Dans l’œuvre poétique « les géorgiques », Virgile préconisait, il y a plus de 2000 ans, le labeur champêtre et la béatitude de la nature. Le pédagogue grecque s’est alors attelé à tisser sa pensée antique autour de la flore bucolique à laquelle il dédiait son ouvrage. Depuis, l’attachement à la terre, havre de sérénité et de fécondité, hantait l’humanité, à travers l’histoire, en dépit des inventions, à la recherche du bien-être, nombre de mouvements désapprobateurs de la lancée infernale vers le « progrès », dans tous les sens, appellent sans cesse, à se réfugier dans le verger pastoral. D’où l’installation dans les étendues campagnardes des retraités, en particulier. Le stress quotidien de la cité incite alors à fuir le vacarme et à caresser le charme du bosquet bocager. De plus en plus, la campagne rustique recouvre l’éclosion agressée par la furia urbaine. C’est ainsi qu’on a tendance à s’octroyer une seconde résidence, au cœur des coquelicots et loin de l’asphalte. Il est bien évident que le fait de se permettre une telle existence relève du luxe. Les exigences onéreuses de la vie ne peuvent pas pour la plupart, faciliter ce bel octroi. La privation demeure, en fait, le souci majeur de la plupart des citoyens qui éprouvent toutes les peines du monde à joindre les deux bouts. Cependant, il va sans dire que le retour à la terre devient, sans conteste, une nécessite impérieuse. Au rythme où l’évolution s’opère tous azimuts, le désir acharné du citoyen à se réconcilier avec la campagne s’avère, au fur et à mesure, quasiment irrésistible. En ce début de saison estivale et de vague caniculaire qui asphyxie les villes, des flots humains prennent d’assaut les rives des cours d’eau et les aires des prairies. La philosophie didactique de Virgil qui consistait à véhiculer la connaissance sur comment cultiver un jardin, labourer une ferme, abreuver un cheval…, revêtait aussi une connotation existentielle sur l’appartenance à la terre. « L’être meurt pour sa terre et sa patrie ! », dit-on, dans le jargon des ancêtres dépositaires des bouts de terre, hérités de père en fils et fermement invendables, malgré les affres du dessein. Cette même terre des aïeux est, aujourd’hui, fortement choyée par la descendance, non pas pour y ensemencer, mais pour y nidifier son accalmie égarée dans les dédales et labyrinthes de la ville stridente. C’est peut-être la raison pour laquelle les marocains tiennent tant à leurs terres et, de ce fait, ils n’hésitent guère à se solidariser si ardemment avec les palestiniens dont les leurs sont confisquées et spoliées, depuis des lustres.
La sacralité de la terre !
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