Sport et santé: que des bienfaits!

La sédentarité est une menace réelle pour la santé. Elle entraine et aggrave de nombreuses maladies: cardiovasculaires, respiratoires, rénales, articulaires,  qui ont des répercussions sur la qualité de vie.

Dans un pays comme le nôtre où plus de 60 % de la population ne pratique aucun sport, la sédentarité se caractérise par la réduction progressive de l’effort physique dans la plupart de nos actes quotidiens, comme les activités professionnelles ou domestiques, les déplacements. En résumé, on marche de moins en moins. Il suffit de voir le nombre de voitures qui sillonnent les artères des différentes villes du Royaume pour se rendre compte de cette réalité. On fait de moins en moins d’effort physique, du bureau, on va au café, du café on se rend à la maison. C’est un cercle vicieux qui se répète chaque jour.

Cette sédentarité est dangereuse pour le cœur, surtout  lorsqu’elle est associée à d’autres facteurs de risque comme l’excès alimentaire, l’obésité, le tabagisme, l’alcoolisme, sans oublier aussi l’hypertension artérielle (HTA) qui se définit classiquement par des chiffres de tension supérieurs à 12 / 8. Il faut rappeler que l’HTA évolue à bas bruit et représente de ce fait une véritable bombe à retardement, un vrai danger pour le cœur, car sans entraînement, le muscle cardiaque perd de sa puissance de contraction. Il reçoit et renvoie moins de sang dans le corps. Il fournit moins d’oxygène aux muscles et aux organes et récupère moins vite en cas de crise cardiaque.

C’est dire toute l’importance que revêt aujourd’hui une prise de conscience sur la gravité que représentent l’HTA, l’obésité, le cholestérol, les triglycérides , le diabète et bien entendu la sédentarité, mais aussi les complications inhérentes à toutes ces affections qui peuvent être éviter, mieux contrôler grâce à une activité physique quotidienne. C’est dire l’importance du sport sur notre état de santé tant physique que mentale. Ne dit-on pas : «un esprit sain dans un corps sain».

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«Toute pratique sportive est bénéfique, à condition

de respecter son corps»

Pour lutter efficacement contre la sédentarité et éviter tous les dangers pour sa santé,  la pratique régulière d’une activité physique est le meilleur moyen. Pour aborder ce sujet, Al Bayane a rencontré le docteur  Mohamed Atik, un spécialiste  de la médecine du sport.

Al Bayane : Pouvez -vous nous dire pourquoi c’est si important de pratiquer régulièrement une activité physique?

Docteur Mohamed Atik : L’exercice est bon pour la santé. Par contre, je puis vous affirmer en tant que spécialiste de la médecine du sport depuis plusieurs années, et donc de par mon expérience,  que la sédentarité nuit fortement à la santé.

Donc, pratiquer une activité physique, faire un sport que l’on aime, telle la marche   en plain air, au bord de la mer, la natation, l’équitation, du vélo sont des activités qui  vont permettre de se sentir très bien dans son corps.

L’important c’est de bouger. Nul besoin d’aller dans une salle. Le plein air, la forêt, la montagne c’est mieux et quelle que soit l’activité que l’on pratique, il faut savoir que c’est un moment où l’on ne pense à rien d’autre, où l’on évacue toutes les tensions accumulées durant la journée et surtout c’est un excellent moyen de déstresser. Pour la santé, les avantages d’une activité sportive ne sont plus à prouver.

Donc pour être en pleine forme, il n’y a pas de secret. Il faut pratiquer une activité physique et sportive ou un sport. Il faut que cette pratique soit régulière et au moins trois fois dans la semaine. La durée de chaque séance doit être au minimum d’une demi-heure. Mais tout dépend des capacités des uns et des autres, de l’état de santé,  des conditions physiques, de l’âge et du sexe de la personne …

Pouvez-vous  citer quelques exemples de bienfaits?

La pratique du sport  ou d’une activité physique contribue à une meilleure circulation du sang dans les artères, comme elle permet une augmentation de la puissance du muscle cardiaque. De ce fait, le volume de sang éjecté à chaque contraction cardiaque peut être augmenté de 50 % par l’entraînement.

