Japon: Pandémie et exacerbation de la xénophobie…

«Rentrez dans votre pays, microbes, ordures (…) C’est vous, les Chinois qui l’avez tué !». Tels furent les propos injurieux et xénophobes que de nombreux japonais, encouragés par des hommes politiques représentant l’extrême-droite nippone – en quête de voix à l’approche des élections – ont proféré à l’encontre de la communauté chinoise installée au Japon dès l’annonce de la mort, en mars dernier et des suites du Covid-19, du célèbre humoriste et comédien japonais Ken Shimura. Il n’en fallait pas plus pour que soient désertés les magasins et les restaurants, d’ordinaire très animés, du quartier chinois de Yokohama situé dans la banlieue de Tokyo.

Vieux de plus de cent cinquante ans, le «Chinatown» de Tokyo a subi de plein fouet la crise du coronavirus et perdu plus de 30% de sa clientèle dès le début de la pandémie du seul fait que l’une des premières contaminations au Covid-19 à avoir vu le jour au Japon aurait concerné un chinois de la région de Yokohama.

Aussi, le sentiment anti-chinois a-t-il été particulièrement exacerbé par ce professionnel de la diatribe xénophobe qu’est Makoto Sakurai, un extrémiste de droite qui se présente, pour la seconde fois, aux élections qui se dérouleront le 5 Juillet prochain pour l’attribution du poste de Gouverneur de la capitale nippone après avoir raflé près de 114.000 voix en 2016.

Eminemment «xénophobe» et violemment anti-chinois, Makoto Sakurai ne parle jamais de «Covid-19» mais toujours de la «pneumonie de Wuhan». Le comble c’est qu’après avoir été répétée par Taro Aso, le vice-premier ministre et ministre japonais des finances, cette expression, a fort relent discriminatoire, véhiculée par plusieurs « parlementaires locaux qui, au lieu de s’opposer au racisme, l’encouragent (…) a été reprise sur Internet par des hordes d’anonymes» en dépit des multiples efforts déployés par la gouverneure de Yokohama dans sa tentative de mettre fin aux ségrégations raciales.

Force est de reconnaître, toutefois, qu’en ne punissant pas les «discours de haine» et les «propos racistes» et en se contentant de  les déplorer, la loi japonaise ouvre bien grandes les voies de l’exclusion et de la xénophobie. Aussi, la campagne qui s’ouvre ce 18 juin pour l’élection du gouverneur de Tokyo, une ville qui compte 14 millions d’habitants, est en train de donner un écho favorable au discours ségrégationniste du candidat Makoto Sakurai et aux propos populistes et chauvins des autres candidats en lice dont pourraient faire les frais non seulement les chinois mais les Coréens également.

Yuriko Koike, la gouverneure sortante très ancrée à droite et à laquelle la plupart des sondages attribuent un second mandat à la tête de la capitale nippone a toujours refusé de rendre hommage aux Coréens qui furent massacrés lors du chaos qui avait fait suite au grand tremblement de terre qui avait détruit la région de Tokyo le 1er Septembre 1923 ; ce qui constitue pour Ryang Yong-Song, universitaire et président du Centre d’Information pour l’antiracisme, une raison largement suffisante pour que la police renforce «la sécurité dans les zones où les délits haineux sont les plus susceptibles de se produire comme les écoles coréennes».

La xénophobie au pays du soleil-levant aurait-elle encore de bien beaux jours devant elle ? Attendons pour voir….

Nabil El Bousaadi

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