Les jeunes romanciers face aux enjeux du renouveau !
Mohamed Nait Youssef
‘’Les jeunes romanciers et les enjeux du renouveau’’ était le thème de l’une des conférences phares meublant les activités du deuxième jour du SIEL. En effet, une belle brochette de jeunes écrivains et romanciers marocains qui ont marqué le paysage littéraire marocain et arabe tels Tareq Bakari, Abdelmajid Sebbata, Abdelhamid Chaouki, Zakaria Ait Ourays ont mis la lumière, samedi dernier, sur les nouvelles écritures et sensibilités romanesques ayant versé un sang nouveau dans les veines de champ littéraire d’ici et d’ailleurs.
L’acte d’écrire, l’acte de dépassement…
Tareq Bakari, auteur du roman à succès «Numidiya», a exprimé sa ferme réservation par rapport au mot ‘’jeune’’ qu’il a toujours accompagné depuis la sortie de son premier roman. «L’écriture n’a pas d’âge ! À vrai dire, ce qui est important pour moi, c’est la maturité de l’expérience relative à l’écriture.», a-t-il affirmé, tout en ajoutant que ‘’le jeune écrivain est devant le défi du dépassement non seulement de l’héritage romanesque existant, mais celui de l’écriture.’’ Dans ses écrits, Tareq Bakari a travaillé sur la culture marocaine, notamment amazighe en inventant un style propre à lui. «J’essaye de rendre hommage aux composantes authentiques de la culture marocaine dans sa diversité. Il faut dire aussi que le roman marocain est riche et diversité», a-t-il rappelé. Par ailleurs, l’écriture a cette fonction de la sauvegarde de la mémoire de l’oubli. Telle alors l’une des tâches majeures de l’écrivain. «J’essaie d’œuvrer pour la conservation de notre culture amazighe et marocaine. Dans cette optique, la littérature est capable de se libérer de la culture arabophone, notamment celle de l’Orient. Le roman marocain est entrain de creuser son propre chemin, notamment avec une nouvelle génération d’écrivains porteuse de nouvelles questions et visions, a-t-il indiqué.
L’écriture et la vision du monde…
Abdelmajid Sebbata, écrivain et traducteur, a souligné que l’écriture a un rapport avec le talent, le vécu de l’écrivain et le travail perpétuel à travers la lecture. Ces volts, dit-il, n’ont rien à voir avec l’âge. Or, l’écrivain est proche de la réalité, a-t-il expliqué. « Nous vivons dans une époque où les technologies ont beaucoup évolué sans oublier bien entendu les économies du livre qui pourraient permettre aux jeunes d’accéder facilement à la culture et aux livres.», a-t-il révélé. Sebbata porte son de marocain sur le monde en s’exprimant par le truchement du langage. «Je suis toujours de retour à la réalité et la particularité marocaine. Le Maroc est un trésor des histoires, des contes, des récits.
Les enjeux du renouveau…
Les enjeux du renouveau sont de taille, a rappelé Abdelhamid Chaouki, poète et écrivain. «Nous sommes devant une nouvelle écriture qui se révolte contre un modèle oriental en s’ouvrant sur des horizons universels vastes et créatifs», a-t-il affirmé.
Avec cette nouvelle écriture, a-t-il expliqué, la nouvelle génération d’écrivains a déclaré ce crépuscule de l’idole oriental, pour reprendre les mots de Nietzsche. Selon lui, cette nouvelle écriture se traduit aux niveaux du dialogue, de la langue, du dialecte et des techniques de la narration en dépassant la notion du temps linéaire dans le roman qui sont intégrés dans la nouvelle écriture marocaine.
«Nous sommes devant un puzzle en misant sur le lecteur qui est invité à le composer à sa propre façon. In fine, c’est une nouvelle vision de personnages, mais aussi de leurs rôles», conclut-il.
Zakaria Ait Ourays a mis l’accent, quant à lui, sur la question de l’identité qu’il a toujours interpellée. «Je commençais à écrire dans une langue étrangère (la langue anglaise). Pour moi, la langue n’est pas une entrave pour transmettre son identité au monde.», a-t-il précisé.