Le musée Dar El Bacha
Par : Fouad Benjlika –MAP
L’un des espaces emblématiques de la ville de Marrakech à visiter, le musée des Confluences « Dar El Bacha » ne cesse de jouer un rôle pionnier ces dernières années, en insufflant une dynamique soutene, à même d’enrichir la scène culturelle et muséale de la cité ocre.
En quelque années seulement après son ouverture, plus précisément en 2017, le Musée Dar El Bacha a réussi à faire parler de lui et à s’ériger, sans nul conteste, en un lieu incontournable pour les touristes aussi bien nationaux que ceux en provenance d’autres cieux, venus massivement découvrir les différentes facettes d’une culture marocaine tout aussi authentique et séculaire que singulière.
Située au cœur de la Médina de Marrakech et figurant sur la liste des meilleurs espaces à visiter, cette structure muséale a été, dès le départ, créée dans l’objectif de mettre en lumière l’identité marocaine, ainsi que tous les apports qui ont forgé cette civilisation des plus anciennes et combien ancrée dans une histoire tout aussi riche que passionnante.
La singularité de cet espace muséal chargé d’histoire réside dans le fait que Dar El Bacha était, dès le départ, une « demeure seigneuriale » datant du début du 20è siècle, et qui était construite dans les règles et les détails les plus précis de l’architecture marocaine.
Un intérêt si particulier pour le cachet architectural atypique 100% « made in Morocco », de quoi en être fier du moment qu’il illustre le savoir-faire des artisans marocains sans négliger les éléments décoratifs largement inspirés d’Europe.
Ce joyau architectural de toute beauté a été récupéré par la Fondation Nationale des Musées du Maroc (FNM), qui, dans l’immédiat, a entrepris sa restauration, avec beaucoup de talent et un professionnalisme inouï et ce, appuyée en cela par des mécènes généreux. La finalité étant d’en faire un musée des Confluences, qui aura la mission de témoigner de la richesse de la culture marocaine et ses multiples composantes.
Son luxueux décor, ses belles façades ouvragés, ses boiseries et plafonds en cèdres, ses zelliges inspirés de l’architecture arabo-andalouse font de lui, un espace muséal idoine pour l’organisation de tout genre de manifestation de nature à permettre une véritable plongée dans l’art, la mode ou encore la photographie.
Une fois la porte de ce musée franchie, un détail des plus impressionnants capte le regard : Le Préambule de la Constitution marocaine de 2011 soigneusement placé comme pour rappeler à tout un chacun parmi les visiteurs curieux de découvrir la sécularité et l’authenticité de cette grande Nation, ainsi que les différents affluents qui forgent l’identité nationale.
Ce préambule, qui est une apologie de la diversité et un hymne aux métissages, revendique l’apport des différents héritages et affluents (africain, musulman, arabe, hébraïque et méditerranéen) qui ont nourri et continuent de nourrir l’identité marocaine.
De quoi renseigner le visiteur sur les vraies considérations ayant dicté la création de ce Musée, celles de mettre en valeur le caractère exceptionnel du Maroc et la richesse, la diversité et la singularité de son histoire et de sa civilisation.
Cette structure muséale est scindée en un espace d’exposition qui permet d’accéder à une mine de données historiques et archéologiques démontrant les différentes facettes de la culture marocaine, un autre espace dédié à l’art islamique où, sont exposés avec soin et attention des écritoires, des tablettes et différents objets relatifs aux sciences et au savoir de la civilisation islamique.
Si ce musée se présente donc comme une « porte d’entrée » à la culture et à la civilisation millénaire du Royaume, il n’en demeure pas moins qu’il contribue, sans nul conteste, à valoriser une composante fondamentale du patrimoine marocain, celle des métiers de l’artisanat, ce savoir-faire ancestral des artisans marocains au fil des siècles, qui mérite promotion et préservation pour les générations montantes.
Le musée des Confluences comporte également un espace réservé à la collection universelle de Patty Cadby Birch, en hommage à cette philanthrope américaine et citoyenne du monde, qui aimait le Maroc et qui a fait don de 1 million de dollars pour restaurer le minbar de la Koutoubia et a légué 1.500 objets, qui constituent aujourd’hui un « trésor » indéniable appartenant à ce musée.
Dans ce contexte, il est à souligner que la première exposition temporaire qu’a abritée Dar El Bacha-Musée des Confluences à Marrakech, a été organisée en hommage à cette dame, qui vouait un grand amour pour le Maroc, à sa civilisation, à sa culture ainsi qu’à son patrimoine matériel et immatériel.
Un véritable focus sur près de 200 objets issus de la collection que Patti Birch avait pu rassembler grâce à ses multiples voyages pendant des décennies jusqu’à son décès en 2007.
Dans une déclaration à la MAP, le conservateur du Musée, Mme Salima Ait Mbarek, a souligné que les expositions temporaires organisées dans cette structure muséale depuis son ouverture, ont tous cette grande particularité de refléter la richesse de la culture marocaine dans ses multiples composantes.
Et de rappeler que le musée avait abrité l’exposition intitulée « Lieux saints partagés, au croisement des trois religions monothéistes », un événement culturel qui vient confirmer encore une fois, cette vocation du Maroc comme terre de tolérance et de dialogue des religions et des civilisations.
Cette exposition avait mis en lumière une composante majeure de la culture méditerranéenne qui a rendu possible la coexistence des cultes et des religions, a-t-elle expliqué.
Le Musée des confluences – Dar El Bacha a aussi accueilli en 2019 une exposition temporaire qui a fait la sensation à la cité ocre et a drainé des milliers de touristes. Il s’agit de l’exposition « Étoffe des sens, résonances, Serge Lutens, Yves Saint Laurent », qui a mis l’emphase sur l’influence exercée par la ville de Marrakech sur ces deux créateurs, dont les trajectoires se croisent dans la Cité ocre, ville qui a toujours nourri et enrichi leurs imaginaires.
Il est à rappeler qu’actuellement, le musée des Confluences abrite une exposition des plus intéressantes présentant une sélection de beaux tissages de la région de Foum Zguid, considérée comme un véritable écrin du savoir-faire et du vivre du Sud du Royaume.
Le vrai mérite de cette exposition initiée sous le thème « Foum Zguid – du sel au fil », revient au génie des femmes arabes et berbères, tisserandes, brodeuses et coloristes qui ont réussi à greffer sur les tissages leurs aventures, leur savoir-faire artistique et toute leur magie.
Afin de permettre aux espaces muséaux de renouer avec les aficionados des beaux arts, en leur faisant découvrir de belles collections nationales, la FNM a procédé, en ces temps de la Covid-19, à la mise en application scrupuleuse, d’un véritable protocole sanitaire afin de protéger leur santé et celle du personnel de ces musées, à l’instar de celui des Confluences-Dar El Bacha.
Au nombre de cette kyrielle de mesures figurent la limitation du nombre de visiteurs admis pour s’assurer du respect de la distanciation sociale requise, port obligatoire des bavettes, prise de température avant l’accès au musée, et la mise en place de distributeurs de gel hydroalcoolique sans contact, à la disposition des visiteurs à l’entrée des musées.
Une signalétique appropriée est soigneusement mise en place afin de mieux organiser « la découverte » au sein du Musée, dans l’objectif d’éviter tout rassemblement ou promiscuité des visiteurs, et donc de mieux respecter la distanciation physique préconisée comme moyen de se prémunir contre le coronavirus.