Après Israël, Joe Biden sera-t-il appelé à la barre ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Après plusieurs décennies d’impunité, le moins que l’on puisse dire c’est qu’une grande pression commence à s’exercer sur Israël et ses soutiens dès lors qu’après la saisine, par l’Afrique du Sud, de la Cour Internationale de Justice, suite aux actes « à caractère génocidaire » dont s’est rendu coupable l’Etat hébreu, dans la bande de Gaza, un groupe d’avocats sud-africains a jugé opportun d’intenter une action contre le président américain Joe Biden pour sa responsabilité et sa complicité dans les crimes en cours dans l’enclave palestinienne.

Ainsi, ce que les chancelleries du monde entier avaient coutume de murmurer tout bas – depuis bien longtemps déjà – sans pouvoir l’exprimer ouvertement et qui a trait à la complicité avérée des Etats-Unis dans le massacre des palestiniens depuis plusieurs décennies mais, également, dans le génocide en cours à Gaza, a fait l’objet d’un courrier en date du 2 Janvier, dans lequel le cabinet d’avocats « Wikus Van Rensburg » accuse nommément le président américain Joe Biden d’« encourager » et « de fournir [à Israël] l’assistance matérielle » qui lui a permis de procéder, depuis le 8 Octobre dernier, au déplacement des Palestiniens et à la destruction de leurs maisons pour les obliger à s’en aller ailleurs.

Sachant qu’en moins de trois mois, l’offensive lancée par Tsahal dans l’enclave palestinienne, sur ordre du Premier ministre Benyamin Netayahou, s’est soldée par la mort de 22.000 personnes – en particulier des femmes et des enfants – et par la destruction de près de 60% de la bande de Gaza, le cabinet d’avocats sus-indiqué reconnaît que c’est avec la bénédiction claire et sans équivoque de Washington, concrétisée par son important soutien moral, matériel et financier, que l’Etat hébreu commet, actuellement, à l’encontre des Palestiniens de la bande de Gaza et de leurs compatriotes de Cisjordanie, ces ignobles atrocités que le Droit International qualifie aisément de crimes de guerres, de crimes contre l’humanité et de génocide.

Ainsi, en matière de fourniture d’armes aux forces israéliennes, il y a lieu de signaler qu’au moment-même où les Etats-Unis avaient opposé leur véto à une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza au vu du massacre dont font les frais les palestiniens, la Maison Blanche, soucieuse d’envoyer 14.000 obus de chars à Israël, s’était appuyée sur une disposition d’urgence appelée « Arms Export Control Act » permettant au chef de l’Etat de livrer des armes aux pays-amis « sans examen du Congrès ». 

L’autre reproche qui pourrait être fait au président américain Joe Biden a trait notamment au fait que cette livraison d’armes, qui est, en soi, un véritable « permis de tuer », s’est inscrite dans un programme plus ambitieux relatif à la fourniture, à Tsahal, de 45.000 munitions destinées aux chars de combat israéliens Merkava et ce, bien que les lois non seulement américaines mais, également, internationales stipulent expressément que les armes destinées aux gouvernements étrangers ne doivent pas être utilisées contre des civils et en dépit du fait que le monde entier a assisté au massacre – en direct et en boucle – de milliers de civils palestiniens via les différentes chaînes de télévision.

Qu’Israël, dont la création même a été « légitimée » et continue de l’être par le génocide subi par le peuple juif, en Europe, durant la Seconde Guerre mondiale, et qui, avec le soutien de la couronne britannique en tant que puissance occupante, avait chassé les Palestiniens de leurs terres pour y construire son Etat, comparaisse, aujourd’hui, devant la Cour Internationale de Justice, pour « génocide », est déjà, en soi, une condamnation quelle qu’en soit l’issue, dès lors qu’elle va, incontestablement, hypothéquer la crédibilité des dirigeants de Tel Aviv et de tous ceux qui continuent à les épauler mais attendons pour voir…. 

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