Paisible pour les uns, fabuleuse pour les autres, Assilah a toujours exercé une séduction exceptionnelle sur les visiteurs comme les artistes en tant que haut lieu de pèlerinage culturel et patrimonial.
Classée patrimoine historique par ses multiples monuments historiques, témoins du passage de plusieurs civilisations dans cette ville, Assilah attire les amoureux de la culture et des arts par la propreté de ses rues, la pureté de ses lignes et sa muraille quasi-intacte du XVe siècle qui limite avec la mer.
L’ancienne ville d’Assilah, considérée comme une merveille d’architecture historique, a vécu sous l’occupation d’anciennes civilisations notamment phénicienne, carthaginoise, romaine et arabe. Elle fut occupée par la suite par les Portugais et les Espagnols, fait savoir le président de l’association Ibn Khaldoun de recherche historique et sociale à Assilah, Mustapha Zayan, dans un entretien accordé à la MAP.
« Ville au passé tumultueux pendant plus de deux millénaires, envahie par les Carthaginois, puis par les Romains, et ayant résisté aux assauts des Normands venus de Sicile au 10ème siècle, Assilah passa ensuite aux mains des Omeyades de Cordoue en 972, avant de tomber sous la domination portugaise en 1471, explique M. Zayan.
Après la fameuse bataille des Trois Rois en 1578 où le roi du Portugal trouva la mort, leur succédèrent les Espagnols, et ce n’est qu’à la fin du 17-ème siècle que le sultan Moulay Ismail leur reprend la cité, souligne-t-il.
Au début du 20-ème siècle, Assilah deviendra le repaire de Raissouni, bandit célèbre du Rif, qui rançonnait les populations et qui sera finalement chassé par les Espagnols en 1924, qui resteront maîtres de la ville jusqu’à l’indépendance, indique M. Zayan.
L’entrée habituelle à la Médina se fait via l’arc de Bab Kasbah, à travers une des murailles portugaises des mieux conservées, datant du XVe siècle. Une fois sur la rue principale, on retrouve à droite le Centre Hassan II des Rencontres Internationales, qui prend une tonalité particulière lors du Moussem culturel international d’Assilah.
A la droite de cette même rue on retrouve la Grande mosquée de minaret octogonal, qui bénéficie d’opérations de réhabilitations et restauration. Plus loin on arrive à la Place Ibn Khaldoun où s’érige la majestueuse tour portugaise Borj Al Kamra, qui se distingue par son architecture médiévale européenne. Elle fut édifiée en 1509 sous les ordres du Roi du Portugal Emmanuel 1er pour servir comme résidence à sa fille mariée au gouverneur portugais d’Assilah.
En face de ce site s’élève un autre monument historique en l’occurrence Al Masjid Al Akbar (la grande mosquée). Cette mosquée fut construite sur les vestiges d’une ancienne église. D’une blancheur immaculée, elle se distingue par ses multiples arcs et colonnes dont l’architecture ressemble à celle des mosquées tunisiennes.
Un peu plus loin se dresse le Palais Raïssouni qui s’impose comme un joyau architectural avec la blancheur de ses grands murs épais et ses tuiles de couleur ocre.
Actuellement, ce palais abrite un complexe culturel composé d’ateliers d’art plastique et de sculpture, d’un espace aménagé pour les activités culturelles et artistiques et d’une maison d’hôtes destinée aux invités du Moussem d’Assilah.
De là, la meilleure option est de se laisser emporter par les pas à travers les bazars et galeries d’art jusqu’arriver à l’incomparable mirador de Krikia près du mausolée de Sidi Ahmed Al Mansour, un endroit unique de style romain ayant une vue merveilleuse sur la plage rocheuse de Lalla Rahma.
Sur ce lieu, une avancée du bastion formant une sorte de balcon, des familles, des couples et des petits groupes de jeunes gens, assis sur les murets, contemplent la médina blanche se noyer doucement dans le crépuscule.
En contrebas, sous les feux d’un soleil qui tarde à s’éteindre, l’océan Atlantique déroule avec fracas ses rouleaux gris vert.
Malika Mojahid (MAP)