Fin janvier 2015, le théâtre marocain perdait l’une de ses enfants les plus douées, Zineb Smaiki. La comédienne est décédée après une longue lutte contre la maladie, alors que sa carrière artistique était à son sommet. Feue Zineb était connue pour ses rôles complexes, intelligents et difficiles à gérer sur scène.
Les planches étaient sa demeure et le théâtre, son univers. Zineb Smaiki est l’une des premières femmes artistes marocaines à avoir entamé sa carrière artistique si tôt dans ce qu’on appelait «le théâtre amateur». À un moment donné, ce dernier était une véritable école où le grand nombre d’acteurs et de comédiens marocains ont fait leurs premiers pas.
Très jeune, Zineb Smaiki concrétisait son rêve d’enfance en montant sur scène. C’est à l’âge de 13 ans, que la comédienne intègre la troupe «Chabibat Al Hamraa» dans la ville ocre, Marrakech. «Elle est l’une des artistes femmes qui ont gravé leur nom sur les planches du théâtre marocain. Elle était également parmi les premières comédiennes ayant fait le théâtre à Marrakech où elle a travaillé avec plusieurs associations et troupes théâtrales de la ville entre autres « Chabibat Al Hamraa » dont le réalisateur n’était autre que son époux, le défunt Abdelkarim Benani», nous confie le dramaturge, Abdelilah Benhadar.
Zineb Smaiki est connue comme une icône du théâtre marrakechi. C’est dans cette ville des sept saints et berceau de la Halqa et des arts populaires que son étoile brilla de mille feux. Mieux encore, elle a marqué la mémoire artistique non seulement des Marrakchis, mais aussi celle des Marocains. «Et si on évoquait son nom, on devrait également faire un clin d’œil à la comédienne Fadila Benmoussa.
Ce sont deux amies, deux grandes artistes très proches et deux figures artistiques de la ville. Zineb a remporté plusieurs prix avec « Chabibat Al Hamraa », elle a travaillé aussi avec ‘’Al Wafaa Al Mourakouchiya ‘’ et à la fin de sa vie, elle a commencé à travailler avec plusieurs troupes de théâtre», explique Benhadar. Connue aussi par ses qualités humaines, son sérieux et son engagement artistique, la comédienne a joué des rôles différents dans plusieurs pièces et troupes de théâtre y compris « Warchat Ibdaâ drama ».
J’ai travaillé avec elle pendant plusieurs années. Elle était pour moi une vraie sœur et une amie au grand cœur. On a participé dans deux travaux à savoir ‘’Qadi Haja’’ et une autre pièce de théâtre ‘’Et après ‘’ qui ont été produites par des troupes de théâtre basées sur Marrakech», a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : «On voudrait faire une pièce de théâtre à laquelle elle avait choisi comme titre ‘’Sahd al houb’’ et que j’ai nommée moi-même par la suite ‘’Ma Ana ila bachar’’». Selon lui, Zineb est une artiste humble et d’un grand humanisme. «Je l’ai encouragée pour se lancer dans la télévision, mais elle me disait souvent que son amour est le théâtre et la scène. Elle n’aimait pas trop la télévision parce qu’elle était toujours fidèle aux planches. Elle se retrouvait dans le père des arts», a-t-il affirmé.
La comédienne a brillé à la fois dans la télévision et le cinéma en jouant soit dans les feuilletons, les sitcoms comme «Zinat Al Hayat» (2011) et «Yak hna jirane» ou encore dans des films comme «Adieu Forain »(1998), «Graines de Grenades» (2014) où le public et les réalisateurs avaient découvert une grande artiste charismatique et douée.
Mohamed Nait Youssef