Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Le « Sommet des Amériques » qui avait vu le jour, en 1994, à Miami, à l’instigation du président Bill Clinton au titre du lancement d’un vaste accord régional de libération du commerce est censé inaugurer, à partir de ce lundi, à Los Angeles, à l’occasion de sa 9ème édition, une nouvelle ère dans les relations des Etats-Unis avec l’Amérique latine car comme l’avait déjà souligné la Maison Blanche, « les intérêts vitaux des Etats-Unis sont inextricablement liés à la réussite de (ses) plus proches voisins des Amériques (du moment que) la capacité de nos démocraties à combler le fossé entre ce que nous promettons et ce que nous accomplissons dépend, en grande partie, de ce que nous faisons, ensemble, pour la renforcer ».
La Maison Blanche ayant déclaré, la semaine dernière, dans un communiqué, que « les Etats-Unis attendent, avec intérêt, la réunion des dirigeants et des parties prenantes de tout l’hémisphère pour faire progresser l’engagement commun en faveur de la prospérité économique, de la sécurité, des droits humains et de la dignité », l’ordre du jour de cette rencontre s’articulera autour des points ci-après : l’avenir vert et les énergies propres, la participation des jeunes à la politique, la prospérité économique, la gouvernance démocratique, le redressement des pays post-Covid et la résilience aux pandémies, la migration, et la transformation des infrastructures numériques de l’hémisphère occidental.
Mais, force est de reconnaître que ce sommet a très mal commencé dans la mesure où le président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador, qui croit « en la nécessité de changer la politique qui a été imposée depuis des siècles » et qui a trait à « l’exclusion » a refusé d’y participer du moment que tous les pays de l’Amérique n’y ont pas été invités.
Champion autoproclamé de la démocratie dans le monde et ne voulant pas, à ce titre, de dirigeants de « régimes autoritaires » parmi ses hôtes, le président Joe Biden n’a donc pas convié les chefs d’Etats de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela suite aux « réserves » émises par Washington quant au « manque d’espace démocratique » et à l’absence du « respect des droits humains » dans ces pays mais entend, néanmoins, saisir cette occasion pour « montrer ses muscles » face à la Chine qui commence à avancer ses pions dans une zone qui a toujours été considérée comme étant l’arrière-cour des Etats-Unis.
Ainsi bien que la Maison Blanche soit particulièrement satisfaite de la venue de certains dirigeants majeurs comme le président argentin de centre-gauche Alberto Fernandez et le chef d’Etat d’extrême-droite brésilien, Jair Bolsonaro, l’absence du président mexicain reste « significative », aux dires de Benjamin Gedan qui dirige les études sur l’Amérique latine au « Woosrow Wilson International Center for Scholars », du moment que la menace de boycott de cette rencontre, par Andrés Manuel Lopez Obrador, avait déjà occasionné « un rebondissement véritablement malvenu pendant la préparation du sommet car cela a mobilisé une énorme quantité d’énergie diplomatique américaine » même si le président mexicain a indiqué qu’il pourrait bien rencontrer, au mois de Juillet, son homologue américain « avec lequel il s’entend très bien ».
Ayant déclaré à la presse que le président américain entend, dans le cadre de « l’intérêt stratégique des Etats-Unis (…) promouvoir une vision d’une région sûre » et « démocratique », Juan Gonzalez, son principal conseiller pour l’Amérique latine, a annoncé qu’au cours de ce sommet, le chef de la Maison Blanche va se pencher sur la coopération économique et sur la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus et le changement climatique mais aussi conclure un accord de coopération régionale en matière d’immigration ; ce qui lui vaudra, incontestablement, de très violentes critiques de la part de l’opposition républicaine dès lors qu’il promet de mener une politique d’immigration plus « humaine » que celle de son prédécesseur alors que le nombre de personnes cherchant à entrer aux Etats-Unis du fait de la pauvreté et de la violence qui sévissent en Amérique centrale et à Haïti est en hausse.
Enfin, pour savoir si ce « 9ème Sommet des Amériques » sera un succès ou un échec, il faudra, de l’avis de Benjamin Gedan, le juger « à l’aune des propositions des Etats-Unis en termes d’accès commercial, de prêts et d’assistance pour financer la reprise et les infrastructures dans la région ». Qu’en sera-t-il ? Attendons pour voir…