Ce sont plus de deux millions de Libériens qui, le 10 Octobre dernier, avaient été appelés pour élire leurs parlementaires et désigner, parmi les vingt candidats en lice, le successeur de la Présidente Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d’Etat en Afrique.
Le vainqueur de cette élection présidentielle aura fort à faire pour tourner définitivement la page de la guerre civile qui, de 1989 à 2003, a fait quelques 250.000 morts et redresser une économie dévastée, de 2014 à 2016, par l’épidémie d’Ebola au moment où les dépenses de santé et les fuites de capitaux, amplifiées par une très forte baisse des cours du minerai de fer et du caoutchouc et une production d’or inférieure aux attentes, avaient considérablement pesé sur la croissance.
Au terme de cette consultation qui avait fortement mobilisé les libériens puisque les bureaux de vote étaient restés ouverts plus tard que prévu, le sénateur George Weah, légende du foot-ball africain qui a recueilli 572.000 voix soit 39% des suffrages exprimés et le vice-président Joseph Boakai avec 427.000 voix et 29,1% des suffrages doivent s’affronter au deuxième tour le 7 novembre prochain.
Or, même si les observateurs internationaux du Centre Carter notamment ont considéré que le scrutin s’est bien passé, Charles Brumskine, le candidat du Parti de la Liberté, arrivé en troisième position avec 9,8% des suffrages exprimés, ne s’est pas privé, de son coté, de dénoncer des «fraudes» et de «grossières irrégularités».
Ainsi, non content de se limiter à jouer les trouble-fête d’un deuxième tour s’il a lieu, ce dernier a sollicité la commission électorale nationale pour l’annulation du premier tour. «Nous demandons à la commission électorale de suspendre la tenue du second tour tant que notre plainte n’aura pas été examinée» dira Abraham Darius Dillon, le porte-parole du Parti de la Liberté, avant d’ajouter, qu’en cas de refus, il sera demandé à la Cour Suprême d’adopter une ordonnance suspendant la tenue du deuxième tour car « ce qui est en jeu, sur le fond, c’est la survie et l’amélioration du système électoral pour qu’il traduise vraiment la volonté et les espoirs du peuple».
En conséquence, si la commission électorale accède à la demande du Parti de la Liberté, ce sont plus de 2 millions d’électeurs qui devront retourner aux urnes pour départager, encore une fois, les 20 candidats qui s’étaient affrontés au premier tour.
La présidente sortante et prix Nobel de la Paix 2011, Madame Ellen Johnson Sirleaf, qui ne pouvait plus se représenter après son deuxième mandat à la tête du pays, a estimé que le Libéria est «prêt pour la transition».
Puisse-t-elle dire vrai et puissions-nous assister à l’émergence d’un Libéria prospère et démocratique pour le bien de l’Afrique et du monde!
Nabil El Bousaadi