2017… année «blanche»

Une autre année vient de s’achever. 2017 était incontestablement une année blanche pour l’amazigh, tant au niveau des textes de lois pour la mise en œuvre de son statut officiel qu’au niveau de son enseignement.

En effet, les lois organiques relatives à l’amazighe, notamment le projet de loi créant le Conseil national des langues et de la culture marocaine (CNLCM) et celui relatif à la mise en œuvre du statut officiel de l’amazighe sont encore sur les bureaux de la première chambre. Un retard qualifié par le tissu associatif et des acteurs amazighs, d’inexplicable. «L’année 2017 a connu une seule décision de la part du chef du gouvernement, notamment en ce qui concerne l’enseignement de la langue amazighe dans cinq instituts supérieurs. Le décret sur le sujet est sorti, mais il n’a pas été mis en application», souligne Ahmed Arrehmouch, coordinateur de la Fédération nationale des associations amazighes (FNAA). Au-delà de cela, explique-t-il, il y a des régressions par rapport l’amazigh depuis 2012. «Nous avons enregistré le refus de l’inscription de certains prénoms amazighs (9 noms amazighs en 2017, soit un total de 47 noms amazighs qui ont été interdits depuis l’officialisation de l’amazigh en 2011)», a-t-il ajouté.

Rien de nouveau pour l’enseignement de la langue amazighe à la rentrée 2017/2018. La question de l’enseignement de l’amazigh ne fait partie des préoccupations du Ministère de tutelle. En conséquence, le nombre d’enseignants de langue amazighe a connu un recul. La plupart d’entre eux sont utilisés pour combler le vide dans l’enseignement d’autres langues. Le coordinateur de la FNAA souligne les défis pour l’intégration de l’amazigh dans le système éducatif. Selon lui, environ 52 enseignants de l’amazigh en 2017 ont été chargés d’enseigner d’autres langues. Sans oublier qu’au niveau de la chaine 8 tamazight, il n’y a pas eu d’évolution pour la mise en application du cahier des charges datant de décembre 2012, a-t-il affirmé. Les problèmes que rencontre l’enseignement de l’amazighe et son «recul» sont imputables au département de tutelle. Ils découlent principalement du manque d’enseignants et de «la mise en jachère» des enseignants existants», a expliqué Ahmed Boukous, recteur de l’IRCAM lors d’une interview accordée à Al Bayane à l’occasion de la commémoration des 16 ans du discours d’Ajdir.

Un bon signe pour démarrer l’année de 2018

En dépit des contraintes et après un retard de 15 mois, le dialogue a été relancé mardi 26 décembre avec les différentes associations et acteurs amazighs à la chambre des représentants.  Le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laaraj, a appelé lors de cette réunion l’ensemble des intervenants à déployer les efforts pour le parachèvement de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles de l’Amazigh. N’oublions pas que les associations ont rejeté les différents projets de loi émis dans ce sens.

«Le gouvernement n’a pas pris en considération tous les efforts qui ont été déployés par les associations. Il n’a même pas fait attention au débat public qui n’a jamais arrêté dans ce sens», explique Ahmed Assid. Et d’ajouter que «lorsque nous avons livré ces propositions de lois, elles ont été rejetées ! Nous avons organisé des colloques, des conférences de presse à l’époque pour rappeler nos revendications. Nous avons créé l’initiative civile pour la mise en œuvre du statut officiel de la langue amazighe», souligne-t-il.

Ces réunions de la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la chambre des représentants autour du projet de loi organique relatif à la définition des étapes de mise en œuvre du caractère officiel de l’Amazigh et des moyens à même de l’intégrer dans l’enseignement et dans d’autres domaines prioritaires de la vie publique sont une étape importante voire primordiale dans l’avenir de l’amazighe.

Mohamed Nait Youssef

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