Le texte romanesque et le jeu de l’interprétation

Le miroir de l’encre

Par Noureddine Mhakkak

I- Citation d’Umberto Eco: «L’écrivain essaie d’échapper aux interprétations, non pas nécessairement parce qu’il n’y en a pas, mais parce qu’il y en a peut-être plusieurs et qu’il ne veut pas arrêter les lecteurs sur une seule».

II- Lire les œuvres narratives de l’écrivain marocain Driss El-Khoury, cela nous mène à entrer dans toutes les ruelles étroites de la ville de Casablanca et d’en parler. Car cet écrivain a pu les connaître et les faire connaître aux lecteurs grâce à son œil critique et à son style narratif naturaliste de haut niveau pour ne pas dire très réaliste. Il écrit comme il peindrait, Selon l’expression de Marc Bernard à propos d’Émile Zola. On dirait un peintre manqué. Et cela revient bien évidemment que notre écrivain était tellement passionné par la peinture et était fasciné par les travaux des grands peintres durant tout son riche et remarquable parcours littéraire.

C’est pour cela qu’on trouve dans ses nouvelles des vives descriptions des personnages et des lieux en même temps. Des descriptions qui nous plongent dans un monde plein de misère mais aussi plein d’amour et de joie. Un monde dont les personnages appartiennent à des catégories sociales simples, des ouvriers, des femmes de ménage, des écrivains, et bien d’autres, mais Ils possèdent des fortes qualités. C’est pour cela que ce grand écrivain marocain mérite d’être lu et relu et d’être bien sûr traduit dans plusieurs langues.

III- Je viens de finir la lecture d’un bon roman marocain d’expression française. Un roman qui donne la parole aux femmes pour qu’elles racontent leur souffrance. Une souffrance de l’âme et du corps. Des femmes qui ont tant souffert de leur marginalité. L’héroïne de ce roman raconte sa vie avec un grand chagrin. Un chagrin qui reflète une vision simple envers la vie, mais une vision très profonde. Une femme qui s’était mariée par amour mais qui était poussée après par son propre mari de devenir une prostituée.

Une vie où la misère règne et où le rêve est devenu pour ce genre des personnages un vrai cauchemar. Ce roman a été écrit par un style romanesque réaliste à travers une langue facile et très fascinante. Une langue bien maîtrisée qui donne l’impression d’être naturelle sans que le lecteur pense à la première lecture qu’elle est une langue tellement travaillée et que la romancière marocaine Meryem Alaoui a fait tant d’efforts pour y arriver.

Une langue blanche, qui fait appel à la langue d’Albert Camus, mais sans aucune imitation. J’ai tant aimé ce roman-là qui décrit l’autre visage de Casablanca. Un visage sombre qu’on le trouve surtout dans les romans du grand écrivain marocain de langue arabe Mohamed Zafzaf. Ce roman-là qui a essayé de dire la vérité romanesque par la bouche de son héroïne « Jmiaa » et par la caméra d’une cinéaste hollando-marocaine «Chadlia», surnommée par l’héroïne elle-même par «La bouche du cheval». Ce roman-là est un bon roman qui mérite d’être lu et d’être relu.

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