Une scène poignante dont l’héroïne était une gamine vociférant en sanglots le malheur de toute une zone, avait ému de bout en bout, l’opinion publique régionale. C’était lors d’un sit-in observé récemment par les populations de ces patelins du littoral nord d’Agadir, à quelques cinquante kilomètres.
On reviendra alors sur cette problématique chronique de l’expropriation des terrains destinés par l’Etat aux projets à utilité publique. Lors d’un précédent papier, on avait soulevé le problème du même cas de plus de 500 hectares de terrains à la localité d’Aghroud, située dans la commune rurale de Tamri, relevant de la préfecture d’Agadir Ida Outanane.
En effet, depuis 1976, la Société Nationale de l’Aménagement de la Baie d’Agadir (SONABA) a procédé, inopinément et discrètement, à la privation de ces douars de familles déshéritées de leurs biens fonciers qui leur revenaient de droit, depuis des siècles et dont les sceaux des anciens sultans sont encore apposés sur leurs documents de propriété. Sous prétexte que cette opération promulguée en dahir au bulletin officiel 1.76.393 du 21 juin1976, sur proposition des ministres de l’Intérieur et du tourisme, était dictée par l’intérêt public général, présumé être destiné à mettre en valeur le littoral nord aux sites attractifs.
Or, depuis plus de 40 ans, ces superficies «confisquées» n’ont jamais été valorisées, alors que les propriétaires non indemnisés, jusqu’ici, crient scandale, devant cette supercherie qui ne dit pas son nom. Indignés et révoltés par cette injustice, les ayants droit montent toujours au créneau, en se constituant en association pour restituer leurs lots spoliés, depuis des décennies, sans procédure légale d’immatriculation par la SONABA, transformée actuellement en Société Matocaone de l’Ingénierie Touristique (SMIT) dont l’autonomie décisionnelle relève maintenant des services centraux.
Parmi les victimes, des propriétaires des Marocains Résidents à l’Etranger ont déjà manifesté leur mécontentement aux côtés des propriétaires usurpés, rassemblés, tous, dans l’association mondiale des résidents étrangers propriétaires d’Aghroud pour le développement et la coopération. Leur voix s’élève également contre cette machination et réclament, en compagnie de leurs collègues, le rétablissement de ce dossier. Après s’être manifesté sur place, à maintes reprises, ils prennent part à d’autres manifestations afin de faire valoir leurs droits légitimes.
Outre ces mouvements de protestation, les propriétaires avaient tenu des rencontres avec les responsables sans que certains ne prennent la peine d’y assister, notamment le département du tourisme et autres qui brillent par leur absence. Des réunions de concertation ont eu lieu, pour poursuivre les consultations en vue de trouver des solutions à cette situation dramatique qui risque de dégénérer. Il convient aussi de souligner que la localité de Tamaouenza, se trouvant dans le territoire de la commune rurale d’Aourir à une dizaine de kilomètres d’Agadir, avait connu également le même sort.