*Assurer et préserver notre indépendance économique
*Améliorer le niveau de vie des populations
*Mettre en place une gouvernance démocratique
En prenant la décision d’organiser son université annuelle sur le modèle de développement démocratique et social en présence de spécialistes et experts de l’intérieur du parti et de l’extérieur, le PPS entend perpétuer avec une pratique qui l’a toujours distingué. Ce choix ne relève pas du hasard. Il répond à une nécessité objective qui consiste à ouvrir la réflexion sur l’avenir de notre pays pour affronter avec succès les défis multiples auxquels il fait face tant au niveau interne qu’externe. Cette bataille passe nécessairement par I ‘approfondissement de l’Etat de droit, la réalisation de plus de justice sociale à travers des politiques publiques inclusives orientées vers la satisfaction des besoins sociaux de la population et en premier lieu de la jeunesse, le renforcement de la place du Maroc sur la scène continentale et mondiale.
Pour atteindre ces objectifs, nous sommes appelés à revoir fondamentalement les orientations à l’œuvre et le «modèle de développement» en vigueur à supposer qu’il en existe.
Rappelons que le Maroc a testé depuis l’indépendance plusieurs modèles de développement, ou plus exactement «modèles de croissance». Ainsi a-t-il opté successivement pour un modèle d’import-substitution durant les deux premières décennies qui ont suivi l’indépendance, puis un modèle d’ajustement sous l’effet de la crise de l’endettement (années 80) comme tremplin vers la mise en place d’un modèle axé sur l’exportation et l’ouverture de notre économie sur le marché mondial (adhésion au GATT en 1987 et à l’OMC en 1995). Les trois modèles qui se sont succédé avaient cependant en commun leur filiation au libéralisme et leur pari sur le secteur privé, national et étranger.
Ainsi, tout au long de cette période, le Maroc a réalisé des taux de croissance relativement élevés sans pour autant assurer le développement. Car ce dernier ne se réduit pas à la croissance. Alors que la croissance se mesure par le simple agrégat du Produit intérieur Brut (PIB), le développement est appréhendé par le niveau de satisfaction des besoins de la population et les transformations structurelles qui englobent l’économique, le social et le politique dans leur ensemble. Cela explique le décalage de notre classement au niveau mondial selon le revenu par tête (92ème rang) et selon l’Indice du développement humain (126ème). A l’évidence, les fruits de la croissance n’ont pas profité à tout le monde de la même manière !
Par ailleurs, si le Maroc a fait le choix de l’ouverture en procédant à la signature d’une série d’accords de libre-échange avec 55 pays regroupant I milliard de consommateurs, force est de constater qu’il est loin d’en tirer profit comme il s’y attendait. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la croissance réalisée est tirée principalement par la demande intérieure composée des dépenses d’investissement et de consommation des ménages. La demande extérieure, sur laquelle on tablait, joue un rôle négatif dans la croissance tant il est vrai que notre balance commerciale est structurellement déficitaire. Ce déficit n’est résorbé, partiellement du reste, que par les transferts des MRE et les recettes touristiques.
L’objectif d’un arrimage réussi à l’économie mondiale est resté un vœu pieux. Le Maroc ne réalise que 0,13 % du commerce mondial soit une proportion à peine égale à sa part dans le PIB mondial (0,12 0/0) et beaucoup moindre que sa part dans la population mondiale (0,4%). Cette faible pénétration du marché mondial s’explique principalement par la faiblesse de la compétitivité de notre économie réduisant l’offre exportable à une portion congrue nonobstant les progrès réalisés au cours des dernières années au niveau de ce qui est convenu d’appeler les «nouveaux métiers mondiaux» tels l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et l’offshoring.
Toutefois, là où le modèle a connu un échec patent c’est incontestablement au niveau de l’inclusion sociale et de la réduction des inégalités à la fois sociales et spatiales. Ainsi, les chiffres disponibles sont parlants et montrent l’aggravation de l’exclusion sociale et des inégalités de toutes sortes. Notre «gâteau national» est très Injustement réparti plus de 50 % sont accaparés par les détenteurs du capital, à peine 30% de la richesse produite profite à ceux qui la créent à savoir les salariés et le reste va à l’Etat sous forme de recettes fiscales. Le fardeau fiscal est supporté essentiellement par les salariés et un nombre très limité d’entreprises socialement et éthiquement responsables. L’inégalité ne se limite pas à la répartition des revenus, elle se manifeste également par une inégalité d’accès aux services sociaux de base notamment au niveau de la santé et de l’éducation. Ce modèle de croissance à l’œuvre, malgré tout ce qu’il a réalisé sur le plan quantitatif et au niveau de l’infrastructure physique, a atteint définitivement ses limites et ne peut plus tenir la route : une croissance incapable d’assurer un emploi décent à chaque marocain, incapable d’assurer un niveau de dignité humainement acceptable. Ce constat fait aujourd’hui l’unanimité et un appel solennel fut lancé par la plus Haute Autorité du pays en vue d’adopter un nouveau modèle de développement.
