Le ministre de la santé, El Houssine El Ouardi a appelé, vendredi à Tanger, à l’harmonisation du Programme national de lutte antituberculeuse (PNLAT) aux spécificités épidémiologiques et sociales de chaque région.
Il s’agit, en premier lieu, d’apporter l’appui nécessaire à sa mise en œuvre et, ensuite, de réduire les facteurs de vulnérabilité et de pauvreté via un développement régional et local, a précisé M. El Ouardi à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la tuberculose sous le thème « Régionalisation avancée: nouveau levier de lutte contre les déterminants socio-économiques de la tuberculose ».
Dans une allocution lue en son nom par l’inspecteur général du ministère de la Santé, Lahcen Chtibi, le ministre a souligné l’importance pour l’ensemble des intervenants régionaux et locaux d’intensifier les efforts pour lutter contre la pauvreté et les facteurs de vulnérabilité socio-économique, mais aussi pour les professionnels de la santé de doubler de vigilance afin de garantir un diagnostic précoce de cette maladie et assurer un suivi pointu du traitement.
S’agissant du nombre de cas de tuberculose enregistrés au Maroc, M. El Ouardi a fait état d’un total de 31.542 cas, toutes formes confondues, durant l’année 2016, relevant que l’analyse de la situation épidémiologique de la tuberculose et de sa dynamique au Maroc confirme l’influence importante des déterminants socio-économiques sur l’incidence de cette maladie, en l’occurrence la pauvreté, la malnutrition et l’habitat insalubre.
La lutte antituberculeuse étant l’une de ses priorités stratégiques, le ministère de la Santé a développé un réseau intégré comprenant 60 centres de diagnostic et de traitement de la tuberculose et des maladies respiratoires, a-t-il fait savoir, ajoutant qu’au cours des cinq dernières années, des allocations importantes ont été réservées à l’équipement desdits centres en appareils numériques et en technologies de pointe, notamment de 70 microscopes à fluorescence, de 14 GeneXpert et de 35 appareils de radiologie numérique.
Même son de cloche du côté du président du Conseil régional de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Ilyas El Omari, qui a souligné l’urgence de se doter d’un plan régional de lutte antituberculeuse et de mobiliser les ressources humaines, financières et matérielles nécessaires pour maitriser la maladie dans un premier temps et ensuite la stopper définitivement. Dans ce cadre, M. El Omari a appelé au renforcement des acquis réalisés, notamment en matière de mise à niveau et de construction des centres de diagnostic et de traitement de la tuberculose, d’amélioration des prestations des laboratoires pour répondre à ces besoins et de renforcement de la surveillance épidémiologique, mettant l’accent sur l’importance de l’implication de tous les intervenants en matière de lutte antituberculeuse, ainsi que des départements à caractère social à travers des actions sur les déterminants socio-économiques.Au niveau de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, celle-ci a connu au cours des dernières années une évolution de l’incidence de l’épidémie, avec quelque 4.843 nouveaux cas de toutes les formes de tuberculose enregistrés en 2016, dont 55% des tuberculoses pulmonaires et 43% sont bactériologiquement confirmés, a indiqué M. El Omari, notant que la tranche active de la population, située entre 15 et 34 ans, est la plus touchée par la maladie, conformément aux données communiquées par le ministère.
Le ministère de la Santé, en collaboration avec la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la Ligue marocaine de lutte contre la tuber culose (LMLCT) et d’autres partenaires, célèbre cette année la journée mondiale de lutte contre la tuberculose sous le thème « Régionalisation avancée: nouveau levier de lutte contre les déterminants socio-économiques de la tuberculose », dans l’objectif de renforcer la dynamique de partenariat déjà en marche et d’assurer une meilleure implication des collectivités territoriales.
Par la même occasion, la 4ème campagne nationale de dépistage de la tuberculose a été lancée au Centre de diagnostic de la tuberculose et des maladies respiratoires Bourrakia à Tanger au profit de quelque 14.904 personnes issues de la région, en vue de renforcer le diagnostic précoce de la tuberculose et d’assurer l’accès au traitement aux groupes de populations à haut risque.
Tanger-Tétouan : Al Hoceima : un plan régional 2017-2021
Un mémorandum d’entente pour soutenir la mise en œuvre du Plan régional de lutte antituberculeuse 2017-2021 au niveau de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, a été signé, vendredi à la ville du Détroit, entre la direction régionale de la Santé, le Conseil de la région, la Ligue marocaine de lutte contre la tuberculose (LMLCT) et l’Institut Pasteur du Maroc.
Paraphé par le directeur régional de la Santé, Noureddine Malmouze, la vice-présidente du Conseil de la région chargée des affaires sociales, Soumaya Fakhri, la secrétaire générale de la LMLCT, Ilham Santissi, et la directrice de l’Institut Pasteur, Pr. Naima El Mdaghri, cet accord permettra d’adopter une approche commune de santé publique en vue de contribuer aux efforts de lutte contre la tuberculose et d’améliorer les indicateurs régionaux en la matière. En vertu de cette convention, les parties signataires s’engagent à améliorer le mode de vie des sujets atteints par la maladie et à leur apporter le soutien moral et social nécessaire, à renforcer les activités de lutte antituberculeuse via des campagnes de sensibilisation et de communication et à diffuser les guides et les indicateurs nationaux relatifs au diagnostic, au traitement et à la prévention contre la tuberculose.
Elles s’accordent également à mettre à niveau les établissements sanitaires de diagnostic et de traitement de la tuberculose et à les doter des équipements et du matériel nécessaire, à renforcer les opérations de diagnostic et de traitement dans le milieu des sujets tuberculeux, à développer les capacités des cadres médicaux et à recruter des cadres supplémentaires pour combler le manque, ainsi qu’à apporter l’expertise technique et à accompagner la mise en œuvre de ce plan par la recherche scientifique. Selon les données préliminaires, le plan régional de lutte antituberculeuse devra permettre de réduire le nombre de décès liés à la tuberculose de 40% en 2021 par rapport à l’année 2015.
Plus particulièrement, il s’agit de renforcer la gouvernance du programme de lutte antituberculeuse et d’augmenter à 90% le nombre de cas de tuberculose détectés et le taux de succès thérapeutique à partir de 2018, de hisser à 75% la détection des cas de tuberculose multirésistantes et à 80% leur taux de succès thérapeutique à l’horizon 2021, d’élever à 95% la proportion des malades tuberculeux notifiés qui sont testés au VIH et à 100% la proportion des malades tuberculose/VIH mis sous traitement par le cotrimoxazole et les médicaments antirétroviraux.
(MAP)
