Une conférence à Tanger examine les opportunités d’intégration en Méditerranée

Les intervenants lors d’une conférence sur l’intégration méditerranéenne ont examiné, samedi à Tanger, les opportunités d’intégration et de complémentarité, ainsi que les défis qui empêchent le rapprochement entre les pays du bassin méditerranéen.

Les intervenants ont passé en revue, lors de cette conférence organisée par la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) sous le thème «Manarat Al Moutawassit: opportunités d’intégration dans un océan de défis», les points humains, culturels, économiques et géographiques en commun entre les peuples de la région, ainsi que les défis sécuritaires, économiques et politiques qui pourraient constituer un point de rencontre ou alors des obstacles face à tout rapprochement.

Dans ce sens, l’ancien président tunisien, Moncef Marzouki, a fait savoir que l’identité maghrébine, de par son histoire et sa géographie, repose sur quatre composantes, africaine, arabe, amazighe et méditerranéenne, expliquant que reconnaître cette identité multiple est important, et que l’intégration du Maghreb, y compris la Méditerranée, est une réalité qui existe dans le brassage des langues, des coutumes et des traditions depuis plus de 2.000 ans.

La question désormais est de savoir si l’acteur politique ralentit ou accélère cette intégration, a-t-il poursuivi, exprimant sa conviction que la politique joue un rôle négatif et perturbe cette intégration au moment où elle est censée jouer un rôle positif pour l’accélérer face aux défis auxquels est confronté l’espace méditerranéen.

M. Marzouki a noté que trois grands défis se profilent pour le bassin méditerranéen, qui consistent en la pollution et les conflits relatifs aux ressources naturelles, en particulier dans l’Est de la Méditerranée, la question de la sécurité et la question de l’immigration, affirmant que ces questions nécessitent des réponses politiques, alors que l’on relève l’absence de tout organe ou structure politique méditerranéenne qui coordonnerait les positions pour répondre à ces défis.

Pour sa part, l’ancien ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, a indiqué qu’établir les règles d’appartenance méditerranéenne, d’intégration et de complémentarité, et assurer un niveau acceptable de stabilité et de paix, passent par l’action culturelle, en se basant sur les points communs civilisationnels et culturels à tous les peuples du bassin méditerranéen, exprimant sa conviction qu’il y a plus de racines qui unissent les peuples de cette région que de différends et d’obstacles.

Il a ainsi expliqué que l’action culturelle demeure un acteur fondamental pour rapprocher les peuples et unir les positions, mettant en avant le rôle des élites dans la stimulation de ce rapprochement culturel et intellectuel en dépit de certains conflits et différends.

M. Benaïssa a également souligné la nécessité de corriger certaines idées et visions, en particulier en ce qui concerne les pays islamiques de la région, et-ce en clarifiant notamment le chevauchement entre la religion et la politique et en rassemblant les compétences afin de se protéger contre les violences ethniques, religieuses et sectaires.

Quant au doyen de la Faculté des sciences humaines et sociales de l’université Euro-méditerranéenne de Fès, Abderrahman Tenkoul, il a relevé que le Maroc dispose de toutes les capacités pour être pionnier du rapprochement et de l’intégration méditerranéens, insistant sur le fait que cette intégration, en ses dimensions politique, économique et de développement, est considérée comme un impératif pour assurer la stabilité et la sécurité au niveau de la région et garantir les conditions nécessaires pour un développement équilibré dans sa dimension globale.

L’intégration méditerranéenne demeure une nécessité immédiate et future dans un monde qui tend vers la mise en place d’alliances et blocs stratégiques et des pôles politiques, a-t-il ajouté, s’arrêtant également sur l’intégration méditerranéenne et africaine qui nécessite de passer outre les séquelles laissées par le colonialisme, ayant créé des brèches, dispersé la géographie méditerranéenne et planté des foyers de conflits artificiels à l’Ouest de la méditerranée.

Dans ce sens, le doyen a affirmé que les politiciens algériens jouent un rôle négatif dans la garantie des conditions de la solidarité africaine, notamment à cause de leurs efforts pour perturber l’intégration et la construction du Maghreb arabe ainsi que le processus de développement, contrairement à ce que veulent les peuples de la région, soulignant que le Maghreb arabe uni peut jouer un rôle important dans l’intégration régionale méditerranéenne et la construction d’une nouvelle économie du savoir (intelligence sociale) pour l’Afrique qui aspire à réaliser le progrès global escompté.

De son côté, le président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Younes Moujahid, a estimé que les médias méditerranéens devraient jouer un rôle éthique et effectif pour rapprocher les peuples et unifier les visions dans une région qui jouit d’un poids civilisationnel, humain et culturel important, soulignant que les médias de certains pays de la région travaillent avec un référentiel politique négatif, alimentent les conflits sans fondements, et adoptent une vision étroite au lieu de contribuer à la stabilité et écarter les doctrines politiques et idéologiques obsolètes.

Dans une intervention intitulée «Les médias méditerranéens, de l’alimentation des conflits au soutien de la stabilité et de l’intégration», M. Moujahid a ajouté que la région méditerranéenne en général, et le Grand Maghreb en particulier, ont des caractéristiques communes, des coutumes similaires et une structure anthropologique unique, qui sont des facteurs considérés comme piliers fondamentaux afin de garantir des bases de complémentarité, faisant savoir, par ailleurs, que certains font reculer la région en cherchant à briser ces ambitions au profit d’intérêts politiques étroits et à compromettre les intérêts communs qui devraient prévaloir dans la région.

A l’issue de cette conférence, organisée en marge de la création de la section de la FFMEJ dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, un hommage a été rendu à des journalistes ayant marqué la scène médiatique marocaine, à savoir Ahmed Kerouk, Amina Soussi, Zhour Laghzaoui, Touria Souaf et Abdelaziz Guennouni.

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