La colère s’intensifie

Saoudi El Amalki

Il ne fait pas de doute que la vacance périlleuse qui menace la société marocaine, notamment la jeunesse marquée par l’oisiveté, constitue une préoccupation majeure pour notre jeune pays. Des phénomènes malveillants s’acheminent à grands pas vers la criminalité, la came, le trafic, la violence…, mettant en danger l’ordre public et la sécurité des citoyens et leurs biens. Il faut bien dire que l’évasion massive des jeunes vers les présides de Sebta et Melilia, n’en était en fait, que l’illustration irritante par la ruade collective, à partir de Fnidek. Toutes ces manifestations de malaise et de mal-être auxquelles ne cesse de recourir ce contingent de chômeurs prédisposé à risquer sa vie dans le large de la Méditerranée, traduisent le désespoir extrême qui les hante à l’emporte pièce. Au fait, Jamais le chômage n’a atteint des proportions aussi inquiétantes qu’en ces temps-ci, puisque plus de 70% des jeunes à la recherche du travail, prolifèrent sans cesse et interpellent les décideurs actuels sur la réalité de leurs politiques publiques, en déconfiture ! L’exclusion criante à laquelle sont victimes ces franges de populations marocaines actives, du fait du grincement du processus économique à produire des richesses due au dédain constant d’investir dans le potentiel humain, représente un réel handicap que traîne le pays depuis des lustres, mais fortement intensifié par l’actuelle gouvernance. Parallèlement au mépris strident  qui astreint l’évolution de l’émergence du pays, il importe aussi d’expliquer toutes ces pannes par l’inadéquation de l’apprentissage et de la formation aux opportunités de l’employabilité. Tout ce déphasage traduit immanquablement le chaos du décrochage qui n’arrête de joncher l’école et l’université publiques, ce qui attise de manière frontale une crise structurelle dans les approches socio-économiques adoptées par les départements de tutelle… Dans le sillage de ces échecs chroniques qui foudroient les systèmes d’enseignement et de formation, il y a lieu de s’inquiéter sur les développements des lacunes perpétrés dans les fondamentaux de l’existence de notre pays, par le péril sociétal qu’il génère dans la rue et les déstabilisations qu’il entraîne au sein de la société, agressée jusqu’à la moelle par la cherté de vie et les crève-cœurs auxquels elle est soumise. Les prémices de ce branle-bas collectif qui se manifeste déjà par le débrayage du corps enseignant qui a failli déboucher sur une année blanche, la récidive des étudiants de médecine dont le mouvement protestataire se poursuit jusqu’à nos jours, le soulèvement du personnel médical et infirmier qui asphyxie un service de haute vitalité, l’agitation colossale du peuple à la robe noire…, sont autant de colères qui assènent des signaux peu rassurants à notre stabilité d’exception. Il y a vraiment de quoi être à la fois désillusionné et préoccupé !

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