Les planches nationales : le grand flou !

Journée Mondiale du Théâtre 

Mohamed Nait Youssef

Les hommes et les femmes des planches célèbrent le 27 mars, la Journée Mondiale du Théâtre. Cette année si particulière, la fête a un goût spécial voire anormal, notamment avec la fermeture des théâtres et des salles de spectacle. Depuis le début de la pandémie jusqu’à aujourd’hui, les arts vivants ont été fragilisés, et les appels des professionnels pour sauver le secteur de la crise tombent l’oreille d’un sourd. Al Bayane a recueilli les témoignages des professionnels ! 

Messaoud Bouhcine, président du SMPAD :

«Absence des alternatives pour sortir de la crise»

Pour Messaoud Bouhcine, président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques SMPAD, la situation est très difficile parce que la crise n’est pas liée essentiellement au Coronavirus. Mais, pour lui, elle remonte au mandat de l’ex-ministre de la Culture El Hassan Abyaba qui s’est aggravée. «Ce problème a eu un impact profond sur la création parce que les créateurs n’ont pas pu travailler dans les domaines du théâtre et des arts vivants », a-t-il indiqué. Selon Bouhcine toujours, il n’y avait pas de véritables  alternatives pour cette catégorie. Et d’ajouter : «il y a également la mauvaise gestion de la chose culturelle dans ce dossier sachant qu’il n’a pas été discuté afin de trouver des solutions adéquates  pour atténuer  la crise ».

Naima Zitan, metteur en scène, dramaturge :

«La situation  des travailleurs dans le secteur artistique est dangereuse»

Naima Zitan n’y va pas par quatre chemins. D’après la dramaturge, la situation actuelle relative aux travailleurs dans le secteur artistique est très délicate voire dangereuse. Car, dit-elle, leur unique source de revenus, c’est la pratique artistique. « Après avoir écoulé plus d’un an, la situation est toujours la même. Et l’Etat et les institutions de tutelle n’ont pas pu trouver des alternatives pratiques et efficaces pour assurer une vie digne à cette catégorie », a-t-elle fait savoir. Et d’ajouter : «ce qui est inexplicable au Maroc, c’est que d’autres espaces sont ouverts au public comme les grandes surfaces, les mosquées, quelques places…alors que les théâtres et les salles de spectacle qui peuvent travailler avec la moitié de leur capacité d’accueil tout en respectant les mesures sanitaires, sont toujours fermés».

D’après Naima Zitan, tout ce qui a été dit sur les industries culturelles et créatives, le patrimoine immatériel et l’héritage culturel sont jusqu’à présent une pure théorie qui n’a pas trouvé d’écho dans la réalité. «Le secteur culturel est négligé, il est dans  la deuxième catégorie des préoccupations de l’Etat. Là, je me pose la question sur la place de l’artiste : est-il un citoyen comme les autres citoyens ou un citoyen de la deuxième catégorie ? », Conclut-elle.

Farida Bouazzaoui, comédienne :

«Un silence radio des  institutions de tutelle !»

«Le théâtre ne pourrait pas être remplacé ni par la télévision ni les réseaux sociaux parce que le théâtre fait partie des arts vivants. Il a en effet sa spécificité, ses rituels et traditions. C’est le père des arts qui réunit toutes les expressions artistiques, à savoir la dance, la chorégraphie, le chant… », a exprimé la comédienne Farida Bouazzaoui, à l’occasion de la Journée Mondiale du Théâtre.

Par ailleurs, le théâtre et les arts vivants, dit-elle,  ont été fragilisés profondément au Maroc parce qu’il n’y avait pas d’alternatives. «Cette situation nous pousse à se poser un tas de questions : a-t-on véritablement besoin du théâtre dans notre pays ? Notre théâtre a-t-il un public ? Quid de la situation des professionnels du métier ? », s’est elle demandée.  En revanche, les institutions de tutelle ont préféré recourir au silence radio, a-t-elle expliqué. «Les politiques des ministres changent, mais le secteur vit contre vents et marées. Chose qui bloque parfois l’évolution de la création dans notre pays », a-t-elle fait  savoir.  

Amine Nasseur, metteur en scène :

«Que de l’indifférence manifestée par le  gouvernement marocain»

Pour le metteur en scène, Amine Nasseur estime que le théâtre national vit dans un coma. « C’est une grande régression vu l’indifférence manifestée par le  gouvernement marocain envers le secteur théâtral en particulier et culturel en général », a-t-il indiqué.

Comment est-ce possible que les secteurs structurés et non structurés ont repris et le secteur culturel vit le confinement et l’enfermement ?, s’est il interrogé. Pour lui toujours,  la culture, n’est pas un luxe, mais aussi et surtout un besoin vital, un  pain quotidien. «Nous fêtons aujourd’hui, avec beaucoup d’amertume, la fermeture des salles et des théâtres », conclut-il.  

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