Les rebelles progressent vers Marib

Des dizaines de morts au Yémen

Au moins 65 combattants ont péri en 48 heures dans la bataille de Marib, au Yémen, où les rebelles ont continué d’avancer dans ce dernier fief du pouvoir dans le nord du pays en guerre, ont indiqué dimanche à l’AFP des sources gouvernementales.

Les rebelles Houthis, qui cherchent à prendre cette région pétrolière, se trouvent désormais à quelques kilomètres de la ville de Marib, chef-lieu de la province éponyme, en dépit du soutien aérien de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, qui aide militairement les forces gouvernementales, selon les mêmes sources.

Au moins 65 combattants sont morts au cours des dernières 48 heures dont 26 membres des forces gouvernementales, incluant quatre officiers, ont-elle précisé.

Les rebelles communiquent rarement sur les pertes dans leurs rangs.
Dans leur avancée, ils ont pris le contrôle total du front de Kassara, dans le nord-ouest de la province, se rapprochant de Marib qu’ils cherchent coûte que coûte à arracher aux forces loyalistes pour contrôler la région et, ainsi, l’essentiel du nord du Yémen.

Mais le ministre yéménite de l’Information Mouammar Al-Iryani a contesté dimanche soir la version relayée par des responsables militaires gouvernementaux sur le terrain, niant que les Houthis aient capturé Kassara.

« Nous confirmons que l’Armée nationale et la résistance populaire à Marib se maintiennent fermement sur leurs positions sur les divers fronts », a-t-il tweeté.

Selon des sources gouvernementales, les Houthis ont déployé des centaines de combattants en renfort ces deux derniers jours pour avancer, utilisant des motos après que des frappes aériennes ont ciblé la plupart de leurs véhicules militaires.

De lourds bilans ont été annoncés depuis la reprise en février de l’offensive des rebelles pour s’emparer de Marib, malgré de nombreux appels pour une trêve.

La perte de Marib serait un coup dur pour le gouvernement yéménite et son allié saoudien et donnerait davantage de poids aux rebelles en cas d’éventuelles négociations politiques que l’ONU et les Etats-Unis tentent d’encourager.

Cette bataille a accentué la crise humanitaire au Yémen, la pire actuellement au monde selon l’ONU. Un grand nombre de civils déplacés par les combats ailleurs dans le pays ont cherché refuge dans la région, restée relativement calme jusqu’à ces dernières semaines.

Selon le gouvernement yéménite, environ 140 camps ont été créés dans le désert environnant pour fournir un abri rudimentaire à près de deux millions de déplacés.

Le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts selon des ONG, déplacé des millions de personnes et poussé la population au bord de la famine.

Martin Griffiths, émissaire de l’ONU pour le Yémen, a exhorté mi-avril les parties au conflit à accepter sa proposition de plan de paix, assurant devant le Conseil de sécurité avoir obtenu un consensus de la communauté internationale pour le soutenir.

Les Nations unies ont proposé en février un plan de règlement du conflit incluant un cessez-le-feu national, l’ouverture de routes entre le nord et le sud du pays pour garantir la libre circulation des personnes, de l’aide humanitaire et des marchandises, et le lancement d’un processus politique de paix.

Ryad, qui tente de sortir du bourbier yéménite, a proposé en mars un cessez-le-feu total, une proposition accueillie froidement par les Houthis qui réclament une levée complète de l’embargo aérien et maritime imposé par les Saoudiens.

Les insurgés ont également multiplié ces derniers mois les tirs de missiles et opérations menées avec des drones sur l’Arabie saoudite, visant régulièrement des infrastructures pétrolières du premier exportateur de brut au monde.

Partis de leur bastion dans le nord du Yémen, les Houthis –soutenus politiquement par l’Iran qui dément leur fournir des armes– ont pris fin 2014 la capitale Sanaa, située à 120 kilomètres à l’ouest de Marib, ainsi qu’une grande partie du nord du pays.

L’Arabie saoudite est intervenue dans le conflit en mars 2015 pour contrer l’influence de son grand rival iranien au Yémen. Mais Ryad, estime les analystes, est en train de perdre la guerre.

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