Une traduction simultanée au-delà des attentes !

L’Amazighe au Parlement 

Mohamed Nait Youssef

Ce fut certes un événement important, voire majeur dans l’histoire de l’action parlementaire de notre pays. Enfin, la Chambre des Représentants a adopté, lundi 11 avril, lors de la session des questions orales, la traduction simultanée en langues officielles à savoir ;  l’arabe et l’amazighe.

«Suivant un engagement pris lors de la session précédente, j’ai le plaisir d’annoncer officiellement qu’à partir de la séance du lundi 11 avril 2022, l’interprétation en arabe et en amazigh sera adoptée lors des séances hebdomadaires de questions orales et des séances mensuelles de questions orales de politique générale adressées au Chef du Gouvernement.», a annoncé le Président de la Chambre des Représentants, Rachid Talbi El Alami dans son allocution à l’occasion de l’ouverture de la deuxième session législative de l’année législative 2021-2022

Cet acquis, il faut le rappeler, est le fruit des appels et revendications de certains débutés. Pour la petite histoire, le PPS en était le premier à demander d’assurer ce service aux citoyens amazighophones. Mieux vaut tard que jamais ! Or, certains commencements ne sont pas toujours bons et réussis.

En effet, perturbation et désarroi ont été les maîtres mots ayant marqué l’usage de ce nouveau service au sein de l’institution législative visant la retransmission en direct des sessions aux  amazighophones dans les trois dialectes ; tamazight, tachelhit et  tarifit.

«En tant que groupe, nous avons salué cette initiative louable puisqu’ il y avait une interaction avec notre revendication, car on était les premiers à soulever cette question en demandant la traduction simultanée au sein de l’institution législative.», nous confie la députée du Groupe du Progrès et du Socialisme (GPPS), Khadija Arouhal.

Selon  la députée,  des moyens logistiques ont été certes mis en place, mais la traduction n’était pas à la hauteur des aspirations. Car, dit-elle, cette traduction a été accordée à des gens qui ne sont pas spécialistes en la matière ; chose qui bloque les canaux de la communication. 

 Les traducteurs, poursuit-elle, doivent maîtriser la terminologie et le vocabulaire politique  pour que le message puisse être véhiculé correctement. Lors de cette session des questions orales, ajoute Arouhal, certains mots et phrases n’ont pas été traduits avec précision aux autres dialectes, tels que tasoussit ou encore  tarifit. « Dans certaines traductions, on y trouve un mot en amazigh et le reste de la phrase en langue arabe. », a-t-elle fait savoir. Pour la députée du GPPS, il faudrait créer des postes par le biais  des concours avec des critères bien précis afin de surmonter ce problème et combler ce vide. 

Une revendication du PPS

La députée du Groupe du Progrès et du Socialisme (GPPS), Khadija Arouhal a pointé du doigt, lundi 1er novembre 2021, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, sur la nécessité de mettre en place les moyens logistiques nécessaires par le bureau de la Chambre des représentants afin de transmettre le déroulement des séances  aux citoyennes et citoyens marocains amazighophones.

Khadija Arouhal a ouvert le bal des travaux de cette séance des questions orales par une  motion d’ordre, où elle s’est exprimée en amazighe, deuxième langue officielle du pays, pour dénoncer le manque des atouts permettant à un bon nombre de marocains de suivre les séances qui se déroulent au sein de l’institution relative. Aujourd’hui, cette proposition qui vient de se concrétiser ne pourrait que contribuer à la traduction de l’âme de la Constitution. 

 Par ailleurs, l’accélération de la cadence de l’application des dispositions de la loi organique n° 26-16 relative à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que les autres modalités de son intégration dans l’enseignement et les domaines prioritaires de la vie publique, publiée le 26 septembre 2019 au Bulletin officiel n°9314, est désormais une nécessité.

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