De même, il y a lieu de noter une meilleure oxygénation des muscles et des organes, une meilleure ventilation pulmonaire.

Il ne faut pas oublier que l’activité physique va contribuer à une plus grande solidité des articulations car les ligaments se renforcent.

En outre et comme vous le savez bien, grâce au sport, on contrôle mieux son poids  et on arrive à faire fondre les graisses, et partant, on devient plus léger et on gagne plus en souplesse.

On a une meilleure estime de soi et on augmente sa qualité de vie. On a des amis qui partagent le même sport, les autres nous respectent plus…

Bref, la liste est longue, mais quoiqu’il en soit, le sport est bon pour la santé et à tous les niveaux. Après une séance de sport, on se sent toujours mieux et on ressent un certain bien-être qui nous envahit. Cette sensation est partagée par celles et ceux qui pratiquent quotidiennement une activité physique.

Parlez nous des effets du sport sur le cœur. Pourquoi,  dit-on toujours que le sport est bon pour le cœur, avant de citer les autres organes?

Il faut savoir que le cœur est un organe noble et qu’il assure des fonctions vitales. De ce fait, il est normal de s’en préoccuper.  S’agissant de la pratique sportive et de ses effets sur le cœur, il ne fait aucun doute que les bienfaits du sport sur le cœur ne sont plus à prouver.  En effet,  plus le cœur est soumis à des séances d’entrainements,  plus  il va progressivement diminuer la fréquence de ses battements, donc moins se fatiguer. La tension artérielle va baisser elle aussi, les parois des vaisseaux vont s’assouplir… Tous ces changements bénéfiques participent à la réduction des risques d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’accidents cardiaques.

L’oxygénation des tissus se fait mieux, de sorte que le cœur et le cerveau en sont les premiers bénéficiaires. Chez les sportifs, le cœur entraîné encaisse mieux les effets accélérateurs du stress.

La pratique d’une activité physique peut-elle faire baisser le cholestérol?

Le sang contient 2 catégories principales de lipides : le cholestérol et les triglycérides. On sait que tous les 2 augmentent la probabilité d’ennuis cardio-vasculaires et que le taux de cholestérol idéal devrait se situer sous les 2 grammes/litre. Or, l’exercice physique régulier réduit de façon nette le taux de triglycérides et du mauvais cholestérol LDL, alors qu’il accroit le bon cholestérol HDL.

C’est dire tous les bénéfices que l’on peut tirer d’une pratique sportive régulière telle la marche. Mais ce bénéfice est transitoire et disparait si on arrête de s’entraîner.

Il ne faut pas s’imaginer que l’on doit faire 20 ou 30 Kms par jour. Il suffit juste de faire de la marche à raison de 30 minutes chaque jour. C’est largement suffisant pour faire baisser définitivement son taux de cholestérol et de triglycérides.

Peut- on concilier sport et hypertension artérielle?

Il faut tout d’abord savoir que l’hypertension artérielle est la cause la plus répandue des maladies cardiovasculaires dans le monde. L’hypertension est aussi une des principales causes d’insuffisance rénale et d’insuffisance cardiaque. Il ne faut pas croire que cette affection concerne uniquement les personnes âgées, c’est faux. Les plus jeunes ne sont pas épargnés, surtout avec  l’alimentation qui est  trop riche en graisses  et en  sel  mais aussi la   sédentarité. De plus en plus de sujets jeunes vont devenir hypertendus.

Il est clair qu’un malade connu hypertendu, qui est suivi par un médecin  et qui est sous traitement, mais qui veut pratiquer ou reprendre une activité physique, doit absolument en référer à son médecin traitant, qui est seul habilité à prendre la décision qui convient le mieux à son patient.

