pas sans l’autre, elles sont indissociables y compris pour notre bien-être émotionnel, social et mental.
Etat des lieux
D’après le Rapport de situation de l’OMS sur la santé bucco-dentaire dans le monde (2022, en anglais), ces affections touchent près de 3,5 milliards de personnes dans le monde. Les affections bucco-dentaires sont considérées parmi les maladies les plus rependues dans le monde, en raison de leurs prévalences (nombre de cas au sein d’une population à un moment donné) et de leur incidence élevée, trois malades sur quatre vivent dans des pays à revenu intermédiaire. C’est un réel fléau, un problème de santé publique. Les caries dentaires non traitées figurent parmi les affections les plus courantes à l’échelle mondiale.
Qu’en est-il au Maroc ?
Si on prend pour exemple les caries dentaires, nous relevons selon une enquête épidémiologique du ministère de la Santé, que la prévalence de l’atteinte carieuse est élevée au Maroc. Les caries touchent 92% des adultes de 35-44 ans, 87% des adolescents de 15 ans et 81% des enfants de 12 ans.
Selon cette enquête nationale sur la santé bucco-dentaire, un nombre important de Marocains n’a jamais consulté un médecin dentiste, et 27% des adultes de 35-44 ans n’ont jamais bénéficié de dépistage dentaire.
Une situation inadmissible
Au regard de tous ces chiffres qui sont inacceptables, irrecevables dans un pays comme le Maroc où des milliards de DH sont investis dans le secteur de la santé. On ne peut que se poser des questions légitimes : Comment expliquer ces chiffres, qui faut-il le rappeler datent de plusieurs années, et sont de ce fait très loin de refléter la réalité aujourd’hui. Ces pathologies enregistrent une augmentation constante et une courbe exponentielle de la prévalence des maladies bucco-dentaires ?
En outre, à ce jour, le nombre de chirurgiens-dentistes au Maroc est estimé à 4500 pour le secteur privé, et près de 400 au niveau du secteur public, soit un chirurgien dentiste pour 7.100 habitants.
On est très loin des normes fixées par l’OMS, à savoir 1 médecin pour 1.000 habitants.Au niveau des zones éloignées, enclavées du pays, les habitants n’ont jamais eu accès au chirurgien-dentiste .
Malgré les efforts entrepris pour corriger les disparités, force est de constater qu’il y a toujours une répartition inégale des professionnels de la santé bucco-dentaire entre milieu urbain et rural.
En outre, il faut dire que les coûts des soins dans le privé sont exorbitants. Il devient très clair que les obstacles, les écueils, les barrières qui se dressent devant les citoyens démunis ne permettent pas un accès facile aux soins dentaires et nombreux sont ceux qui sont exclus de ces soins, et qui en subissent les conséquences.
Des conséquences dommageables
Pour bien comprendre les effets des affections bucco-dentaires, il est utile de rappeler ici la place et l’importance de la cavité buccale dans son ensemble et ses différentes composantes.
Les dents, les gencives et la cavité buccale jouent un rôle fondamental dans des fonctions essentielles telles que l’alimentation, la parole et la digestion. Lorsqu’un problème bucco-dentaire survient, il peut avoir des répercussions importantes non seulement sur la qualité de vie, mais également sur la santé globale.
Les complications graves peuvent survenir si les maladies bucco-dentaires, telles que les caries, les infections des gencives (maladies parodontales) ou les abcès dentaires, ne sont pas prises en charge.
C’est notamment le cas des maladies cardiovasculaires.
Les maladies chroniques de la bouche, en particulier les parodontites, des inflammations des tissus de soutien de la dent, qui sont liées à une augmentation du risque de troubles cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux du fait de l’inflammation qu’elles provoquent.
Une mauvaise santé bucco-dentaire peut déstabiliser un diabète en augmentant la difficulté à contrôler le taux de sucre dans le sang.
À l’inverse, le diabète mal géré favorise les maladies des gencives.
Un seul mot d’ordre : la prévention
A défaut de pouvoir garantir à tous des soins dentaires curatifs, il vaut mieux privilégier une approche favorisant la prévention, notamment par la promotion de la santé bucco-dentaire au sein de la famille, dès le jeune âge, inculquer les bonnes attitudes aux enfants, il en est de même au niveau de l’école.
Un bon brossage de dents chez les enfants est essentiel pour prévenir les problèmes dentaires tels que les caries, la mauvaise haleine ou encore les problèmes de gencives. Le rôle des parents et des éducateurs est essentiel dès 6 mois, il faut sensibiliser les enfants au brossage des dents, et ce le plus tôt possible. Il est très important d’apprendre la bonne technique de brossage des dents aux enfants pour qu’ils démarrent avec de bonnes habitudes.
Promouvoir une alimentation équilibrée pauvre en sucres libres et riche en fruits et légumes, avec l’eau comme boisson principale, stopper la consommation de tabac sous toutes ses formes, le brossage des dents deux fois par jour avec un dentifrice contenant du fluorure.
Consulter au moins une fois par an le chirurgien dentiste.
Enfin, une information accrue, sur les risques mais aussi le caractère non inéluctable des déchaussements et pertes dentaires en cas de parodonpathies, contribuera à une meilleure santé de la population Marocaine.
Le rôle que joue la presse écrite et audio-visuelle à travers des articles, des reportages pour bien informer, éduquer et sensibiliser les citoyens à l’importance de l’hygiène bucco-dentaire est très important et doit se maintenir tout au long de l’année.