Redéfinir le secteur

L’industrie du tourisme

Saoudi El Amalki

Ces derniers temps, on ne cesse d’encenser les prouesses du tourisme. Avec un peu plus de sept millions de visiteurs, en quasi-moitié de l’année en cours, le satisfecit est au zénith. A l’instant même que chez nous, les décideurs du secteur se frottent les mains pour l’exploit atteint, des manifs s’intensifient en Catalogne et en Andalousie en Espagne réclamant l’arrêt du déferlement des touristes sur leurs sites  en dégradation et en désagrément tous azimuts.

Eux qui accueillent aux alentours de moins de cent millions par an de voyageurs, occupant la seconde place mondiale, alors que le Maroc en est à la quatre-vingt deuxième, relégué à la 82ème position. Une grosse différence entre les deux pays qui s’apprêtent à co-organiser la coupe du monde 2030, avec le Portugal.

Beaucoup reste à entreprendre en matière de tourisme donc, pour rivaliser avec les ténors du domaine, sachant que le secteur s’érige en levier névralgique de l’économie de la Nation, de par son potentiel climatique et naturel. Ce n’est pas non plus, la compétence humaine qui manque dans ce pays qui regorge d’éclats chevronnés en expertise touristique, toutes branches et filières confondues.

Aussi bien dans le tourisme balnéaire à Agadir et Tanger que celui de la culture et de la nature, à Marrakech, les professionnels ont fait leurs preuves fondées avant tout sur la citoyenneté. En revanche, des décennies durant, l’Etat n’a pas toujours été au rendez-vous pour un pays à vocation touristique par excellence.

L’échec criard de ses programmes et de ses stratégies, tout au long de son parcours de réformes, en est l’illustration cinglante de la gouvernance désastreuse que la succession de faux jetons du domaine a instaurée, depuis plus de trente ans sans réel décollage.

L’industrie touristique qui s’est implantée dans le pays bien avant ses homologues économiques en énergie propre, en automobile ou encore en aéronautique à titre indicatif, est toujours au bas de l’échelle. Et ce n’est pas sans doute, la déconvenue du Maroc Azur et le fiasco des Maroc Visions qui vont démentir tout ce constat déplorable. La question qui s’impose alors dans ce sens, est bien la suivante: devrons-nous estimer que le  pays est bel et bien une nation de tourisme à part entière ?

Si c’est le cas, il est impératif de repenser cette industrie, en optant pour des cadres appropriés aux commandes, mettre en œuvre une planification tenant en compte les spécificités des atouts majeurs, rationaliser et moraliser les dépense excessives des deniers publiques en les soumettant aux audits des instances ad hoc, digitaliser et révolutionner les traitements des opérations de manière à se conformer aux normes universelles et enfin formuler la confiance et l’optimisme dans le domaine du tourisme sans toutefois user de  l’autosatisfaction abusive ni de la flagellation pessimiste. On ne peut jamais réussir avec les données faussées au départ.

L’intellectuel organique transalpin Antonio Gramsci disait à ce propos : «Celui qui ne sait pas d’où il vient, ne peut pas savoir où il va !».

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