C’est bien l’objet de notre université annuelle en précisant, toutefois, que le parti avait déjà entamé cet exercice durant la phase de préparation de son dixième congrès national en organisant une série de tables rondes sur des thématiques liées au modèle de développement et tout particulièrement dans sa composante sociale et politique. Les documents adoptés par le congrès constituent incontestablement un apport important dans ce sens. L’université annuelle est pour nous une occasion d’approfondir cette analyse et d’aller autant que faire se peut vers plus de concret à travers l’adoption des mesures de politique économique et sociale dans l’intérêt bien compris de notre pays et de notre peuple, sans occulter par ailleurs les aspects théoriques qui sous-tendant ces dernières(mesures de politique économique). Ce faisant, le parti restera fidèle à sa méthodologie qui a toujours lié la théorie et la pratique évitant ainsi deux écueils. L’idéalisme et le pragmatisme. En effet, l’idéalisme risque de déboucher sur une approche déconnectée de la réalité. Quant au pragmatisme, il se ramène souvent à une démarche privée de référentiel théorique. Il s’agit là de deux facteurs d’appauvrissement de la réflexion menant vers des impasses dont il convient de se prémunir.
A la lumière de ce qui précède, nous pensons que le modèle de développement dont le pays a besoin doit viser trois objectifs essentiels : assurer et préserver notre indépendance économique, améliorer le niveau de vie des populations, et mette en place une gouvernance démocratique. Autrement dit, un tel modèle doit être assis sur trois piliers qui sont intrinsèquement liés : économique, social et politique.
Concernant notre indépendance économique, elle passerait nécessairement par le réexamen en profondeur de nos choix antérieurs en matière d’ouverture sur le marché mondial. Sans plaider pour la déconnexion qui nous ramènerait à une forme d’autarcie débridée, rien ne nous empêche pour autant de passer au scanner les accords de libre-échange que nous avons signés avec différents pays et groupements régionaux, parfois sans avoir fait d’études préalables d’impact. La même démarche doit être poursuivie vis-à-vis des programmes sectoriels pour redéfinir leurs priorités et leurs objectifs en consacrant une analyse à part à l’état de nos ressources naturelles dans une optique de durabilité et tout particulièrement de nos ressources hydrauliques.
Par ailleurs, autre exigence de notre indépendance, le pays doit disposer d’un secteur public fort, géré démocratiquement et capable de tirer vers le haut notre économie en entrainant dans son sillage une partie du secteur privé dans le cadre du PPP. Cette indépendance passe également par notre indépendance énergétique.
A cet égard, il convient de renforcer notre transition énergétique en développant davantage les énergies renouvelables qui sont par définition des énergies propres et d’avenir. Notre pays doit s’engager totalement dans la prospection des voies ouvertes par l’économie verte en en tant que secteur d’avenir. Le même intérêt devrait être accordé à l’économie sociale et solidaire qui recèle un potentiel considérable tant en matière de création de valeur ajoutée que d’emplois.
L’autre objectif consiste à améliorer le niveau de vie de la population en donnant la priorité dans un premier temps aux populations démunies des campagnes et des périphéries urbaines pour leur assurer le minimum vital et un revenu qui préserve leur dignité. A terme, le modèle de développement que nous proposons devrait envisager la mise en œuvre d’une politique volontariste de partage et de redistribution du « gâteau national » afin de renforcer les moyens mis à la disposition de l’Etat et les revenus salariaux. Outre une nouvelle politique salariale à mettre en œuvre dans le cadre du dialogue social, le nouveau modèle de développement ne peut faire l’économie d’une véritable réforme fiscale basée sur l’équité et l’efficacité. C’est en mobilisant des ressources additionnelles via la fiscalité que l’Etat serait en mesure d’assurer des services sociaux de qualité dont notamment l’éducation, la santé et la généralisation de la couverture sociale.
Le troisième objectif est relatif à la gouvernance et à l’approfondissement de l’Etat de droit y compris dans le monde des affaires, en consacrant l’égalité effective des citoyens devant la loi, en encourageant la culture de la créativité et de l’initiative citoyenne. A cet égard, Il faut bannir, à jamais, les rapports de clientélisme, les pratiques rentières, les positions monopolistes et les passe droits de toutes sortes. La constitution, qui a bénéficié d’une large adhésion populaire doit être appliquée à la lettre : activation des instances de régulation, protection et promotion des libertés publiques et individuelles, renforcement de l’indépendance de la justice…