Attendons pour voir…
Après près de huit années d’une guerre « fratricide » sans merci qui aurait fait, selon les estimations de l’ONU, près de 400.000 morts dont près de 60% des suites de la faim, de la soif et de toutes sortes de maladies du fait de l’absence de médicaments et de la destruction de la quasi-totalité des infrastructures hospitalières, les forces gouvernementales yéménites et les insurgés houtis ont finalement accepté de déposer les armes, ne serait-ce qu’à titre provisoire.
Ainsi, même s’il n’est pas mis fin, de manière définitive, aux combats acharnés que se livrent, depuis 2015, les rebelles houtis d’origine chiite soutenus par l’Iran et les forces régulières yéménites appuyées par une coalition comprenant l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis, il ressort du communiqué ayant fait suite à l’accord conclu, sous l’égide des Nations-Unies, par les deux belligérants, que ces derniers ont accepté une trêve de deux mois prenant effet à compter de samedi 2 Avril.
Pour rappel, le 25 mars dernier les houtis avaient lancé 16 attaques contre des cibles en Arabie Saoudite dont l’une avait provoqué un gigantesque incendie dans un site pétrolier à Jeddah sans, toutefois, faire de victimes ; ce à quoi l’aviation saoudienne avait riposté en bombardant les zones contrôlées par les rebelles yéménites.
Mais, bien qu’étant encore provisoire, cette cessation des hostilités est le couronnement des efforts déployés, depuis plusieurs mois, par Hans Grundberg, l’émissaire de l’ONU pour le Yémen au titre de l’arrêt de cette guerre que se livrent, par procuration et pour avoir le leadership dans la région, le royaume sunnite d’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran, chiite.
Entrée en vigueur le premier jour du mois sacré du Ramadan, cette trêve intervient après que des consultations inter-yéménites aient eu lieu le 30 mars à Riyad en l’absence des représentants des rebelles houtis du fait de leur refus de dialoguer en « territoire ennemi » ; ce qui avait mis l’envoyé de l’ONU au-devant de la nécessité de se déplacer à Oman pour discuter, séparément, avec leurs représentants.
L’arrêt des offensives militaires aériennes, terrestres et maritimes au Yémen et au-delà des frontières du pays va donc mettre un terme au « blocus » qui frappe depuis longtemps l’important port de Hodeida, situé sur la Mer Rouge, dont les installations sont essentielles pour l’acheminement de l’aide humanitaire et permettre, ainsi, aux pétroliers d’y accoster et aux vols commerciaux d’accéder à l’aéroport de Sanaa, la capitale du pays puisque la coalition arabe qui contrôlait les espaces aériens et maritimes du Yémen ne permettait qu’aux vols de l’ONU d’atterrir à Sanaa.
Cette trêve qui, à en croire Tim Lenderking, l’émissaire spécial des Etats-Unis pour le Yémen, pourra être renouvelée « avec le consentement » des belligérants, aurait pour « objectif », selon Hans Grundberg, « de donner aux yéménites, une pause nécessaire dans la violence, un soulagement de la souffrance humanitaire et, surtout, l’espoir qu’une fin à ce conflit est possible » car chacun des belligérants a pris l’engagement de mettre fin à ses opérations militaires dès le moment où l’autre accepte d’en faire de même.
Farea Al-Muslimi, le président du Centre Sanaa pour les études stratégiques, s’est félicité, pour sa part, de cette « excellente nouvelle (car) les fronts dans le pays sont globalement calmes et (que) les bombardements ont cessé ».
Est-il permis de voir, dans cette trêve dans les combats, un prélude à la paix et à la fin de ce conflit inter-yéménite initié par l’Iran et l’Arabie Saoudite au titre de la recherche du leadership régional ? Attendons pour voir…