Ceci étant dit, il est clair que la pratique régulière d’une activité physique d’endurance (effort continu prolongé : course, cyclisme, natation.) protège partiellement contre la survenue d’une hypertension artérielle (HTA). De plus, les chiffres tensionnels mesurés chez des patients pratiquant le sport de manière régulière (3 séances de 45 minutes par semaine au minimum) sont en moyenne inférieurs à ceux des non-sportifs. Aussi peut-on affirmer sur la base des nombreuses études sur la question que la pratique sportive régulière est un facteur bénéfique dans la prévention de l’hypertension artérielle.

La pratique du sport en milieu scolaire participe-t-elle au développement des  enfants et à leur épanouissement?

Il est évident que les activités physiques qui sont pratiquées au niveau des établissements scolaires revêtent une grande importance et participent effectivement au  développement physique  et à l’épanouissement de nos enfants.

Des études canadiennes ont démontré que le temps consacré à l’activité physique en milieu scolaire améliorerait la performance scolaire des élèves.

A l’inverse, les jeunes qui ne pratiquent pas d’activité physique en milieu scolaire ont tendance à prendre du poids et à présenter des affections.

Il faut encourager la pratique d’activités physiques en milieu scolaire, apprendre à l’enfant dès son jeune âge à bouger, à faire le sport qu’il aime le plus et à en mesurer tous les bienfaits et les bénéfices pour sa santé. C’est de cette manière que nous pourrons participer à former des générations de citoyens plus sains  et que nous pourrons prévenir de nombreuses maladies liées à la sédentarité et aux mauvaises habitudes de vie qui nuisent telles le tabagisme, la drogue, l’obésité.

Mais il faut dire que dans la grande majorité des cas, les moyens sont limités. Les espaces dédiés aux activités physiques destinées aux jeunes, le matériel, les encadrants bien formés sont en deçà des attentes et il est souhaitable que tous les départements concernés puissent s’impliquer pour permettre aux jeunes de pouvoir bénéficier de cours d’activité physique quotidiennement.

Un  enfant asthmatique peut – il faire du sport?

Il est vrai que pendant de nombreuses années, on a cru que les asthmatiques ne pouvaient et ne devraient pas pratiquer une activité sportive ou entreprendre  des exercices physiques exigeants. Aujourd’hui, grâce aux nombreux progrès qui sont réalisés par la médecine, et notamment la médecine du sport, on sait que c’est faux.

Quand un enfant est connu asthmatique, et qu’il est bien suivi par son médecin, et qu’il prend son traitement régulièrement, la pratique de l’activité physique chez cet enfant va lui permettre d’améliorer son estime. Il aura plus de confiance en lui– même. Il ressentira un bien-être physique et psychologique.

Tous ces éléments permettent de confirmer que la plupart des enfants dont l’asthme est maîtrisé peuvent participer normalement aux activités physiques et aux programmes d’exercices qui sont bien encadrés et il faut insister sur les conseils éclairés du médecin traitant.

Quelles sont les activités physiques et sportives que vous conseillez?

Personnellement, je dirais que toute pratique sportive est bénéfique, mais à condition de respecter son corps, de savoir l’écouter. Si aucune contre indication n’est signalée par le médecin, je dirai que  la  marche est en bonne position. Elle est facile à organiser et ne coûte rien. De plus, on peut l’intégrer facilement à ses activités quotidiennes.

On peut également pratiquer le footing, la natation, la musculation, un sport collectif et bien d’autres. L’important est d’y consacrer au moins 30 minutes par jour.

Pour pratiquer un sport, vous pouvez aller dans une salle, en faire chez vous, seul ou avec des amis, le choix est vaste.

Que pouvez-vous dire à nos lecteurs?

Je voudrais insister sur la pratique sportive en plein air, sur la pratique du sport que vous aimez faire. Je conseille aussi aux personnes âgées de consulter  leur médecin avant de  se mette à faire du sport.

Je rappelle par ailleurs que les principaux facteurs de risques cardiovasculaires tels que le tabagisme, l’HTA ou l’hypercholestérolémie, ainsi que l’obésité, la sédentarité…. représentent de problèmes de santé pour des millions de citoyens et que grâce à la pratique d’une activité physique et sportive adaptée, quotidienne , on pourra  lutter efficacement  contre ces facteurs de risques.

Ouardirhi Abdelaziz

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