Pour la première fois sur le continent africain
Mohamed Nait Youssef
Les couleurs et lumières cubaines s’invitent à la capitale du royaume, Rabat. En effet, les murs du musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) s’ouvrent sur un nouvel horizon artistique et esthétique de l’Amérique latine en abritant, pour la première sur le contient africain, l’exposition-événement : «De l’autre côté de l’Atlantique : L’ART CUBAIN». Des peintures, sculptures, photographies, installations et vidéos, cette exposition organisée par la Fondation Nationale des Musées et Alberto Magnan, et placée sous le commissariat de José Manuel Noceda Fernández et Abdelaziz El Idrissi, donne à voir des styles, sensibilités et univers artistiques et plastiques variés et singuliers.
Wifredo Lam, une figure majeure du XXe siècle
Les mordus de la peinture et des arts auront le privilège de découvrir les œuvres de l’une des figures emblématiques du XXe siècle, Wifredo Lam. Dans ce sens, une collection importante et impressionnante est dévoilée dans le cadre de cette exposition inédite: «De l’autre côté de l’Atlantique : L’ART CUBAIN». «Nous sommes très heureux de pouvoir présenter cette merveilleuse exposition.
Sincèrement, j’avais rêvé d’exposer Wifredo Lam. Pour moi, Lam est un artiste majeur du 20ème siècle, et le faire découvrir aux marocains était important.», a souligné Mehdi Qotbi, Président de la Fondation Nationale des Musées, lors d’un point de presse qui a eu lieu, jeudi dernier, au musée Mohammed VI d’art moderne.
Selon lui, Lam est l’un des grands peintres du XXe siècle, il a construit une forte amitié avec Picasso et Césaire entre autres, marquée par une complicité créatrice qui l’a nourri et inspiré. Son œuvre, dit-il, est une exploration profonde de l’identité culturelle et de l’héritage afro-cubain, créant un langage unique qui laisse entrevoir une singularité remarquable.
«Cette exposition est une invitation au voyage, à la découverte, à la réflexion et à la célébration de la richesse artistique cubaine, en offrant un éclairage sur les artistes modernes et contemporains latino-américains.», a-t-il expliqué.
Pour Abdelaziz El Idrissi, commissaire de l’exposition au côté de José Manuel Noceda Fernández, la collection de la famille Lam, prêtée au musée, voyage pour la première fois à l’extérieur de la Havane pour venir sur le continent africain. «Vous pouvez imaginer qu’est ce qu’il faut faire pour pouvoir déplacer une collection classée patrimoine national d’un pays ? », a-t-il demandé.
L’exposition, a-t-il expliqué, qui a été pensée pour être mise en place avant la pandémie, est le fruit d’un accord élaboré par le président de la fondation des musées et Alberto Magnan. «Une exposition de l’art cubain représente un souhait du projet culturel du musée qui a été élaboré par la fondation nationale des musées qui voulait s’ouvrir sur les différents horizons à la fois sur le continent africain par les prêts des collections et aujourd’hui une ouverture sur l’art cubain. Ça vient dans cet esprit de démocratisation de la culture qui a été mise en place par la fondation.», a-t-il affirmé.
Vingt-trois artistes, des approches et regards artistiques différents
Ce ne sont pas moins de vingt-trois artistes dont les travaux et œuvres partagés en peintures, sculptures, photographies, installations, entre autres, sont exposés au musée afin de montrer la diversité, la profondeur et la richesse du paysage artistique cubain. Ce sont en effet, des visions, des approches, des sensibilités et des aspirations variées marquant la scène picturale et artistique cubaine moderne et contemporaine.
L’exposition «De l’autre côté de l’Atlantique : L’ART CUBAIN», a révélé José Manuel Noceda Fernández, est révélatrice d’une mise en valeur d’un lien explicite en rapport avec les coordonnées géographiques du Maroc et de Cuba. «Cette exposition constitue une opportunité pour promouvoir quelques expressions visuelles qui se sont développées à différentes époques à l’intérieur et à l’extérieur de Cuba. En effet, depuis l’aube des temps, l’immensité de l’océan atlantique reste un symbole indélébile du mouvement et des voyages. Aussi, il a toujours été une énigme où s’enferment des mémoires et des drames humains et une zone où se réalisent des connexions et des échanges fructueux qui confèrent une certaine spécificité à la culture propre à la région de la mer des caraïbes et unifient les mémoires de l’homme et de son territoire sur les deux rives de l’atlantique.», a fait savoir le commissaire de l’exposition.
Un parcours, trois parties interconnectées…
Trois parties interconnectées font ainsi le parcours de l’exposition. Et comme l’explique José Manuel Noceda Fernández, la première partie intitulée «Wifredo Lam : cartographie intime» met la lumière sur ce grand nom de la peinture cubaine et universelle.
«Lam a entretenu une amitié personnelle et artistique avec Pablo Picasso, Aimé Césaire et André Breton entre autres, qui l’ont profondément inspiré. Cette section regroupe un ensemble de quarante-six pièces de la collection de son petit neveu Juan A. Castillo Vázquez, réalisées entre 1936 et 1958 et qui pourrait constituer l’une des rencontres pionnières de l’héritage de Wifredo Lam où convergent l’ethno culturel cubano caribéenne et le continent auquel l’inspiration de Lam doit tant», a-t-il affirmé.
Quant à la deuxième partie, elle est baptisée «Les deux concrets : Loló Soldevilla et Sandú Darié». « Il s’agit d’une sélection d’Alberto Magnan. Sa spécificité réside dans l’orientation du regard de l’œuvre vers le champ ouvert par l’abstraction durant les années cinquante du siècle dernier à Cuba, à travers deux protagonistes du «groupe des concrets», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le parcours de l’exposition s’achève avec une partie intitulée «Territoires sans limites» donnant à voir aux visiteurs des univers artistiques et visuels cubains modernes et contemporains.
Cette partie, explique José Manuel Noceda Fernández, regroupe des artistes qui font partie de l’histoire de l’art développé à l’intérieur et à l’extérieur de Cuba depuis les années 80 jusqu’à nos jours. «Les protagonistes sont des figures artistiques aux carrières cosmopolites ainsi que des jeunes artistes prometteurs d’un développement remarquable. Globalement, l’exposition met en évidence la créativité ouverte, soutenue et imparable de ces artistes dans le contexte insulaire et le cadre temporel susmentionné.», conclut-il.
L’exposition est ouverte au grand public depuis vendredi dernier. À découvrir!