Matières premières
Les prix des matières premières connaissent leurs plus fortes augmentations en cinquante ans, en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine qui a causé d’importants dégâts à l’économie mondiale, entrainant de nouvelles séries de perturbations des chaînes d’approvisionnement, selon un article publié par le Policy Center for the new south (PCNS).
La guerre en Ukraine a en effet provoqué plusieurs chocs importants à l’économie mondiale, notamment la tendance à la baisse du commerce mondial et de l’intégration financière, les nouvelles séries de perturbations des chaînes d’approvisionnement et la hausse des prix des produits de base, qui ont déjà entraîné des révisions à la baisse des projections de croissance économique, accompagnée d’une inflation plus élevée », souligne l’auteur de l’article Otaviano Canuto, Senior Fellow au PCNS.
Le choc des prix des produits de base, qui s’est intensifié depuis la mi-2020, a déjà généré des niveaux de prix nettement plus élevés en 2022, selon le rapport « Commodity Markets Outlook » de la Banque mondiale, publié le 26 avril, qui a estimé que les prix resteront plus élevés à moyen terme, rapporte la même source. En ce qui concerne les perspectives pour les marchés des matières premières, elles dépendront de la durée de la guerre en Ukraine, des sanctions imposées à la Russie et de la gravité des perturbations des flux de matières premières, vu que la Russie et l’Ukraine sont de grands fournisseurs d’énergie, d’engrais, de céréales et de métaux.
La Russie est le plus grand exportateur mondial de gaz naturel, de nickel et de blé, tandis que l’Ukraine est le plus grand exportateur d’huile de tournesol, rappelle l’auteur, ajoutant que « ce n’est pas par hasard que ces produits ont connu des augmentations particulièrement marquées depuis le début du conflit en Ukraine ».
Plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, ont déjà annoncé l’interdiction ou l’élimination progressive des importations de pétrole russe, tandis que des acheteurs privés se sont également engagés à réduire leurs achats de pétrole russe. S’agissant des perspectives de l’économie mondiale, la publication du PCNS revient sur le rapport du Fonds monétaire international publié le 19 avril qui laisse entendre que l’anticipation d’une baisse de la demande de combustibles fossiles est due, entre autres, à la transition énergétique ayant réduit les investissements mondiaux dans le pétrole et le gaz d’environ 20 % au cours des trois ou quatre derniers mois.
Les investissements mondiaux en amont dans le secteur pétrolier et gazier ont atteint un sommet de 0,9% du PIB mondial en 2014, tombant à moins de 0,5 % du PIB mondial en 2019, puis chutant davantage pendant la pandémie. De son côté, le prix du Brent a atteint une moyenne de 116 dollars/baril en mars, ce qui n’avait pas été vu depuis 2013. Dans ce sens, la Banque mondiale prévoit que les prix moyens du pétrole s’élèveront en moyenne à 100 dollars/baril cette année, avant de chuter en douceur à 92 dollars en 2023.
Et de noter qu’en mars, les prix du gaz naturel en Europe étaient près de sept fois plus élevés qu’un an auparavant, alors que les prix du charbon dans plusieurs régions du monde ont également triplé en raison des perturbations attendues des exportations russes de gaz naturel et de charbon.
La reprise de la demande après la pandémie et les conditions d’approvisionnement restreintes avaient déjà un effet à la hausse, mais les nouveaux sauts ont fait de la hausse des prix de l’énergie au cours des deux dernières années la plus forte hausse au cours du dernier demi-siècle, depuis le choc pétrolier de 1973.