Barré à Chelsea, le « phénix » Olivier Giroud va découvrir à 34 ans un nouveau Championnat, avec l’AC Milan qui a officialisé samedi son arrivée.
Révélé tardivement, l’athlétique avant-centre (1,92 m, 88 kg) a tissé le fil d’une carrière atypique en jouant des coudes, la tête haute malgré les creux, renvoyant l’image d’un buteur « besogneux » et respectueux, fidèle à ses rêves et ses croyances en club et en équipe de France.
Il va désormais côtoyer en attaque un autre vétéran de renom, Zlatan Ibrahimovic (39 ans) à côté duquel il devra imposer son mental d’acier, poussé par un appétit toujours féroce, forgé par un parcours sinueux mais heureux.
« Je commence un nouveau voyage avec le coeur léger et joyeux », avait-il tweeté vendredi, en anglais, en annonçant aux supporters son départ de Chelsea où il n’entrait pas dans les plans de Thomas Tuchel.
Le natif de Chambéry a fait ses classes à Grenoble (L2) qui n’a pas su déceler le talent en lui, puis un cran en dessous à Istres en National, avant de prendre son envol après deux saisons à Tours, où le meilleur buteur de L2 avec 21 réalisations s’est ouvert les portes de l’élite.
C’était en 2010, le gaucher avait 23 ans et enfin trouvé chaussure à son pied, débarquant à Montpellier.
« Nous avons un peu le même parcours avec Montpellier, un club qui me correspond bien. Même s’il possède une belle histoire, il a eu du mal à remonter en Ligue 1 », explique alors Giroud.
Dans l’Hérault, il enfile vite la cape de super-héros. Avec 21 buts inscrits durant l’incroyable saison 2011/12, il termine en tête du classement des buteurs et offre un premier titre de Champion de France au club de Louis Nicollin.
Impossible alors pour l’emblématique président de retenir un joyau qui, dès son arrivée à Montpellier, clamait son rêve: « Si je peux jouer en Angleterre, j’irai à la nage s’il le faut. L’ambiance, les fans, l’état d’esprit: les gens y aiment leur club, qu’il gagne ou qu’il perde ».
L’entraîneur d’Arsenal Arsène Wenger, séduit, lui fait traverser la Manche.
En cinq ans et demi, le canonnier français déroule sa palette: subtiles déviations, coups de casque et gros pétards en lucarne, tout y passe. Son but contre Crystal Palace en janvier 2017 fait le tour du monde: le N.12 des Gunners sprinte le buste en avant jusqu’à la surface adverse, où il réalise un coup du scorpion parfait avec l’aide de la barre transversale.
Malgré ces coups d’éclat, la carrière d' »Olive » n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.
« Je me suis toujours construit dans l’adversité, c’est un peu l’histoire de ma carrière », décrivait-il en 2020 dans un entretien à BeIN Sports. « Il y a des fois où j’aurais préféré que ce soit plus facile mais il faut croire que la difficulté me fait avancer ».
En équipe de France, lui qui connu sa première sélection en 2011 contre les Etats-Unis à 25 ans, il est devenu le deuxième meilleur artificier de l’histoire (46 buts, 110 sélections) au gré d’une carrière mouvementée. Le public lui a parfois fait payer la mise à l’écart de son concurrent Karim Benzema, de manière totalement « injuste » selon Didier Deschamps.
Le chrétien évangélique, auteur d’un livre intitulé « Toujours y croire », a le pardon facile quand l’avant-centre du Real Madrid, qui s’était comparé à une « Formule 1 » face au « karting » Giroud, revient chez les Bleus en 2021.
« Je répète que je n’ai aucun problème, aucune rancune, par rapport à cela. Cela me fera plaisir de profiter avec lui si on gagne l’Euro. Je l’inviterai sur un circuit de kart et on se tirera la bourre au kart, voilà! », a-t-il plaisanté.
Le titulaire indiscutable du Mondial-2018, qu’il a terminé sans but mais avec un rôle essentiel à l’équipe, est pourtant condamné au banc, comme à Chelsea. Il profite de la sortie sur blessure de Benzema pour inscrire un doublé contre la Bulgarie (3-0) juste avant l’Euro.
« Mes potes m’appellent le phénix grenoblois. C’est un compliment ça veut dire que peu importe les circonstances, je ne lâche rien », dit-il après la partie.
Deux jours avant, ce proche du capitaine Hugo Lloris affirmait qu’être titulaire restait « un objectif ». « Je suis quelqu’un de besogneux, je vais tout faire pour y arriver, mais jamais au détriment du collectif. C’est un objectif mais ça ne m’obsède en aucun cas ».
En quatre matches à l’Euro, il jouera moins d’une heure. A Milan, l’adepte de Jésus sera en quête d’une nouvelle résurrection.