«Quoiqu’on présente les amendements les plus pertinents du monde, on savait que la majorité adopterait le projet de loi de finances. Sur les 73 alternatives qu’on a dû soumettre à la présidence, en tant qu’opposition, il n’y en a que trois qui ont été retenues.
C’est ainsi faite la «démocratie» !», disait un député de gauche, l’air contrarié parla caducité du contenu destiné au pays. Le Maroc, va-t-il intégrer le cercle des pays dits émergents où l’égalitarisme serait de mise? Pas aussi rassurant qu’on pourra l’imaginer. L’Exécutif à tendance libérale tente d’arrondir les chiffres, par le biais des mesures attentatoires aux droits des couches moyennes et pauvres, au lieu d’aller dénicher les panacées aux crises, là où pullulent les fonds qui se comptent par milliards de dirhams.
En effet, les impôts sur les électroménagers, à titre indicatif, ne font qu’amenuiser encore plus, le pouvoir d’achat des populations démunies alors qu’on passe sous silence l’informel ravageant des barons, la rente des opérateurs de la pêche hauturière et de l’exploitation des carrières et des sablières.
Le slogan fallacieux que l’Exécutif arbore à savoir «l’Etat social» n’est en fin de compte, qu’un vil canular pour faire passer sa politique impopulaire et paupérisante. Il est donc bien clair que notre pays renferme des paradoxes qui font que, d’une part, il donne l’impression de s’aligner parmi les grands, mais d’autre part, révèle des fébrilités alarmantes dans son parcours de ratage et de dysfonctionnement.
Mis à part la nature exceptionnelle dont il pourra se targuer durant son existence, en termes de stabilité séculaire qui maintient sa distinction, notre pays vit d’énormes contrastes dans son évolution. En effet, depuis des années, il se met à se rendre à l’évidence que les grands chantiers s’avèrent une nécessité impérative pour prétendre à l’essor socio-économique.
Cette vérité s’est beaucoup attardée, bien que des voix patriotiques se soient manifestées à ce propos, bien plus tôt. Cependant, si notre pays est parvenu à se distinguer dans ce domaine, qu’en est-il de sa vie sociale directement destinée à ses populations démunies et ses recoins reculés? C’est là où le bas blesse cruellement, car le Maroc n’a toujours pas pu concilier d’une manière équitable, le progrès économique et la justice sociale. Les disparités entre communautés et territoires dans le même pays sont tellement criardes qu’elles le tirent vers le bas, en termes d’indicateurs de croissance, malgré ses multiples performances indéniables.
Il va sans dire qu’il pêche encore dans les politiques publiques comme le système éducatif, l’offre sanitaire, la création des postes d’emploi, l’octroi de logement…, à travers une capacité de gestion innovante et pérenne. Il verse dans la déficience de l’administration où prolifèrent encore des pratiques d’inertie et d’insouciance. Le système judiciaire empeste toujours d’insanités, de corruption flagrante qui font honte à l’image du pays…
De même, le plus gros revers qu’encourt le pays n’est autre que la panne politique qui prévaut dans son paysage partisan. Depuis un bon bout de temps, pour des raisons démesurément sécuritaires, on s’est mis à affaiblir et réprimer les partis sérieux, au profit des créatures «parachutées» et, de ce fait, a cautionné, dans l’impunité et la complaisance, un système de démocratie hybride et faussé où l’argent sale et le monopole font la loi. Cette dénaturation politique a sécrété des habitudes néfastes au sein des citoyens qui manifestent des sentiments de désaffection et de dégoût vis-à-vis des institutions, dans leur globalité.
C’est ainsi que la non confiance, la tourmente, le nihilisme et le désespoir règnent dans les divers milieux de la société, notamment le monde des affaires, les jeunes et autres. On ne peut donc parler d’émergence sociale tant que ces maux subsistent encore, au cœur d’une société rongée par l’oligarchie, le pouvoir rentier, l’hégémonie des riches et la dislocation des institutions, à leur tête celle des formations politiques fortes et libres. L’instauration d’un nouveau modèle de développement s’impose plus que jamais, en lieu et place du présent en désuétude. L’actuel gouvernement, à composantes technocratiques, même en couleurs, pourrait-il juguler toutes ces entraves ? Le proche avenir nous le dira!