Une victoire illusoire est à craindre !

Le coronavirus au Maroc

Par: Hanae DAKKA – MAP

Victoires et défaites ont marqué l’histoire des guerres menées par l’humanité contre les épidémies. Cette histoire montre en filigrane qu’une victoire contre une épidémie ne peut être déclarée qu’après avoir déployé beaucoup d’efforts, consacré du temps et fait preuve de vigilance.

Les expériences du choléra, de la peste et de la grippe démontrent que l’épidémie est un ennemi obstiné qui s’attaque à l’Homme sans pitié. Elle apparaît et disparaît et peut muter, défiant les laboratoires qui s’acharnent pour trouver un vaccin/antidote qui arrêterait son expansion affreuse.

Ce constat est aussi valable pour le coronavirus, un cauchemar qui hante les nuits de l’humanité. Depuis décembre 2019, l’attention du monde entier est focalisée sur les taux d’infection et de mortalité ainsi que sur les recherches médicales menées pour trouver un vaccin qui libérerait le monde du joug de de cette pandémie.

Les leçons du passé nous enseignent également que se débarrasser de ce type d’épidémies ne se fait pas du jour au lendemain. La baisse des taux d’infection et de mortalité et le lancement des opérations de vaccination ne signifient pas que le virus est éradiqué. Les virus ont un cycle normal et s’adaptent en fonction des saisons et des comportements.

Le statu quo n’est pas rassurant car le virus continue son expansion et ses variantes, mutations et souches envahissent le monde. Au Maroc, le consortium des laboratoires en charge de la veille génomique et du suivi des souches circulantes au niveau national a révélé la présence de 21 nouvelles souches du variant britannique de Covid-19.

Certes, les vaccins anti-COVID-19 ont prouvé leur efficacité et le lancement d’une vaste campagne de vaccination dans le monde, y compris le Maroc a permis de voir le bout du tunnel, mais cela ne justifie pas l’abandon hâtif des mesures de prévention telles que le port du masque et le respect de la distance sociale.

Dans ce contexte, le président de la Fédération nationale des anesthésistes-réanimateurs (FNAR), le professeur Jamal Eddine Kohen, affirme que la campagne de vaccination au Maroc a permis d’espérer des lendemains meilleurs, d’autant plus que SM le Roi a tenu à être le premier à se faire vacciner, plaçant la santé des citoyens au cœur des priorités.

Dans une déclaration à la MAP, Pr. Kohen a également noté que cette campagne qui revêtait un caractère volontaire pour une immunité collective est devenue une marche participative à caractère national, surtout une année après la pandémie qui a entraîné des conséquences sanitaires et socio-économiques graves.

Il a, à cet égard, mis en garde contre tout laxisme dans l’application des mesures préventives lors de la campagne de vaccination, précisant que la vaccination n’est qu’une de ces mesures préventives et n’annule pas les autres mesures individuelles et collectives.

Selon lui, la vaccination individuelle ne signifie pas une immunisation individuelle à 100% car la personne vaccinée peut être infectée par le virus. D’autre part, l’objectif principal de cette campagne est d’atteindre une immunité collective en vaccinant environ 80% de la population, sachant que le coronavirus ne pourrait pas disparaître dans des mois, a-t-il expliqué.

Quand à lui, le sociologue Ali Chaâbani fait savoir que les Marocains d’aujourd’hui n’avaient jamais vécu une situation similaire auparavant.  Ils ont peut-être entendu parler d’épidémies qui ont tué des milliers de personnes et causé de grands dégâts sur l’agriculture et la descendance, mais ils n’ont jamais vécu l’expérience difficile du confinement et de l’état d’urgence, a-t-il ajouté. Il a déploré, dans ce contexte, un relâchement et une insouciance remarquables après la régression du virus, malgré les avertissements et orientations des spécialistes diffusés en continu par les différents médias.

Le sociologue a regretté qu’un nombre important de citoyens circulent sans porter des masques, se permettent des câlins et des accolades et ne respectent pas la distance sociale dans les endroits publics et les moyens de transport comme si le virus était déjà éradiqué.

Pour que le succès réalisé dans l’endiguement de la la Covid-19 ne se transforme pas à une victoire illusoire, M. Chaâbani a jugé nécessaire de continuer la sensibilisation au respect des mesures sanitaires.

La pandémie de Covid-19 n’est pas la première à porter un tel préjudice à la vie humaine et elle ne sera certainement pas la dernière. Mais est-ce que l’Homme a tiré la leçon de cette pandémie qui a prouvé que l’humanité entière emprunte le même bateau ?

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