L’Agence marocaine antidopage
Par Taoufik Saoulaji
La création de l’Agence marocaine antidopage consacre l’engagement du Maroc et ses efforts déployés pour la moralisation de la pratique sportive afin de l’aligner aux exigences des instances internationales en la matière.
Cette instance, dirigée par Mme Fatima Abouali, fraichement nommée à ce poste, dénote la volonté des responsables de la chose sportive de renforcer la politique du Royaume face au phénomène du dopage dans le domaine sportif et ce, afin de préserver la réputation de ses athlètes lors de leur participation aux différentes compétitions nationales, continentales et internationales.
Le premier signal de la volonté de limiter le dopage chez les sportifs fut donné à la suite de l’adoption à l’unanimité par la Chambre des représentants, le 4 août 2016, du projet de loi n° 97-12 relatif à la lutte contre le dopage dans le sport.
Ce projet de loi vise à prévenir et lutter contre le dopage dans le sport, préserver la santé des sportifs et éviter les pratiques portant atteinte à la déontologie du sport, ses valeurs et ses objectifs.
Cette étape fut suivie de l’approbation, le 30 mai 2019, en Conseil de gouvernement, du projet de décret n°2.18.303 portant application de la loi 97.12 relative à la lutte contre le dopage dans le domaine sportif qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre par le Royaume des dispositions de la Convention internationale contre le dopage dans le sport, adoptée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et signée à Paris en octobre 2005, et de la Convention internationale contre le dopage dans le sport.
Mis en place dans le but de mettre en œuvre la loi 97-12, ce décret comprend 63 articles répartis en quatre axes relatifs à la nomination des membres du Conseil d’administration de l’Agence marocaine antidopage, les conditions et les modalités de l’octroi d’autorisations d’usage des comprimés et des matières interdites à des fins de traitement pour les sportifs ou les animaux utilisés dans le domaine sportif.
Le texte fixe également les modalités de l’opération de contrôle antidopage menée par l’Agence marocaine antidopage qui programme et réalise des opérations de contrôle antidopage et précise également les modalités et les cas des décisions disciplinaires prises contre les personnes ayant violé les règles de lutte contre le dopage.
D’autre part, le décret précise les catégories de sportifs ciblés, notamment « les sportifs membres des équipes nationales dans les disciplines olympiques et paralympiques et d’autres sports de grande priorité nationale, ainsi que les sportifs qui s’entraînent de manière indépendante mais concourent pour un niveau olympique, paralympique ou international.
Il fixe également les modalités et les cas des décisions disciplinaires prises contre les personnes ayant violé les règles de lutte contre le dopage, ainsi que les parties devant recevoir la décision disciplinaire émise par la commission disciplinaire (ministre de tutelle, Comité national olympique marocain ou le Comité marocain olympique en fonction du cas en question, la Fédération concernée, la Fédération internationale concernée et l’Agence mondiale antidopage).
Dans ce sens, Mme Abouali a indiqué que la création de cette instance reflète l’engagement du Royaume envers les conventions internationales en matière de lutte contre le dopage.
Les autorités de tutelle sont bien conscientes des conséquences sanitaires, morales et matérielles de l’abus de substances dopantes pour les athlètes, ainsi que de leur impact négatif sur les valeurs sportives, en particulier après leur propagation ces dernières années et de manière considérable dans divers domaines, a-t-elle affirmé dans une déclaration à la MAP.
Dr. Abouali rappelle que le ministère de la culture, de la jeunesse et des sports, en tant que principal acteur concerné de par la lutte contre le dopage, avait mené plusieurs campagnes de sensibilisation sur l’ampleur du danger de l’utilisation de ces substances interdites dans le domaine sportif afin d’éviter que les athlètes ne tombent dans le piège du dopage et d’éviter ainsi son impact négatif sur le sport national dans son ensemble.
La cheffe de la division Médecine du sport au ministère explique qu’en plus d’adhérer aux conventions internationales relatives à la lutte contre le dopage, les lois marocaines restent le moyen suprême pour lutter contre ce phénomène, à l’instar de la loi n° 97.12 qui convient aux spécificités du Royaume à cet égard.
« Si cette loi est appliquée de la manière la plus stricte possible, elle limitera drastiquement ce phénomène et créera un espace sportif sain », a-t-elle souligné.
S’agissant du rôle de l’Agence et de ses missions, Mme Abouali a fait savoir que la nomination d’un président, intervenue après plusieurs étapes entamées en 2008 avec la préparation de la loi réglementant cette instance et les procédures de mise en œuvre, est un premier acquis qui précède la nomination du reste des structures constituantes et qui comprend le Conseil d’administration et le Conseil disciplinaire.
Ce dernier, poursuit la présidente, sera chargé de résoudre tous les dossiers disciplinaires liés aux affaires de dopage des sportifs et de déterminer les sanctions appropriées, en plus d’imposer des sanctions aux personnes qui font le commerce de ces substances dopantes.
D’autre part, la responsable a exprimé l’espoir que l’Agence soit en mesure de limiter la propagation de ces substances dans le domaine sportif au Maroc en adoptant des mesures proactives afin d’éviter que ces médicaments n’atteignent la communauté des sportifs et en adoptant des méthodes scientifiques pour former les athlètes à travers des entraînements intensifs et un suivi médical.
La présidente de l’Agence marocaine antidopage met l’accent sur la nécessité de travailler selon un programme national qui répond aux aspirations de l’Agence internationale antidopage et de convaincre l’instance internationale du sérieux du Royaume et de son implication réelle dans la lutte contre le dopage ainsi que de sa capacité à créer un laboratoire national de détection du dopage, qui sera le deuxième du continent africain après celui en Afrique du sud, notamment après la fermeture du laboratoire de la Tunisie.
Créée afin de protéger les athlètes marocains, l’Agence marocaine antidopage, à travers son Conseil d’administration, qui sera nommé ultérieurement, est pleinement consciente des défis et des enjeux qui l’attendent pour la moralisation de la pratique sportive, a insisté la responsable.
Parmi ces défis, ajoute Mme Abouali, la mise en place d’un plan pour la réalisation d’analyses de laboratoire à grande échelle qui vise une large catégorie d’athlètes, ainsi que la préparation d’un programme national de lutte contre le dopage qui comprend de larges campagnes de sensibilisation au danger des substances dopantes, et ce à travers des séminaires et tables rondes.