Rapport de la BM sur le Moyen Orient et l’Afrique du Nord
Par Fairouz EL Mouden
Le Maroc s’en est-il bien sorti des effets de la crise sanitaire qui a secoué et mis à mal l’économie mondiale ? Le dernier rapport économique de la Banque mondiale sur la région du Moyen Orient et l’Afrique du Nord met en avant les avancées réalisées par le Maroc grâce notamment à la panoplie des réformes qualifiées de transformatrices.
Les efforts ainsi engagés depuis le déclenchement du Covid-19 ont, constate le rapport, permis d’atténuer les effets immédiats de la pandémie sur les ménages et les entreprises. Néanmoins, la réussite du programme de la réforme reste conditionnée par l’augmentation de la contestabilité du marché et le renforcement de la concurrence du secteur public et privé et la création de l’emploi.
La trajectoire d’une croissance plus forte et plus équitable repose ainsi sur différents canaux. Les pronostics tablent à court terme sur une reprise économique progressive et irrégulière. La croissance du PIB réel ne reviendrait à son niveau d’avant la pandémie qu’en 2022 avec une perte cumulative de production provoquée par la crise sanitaire. En 2021, les prévisions annoncent un taux de croissance de 4,6% réconforté essentiellement par la bonne performance agricole et la reprise partielle du secteur secondaire et tertiaire. Globalement, le caractère temporaire devrait céder la place à une approche structurelle du processus de réformes à même de garantir une répartition régulière et uniforme des avantages de la reprise post-Covid.
Le Maroc assure bien sa distinction en tant « que pays qui a su et pu profiter de la crise du Covid-19 pour en faire une opportunité et lancer un ambitieux programme de réformes transformatrices ». C’est en tout le premier constat révélé par les analystes de la Banque Mondiale. Ils rappellent que ce programme a reposé sur de nombreux piliers dont notamment la mise en place du fonds Mohammed VI d’investissement stratégique consacré au soutien du secteur privé et la refonte du cadre de protection sociale. Ce n’est tout, le Maroc a aussi lancé un vaste programme de restructuration du réseau d’entreprises publiques et aussi dévoilé les axes du nouveau modèle de développement économique et social.
Selon le rapport en question, les réformes engagées pourraient garantir une croissance plus forte et plus résiliente. Pour cela, il faut un secteur privé plus dynamique et mieux compétitif, des entreprises publiques plus rationnelles, une accélération du rythme de formation du capital humain à même d’améliorer la productivité, le niveau de vie. Les transferts monétaires ne sont en reste. Ils ont permis d’atténuer l’impact socio-économique de la crise sanitaire.
Ainsi, une mise en œuvre réussie des différents programmes garantirait la reprise de l’activité au second semestre après une année 2020 qui a affiché la plus grande récession économique. La croissance devrait être plus soutenue en 2021 à 4,6% expliquée principalement par le bon rendement de la campagne agricole et le revirement des activités tertiaires et secondaires.
Il faudra attendre 2023 estime la Banque mondiale pour atténuer l’incidence de la pandémie de la Covid-19 sur le niveau de la pauvreté. Les populations les plus pauvres étant celles qui ont le plus souffert des conséquences sanitaires et économiques de la Covid-19. Les mesures d’atténuation adoptées par le gouvernement ont pu amortir la baisse des revenus.
L’année 2022 reste celle de l’espoir de voir tous les indicateurs revenir à leurs niveaux d’avant la pandémie. Néanmoins, cette hypothèse reste peu vérifiable si on tient compte de la propagation mondiale de nouveaux variants de coronavirus jugés plus contagieux et des contraintes d’approvisionnement en vaccin.
La soutenabilité de l’économie marocaine requiert le passage d’une approche temporaire à une approche plus structurelle des réformes nécessaires pour garantir une répartition uniforme des avantages de la reprise post-Covid.
Reste le grand défi à relever à long terme par le Maroc, indique le rapport économique de la banque mondiale, celui de relever la capacité du marché du travail à créer de nouveaux emplois et a dépasser l’inactivité qui touche une grande partie des jeunes et des femmes. La lutte contre l’informalité est un autre cheval de bataille sur lequel le pays doit se consacrer.