Irak-Etats-Unis
Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin est arrivé mardi à Bagdad pour « réaffirmer le partenariat stratégique » entre les Etats-Unis et l’Irak, lors d’une visite surprise à la veille des vingt ans de l’invasion américaine qui renversa Saddam Hussein.
Le 20 mars 2003 les troupes américaines avaient lancé leur offensive, épaulées par une coalition internationale. L’invasion avait ouvert l’une des pages les plus sanglantes de l’histoire irakienne, marquée par des années de conflits et d’instabilité politique.
« Atterrissage à Bagdad. Je suis ici pour réaffirmer le partenariat stratégique entre les Etats-Unis et l’Irak au moment où nous allons vers un Irak plus sûr, stable et souverain », a déclaré Lloyd Austin sur son compte Twitter.
Bagdad conserve des liens très forts avec Washington, notamment sur le plan militaire, même si au fil des ans le pouvoir irakien est devenu un allié indéfectible de l’influent parrain iranien. Des alliances imposant parfois aux responsables irakiens de se livrer à un délicat exercice d’équilibriste.
Des troupes américaines sont encore déployées en Irak dans le cadre de la coalition internationale emmenée par Washington pour lutter contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Mis en déroute en Irak en 2017, les jihadistes continuent toutefois de revendiquer ponctuellement des attaques meurtrières dans le pays et la coalition reste mobilisée pour empêcher leur résurgence. Fin 2021, l’Irak a annoncé la « fin de la mission de combat » de la coalition internationale, qui reste officiellement déployée sur le sol irakien pour poursuivre un rôle de formation et de conseil.
La visite de M. Austin intervient dans le cadre d’une tournée régionale au Moyen-Orient entamée en Jordanie, où le chef du Pentagone s’est entretenu avec le roi Abdallah II.
Selon un communiqué du Pentagone, les deux hommes « ont discuté d’une série d’inquiétudes communes, notamment la sécurité en Irak voisin, et le flux illégal de stupéfiants dans la région », un dossier qui concerne également l’Irak, devenu un pays de transit pour le captagon et le crystal meth.
Disposant d’immenses richesses en hydrocarbures, l’Irak souffre encore d’infrastructures en déliquescence et d’une corruption endémique.
Le pays est aussi en proie à une instabilité politique chronique: l’actuel Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani, choisi par les partis pro-Iran majoritaires au Parlement, a été nommé fin 2022 au terme d’une année de tractations interminables.
Les politiciens chiites pro-Iran, dont les représentants des anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, n’ont de cesse de réclamer le départ des troupes américaines d’Irak. Même si cette rhétorique a quelque peu perdu en virulence depuis que ce camp politique est aux manettes avec le gouvernement actuel.
L’ambassadrice américaine à Bagdad Alina L. Romanowski rencontre très régulièrement les dirigeants irakiens et cette semaine encore elle saluait la « relation forte » entre Washington et Bagdad.
Les rapports s’étaient considérablement dégradés quand, sous la présidence de Donald Trump, un drone armé américain avait tué en janvier 2020 le général iranien Qassem Souleimani et Abou Mehdi al-Mouhandis, ancien numéro deux du Hachd al-Chaabi, sur la route de l’aéroport dans la capitale irakienne.
Bagdad a été ces dernières semaines le théâtre d’une intense activité diplomatique. Les dirigeants irakiens ont successivement reçu les chefs de la diplomatie d’Arabie Saoudite, d’Iran et de Russie, avant la visite début mars du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Le patron de l’ONU a salué le rôle « central » de l’Irak pour la « stabilité régionale » et « l’engagement du gouvernement pour faire progresser le dialogue et la diplomatie », Bagdad ayant lancé une médiation inédite entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, les deux grands rivaux régionaux.
Si aujourd’hui ces pourparlers piétinent, ils ont donné lieu à plusieurs rencontres fructueuses entre de hauts responsables des deux pays.