Sénégal: le nouveau président dissout l’Assemblée Nationale

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

«Je dissous l’Assemblée Nationale pour demander, au peuple souverain, les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise. Aujourd’hui plus que jamais, l’heure est venue d’ouvrir une nouvelle temporalité à notre quinquennat».

C’est par ces mots que, le jeudi 12 septembre, le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, qui se veut être le chantre d’un panafricanisme de gauche mais qui, faute de majorité, n’a toujours pas pu lancer les chantiers promis durant sa campagne électorale, a annoncé, la dissolution de l’Assemblée nationale, toujours acquise à son prédécesseur Macky Sall.

Cette annonce a été faite juste avant que le Premier ministre Ousmane Sonko, n’ait été appelé à se présenter devant le Parlement pour faire sa « déclaration de politique générale » alors qu’il risquait d’être visé par une motion de censure de la part de la nouvelle opposition.

Ayant fixé, au 17 Novembre prochain, l’organisation de nouvelles élections législatives, le nouveau chef de l’Etat espère qu’à l’issue de cette consultation, il parviendra à obtenir la majorité à même de lui permettre de concrétiser les promesses faites à la plus importante frange de la population du Sénégal ; à savoir, sa jeunesse, du moment que les moins de 35 ans constituent les ¾ de la population totale du pays.

Ainsi, tout en reconnaissant que rien « ne peut être résolu du jour au lendemain», mais en fustigeant une « obstruction systématique de la majorité parlementaire qui, en ramant à contre-courant de la volonté populaire, a rendu impossible toute cohabitation, le président Bassirou Diomaye Faye avait déclaré, la veille, que « le gouvernement travaille d’arrache-pied à mettre en œuvre des politiques publiques adéquates pour donner du travail aux jeunes » afin  qu’ils puissent participer « à la reconstruction du pays » au lieu de tenter, au péril de leur vie, de rejoindre l’Europe via l’archipel des Canaries, comme ce fut le cas la semaine précédente quand au moins 39 candidats à l’émigration clandestine périrent dans le naufrage de leur embarcation au large de la grande ville portuaire de Mbour.

En mettant en cause la gestion, par son prédécesseur,  des finances publiques, et en dénonçant « des dérapages volontairement cachés », « avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une non-maîtrise des subventions et un dérapage dans les tirages sur ressources extérieures », le nouveau chef de l’Etat a, également évoqué, un audit de la Cour des Comptes et promis que le rapport y afférent sera publié et que les responsabilités seront établies «à tous les niveaux de la chaîne administrative et politique».

Mais, comme il fallait s’y attendre, l’ancienne majorité, qui est d’un autre avis et qui estime que le nouveau régime « n’a pas de projet politique et gouverne sans direction », ne peut que dénoncer une véritable « chasse aux sorcières » qui ne dit pas son nom mais qui cible, néanmoins, les anciens dirigeants.

La dissolution de l’ancienne Assemblée nationale va-t-elle donner, au nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, l’occasion de disposer d’une confortable majorité à l’issue des prochaines élections législatives et d’avoir les coudées franches pour mettre en œuvre son programme et concrétiser les promesses faites à la jeunesse du pays durant la campagne électorale alors que l’ancien premier ministre Amadou Ba, qui était arrivé deuxième à la présidentielle, vient d’annoncer le lancement de son nouveau parti ?

Attendons pour voir…

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