Présentée en avant-première au Théâtre Mohammed V
Mohamed Nait Youssef
On ne sort pas indemne d’une expérience difficile : la pandémie. En effet, la crise sanitaire a chamboulé le monde. Ce phénomène planétaire a impacté profondément les sociétés et les hommes dans les quatre coins du globe. Or, les séquelles du confinement sont restées collées à la peau, à la mémoire de ceux qui ont vécu ce long « cauchemar ».
«À distance…» est une pièce de théâtre qui est revenue sur la période où les peuples se sont enfermés sur eux-mêmes. Présenté en avant-première, lundi 19 juin au Théâtre Mohammed V, ce spectacle théâtral écrit et mis en scène par Messaoud Bouhcine relate l’histoire d’une comédienne ayant vécu, toute seule, la solitude, l’isolement et le confinement. Comment s’en sortir alors de ce calvaire et de ce temps qui pèse lourd sur ses épaules ? La réponse dans la pièce…bien évidement.
Pour meubler ses journées longues et ennuyeuses, l’artiste recourt à la création en réalisant des portraits qu’elle partage avec son public sur les réseaux sociaux. C’était ainsi sa seule échappatoire dans les quatre murs écrasant sa liberté. Loin des yeux d’un mari bloqué au milieu, l’attente tue ce personnage à petit feu.
Une histoire dans des histoires, la pièce raconte des récits de vie différents. Dans un espace clos, la talentueuse comédienne, Farida Bouazzaoui a incarné le rôle d’Amal ; personnage principal de la pièce dont l’histoire est puisée dans une expérience réelle et vécue par une artiste pendant la période du confinement et de la Covid-19.
Par ailleurs, le spectacle nous prolonge dans les univers à la fois psychologiques, sociaux et même existentiels des personnages. En effet, chaque personnage est porteur d’une histoire, mais aussi des angoisses, des peurs, des doutes et des espoirs. «À distance…» est une réflexion sérieuse sur le rapport de l’homme à la technologie, à l’image et aux nouveaux supports de la communication.
Ces distances qui séparent invitent les êtres à interroger les relations interhumaines et les rapports sociaux. Le spectacle essaie ainsi de marier entre la réalité de l’existence et la virtualité de la présence par le biais des images, des sons extérieurs dans une forme essayant de composer les situations d’une façon « fragmentaire » liées par un fil conducteur : la quête permanente d’une issue pour fuir la solitude et l’isolement.
«À distance…» a rassemblé une belle brochette de comédiens : Hasnaa Tamtaoui, Anas El Akel, Rajae Bouhami et Salwa El Ghoumari. Un seul personnage sur les planches, les autres prestations des personnages ont filmé et projeté via la technique de la vidéo. Un choix qui a été réussi par Messaoud Bouhcine en mettant le public dans l’ambiance de la pièce et surtout du confinement que tout le monde avait vécu dans des situations et espaces différents. «À distance…» a pointé du doigt sur plusieurs questions touchant la société tels que l’avortement, la maladie d’Alzheimer, la situation des artistes pendant la période de la pandémie, les questions de la liberté et du vivre ensemble.