Au cours de la dernière décennie, nous avons constaté une évolution des actes du harcèlement dans les lieux du travail. A la pénibilité physique se sont ajoutées, donc, d’autres formes de souffrances. On parle aujourd’hui de plus en plus de «risques psychosociaux». Ces risques professionnels sont d’origine et de nature multiples. Ils mettent en danger l’intégrité physique et la santé mentale des salariés et impactent par conséquent le bon fonctionnement des entreprises.
D’une manière générale, les problématiques de la santé et de la qualité de vie préoccupent fortement les managers. Une absence de prise en compte des risques psychosociaux peut générer chez le salarié des troubles de plusieurs types : stress, épuisement professionnel, addiction au travail, violence au travail ou encore un harcèlement moral ou sexuel. Si la question du harcèlement moral est complexe et délicate, elle nous interpelle parce qu’elle touche, malheureusement, un nombre croissant de travailleurs.
Le terme «mobbing» -ou harcèlement d’ordre psychosocial dans le cadre de vie professionnelle -désigne des manifestations d’hostilité, sous forme d’actes ou de paroles, de la part d’un individu ou d’un groupe d’individus contre une personne déterminée. Le mobbing intervient lorsque trois conditions sont remplies: ces actes doivent à la fois être ressentis comme hostiles, se répéter fréquemment et se prolonger pendant une certaine période. Dans la réalité, comment cela se passe-t-il ? Le comportement de l’auteur ou des auteurs du mobbing conduit à empêcher la victime de s’exprimer et de communiquer avec efficacité, de maintenir de bons contacts avec son entourage, de préserver la considération dont elle bénéficie et même de rester en bonne santé! Cela peut aboutir à priver la victime de toute activité gratifiante (professionnelle ou sociale) et la conduire à une intense dévalorisation de soi.
Le stress au travail peut être une cause de harcèlement moral. La distinction entre le stress au travail et le harcèlement moral se situe surtout au niveau des conséquences pour les victimes. Celles-ci sont plus lourdes en cas de harcèlement moral en raison de la présence de l’intention de nuire et d’humilier.
En cas de stress relevant du travail, il peut être question de surcroît de travail ou de manque de soutien ou d’aide, mais l’intention de nuire n’est pas présente ou n’est pas ressentie comme telle. Il n’empêche que le stress au travail peut causer un dommage physique ou psychique, tel qu’on le constate en cas de burn-out : un état dépressif trouvant son origine dans le stress lié au travail ou à l’excès de fatigue.
La durée du harcèlement moral diffère de celle des taquineries journalières au travail. Des études suédoises, nordiques et allemandes nous apprennent que la durée du harcèlement moral varie entre 15 et 47 mois. En général, le harcèlement moral touche les travailleurs nouveaux dans l’environnement de travail, mais il peut également viser des personnes qui comptent déjà une certaine ancienneté. Le risque de harcèlement moral augmente en cas de changements fréquents de personnel, de nouveau chef ou de transfert d’un collaborateur vers un nouveau lieu de travail.
Les femmes sont deux fois plus souvent victimes du harcèlement moral que les hommes. Elles sont également tentées d’introduire plus rapidement une plainte et de chercher de l’aide que les hommes. Les femmes travaillent souvent dans des secteurs où le risque de harcèlement moral est plus important ou à des postes subalternes et elles sont de ce fait moins représentées dans les fonctions dirigeantes.
Les auteurs de harcèlement sont plutôt des hommes que des femmes. Cela résulte également de la sous-représentation des femmes aux postes de direction et du fait que le harcèlement provient souvent de la hiérarchie. Les femmes harcèleraient plutôt les femmes et les hommes, leurs collègues masculins, mais il arrive souvent que les femmes soient uniquement harcelées par des hommes. Le contraire, notamment que des hommes seraient uniquement harcelés par des femmes, est très rare. Souvent, le harcèlement émane de plusieurs personnes.
Autre point qui différencie hommes et femmes, c’est la motivation donnée aux intimidations et aux violences. Les femmes dégagent davantage de facteurs liés à la personne ou la personnalité du harceleur, tels des sentiments de jalousie et de convoitise. Les hommes imputent le harcèlement plutôt aux inégalités financières. Les réactions qui font suite au harcèlement diffèrent aussi entre les hommes et les femmes. Alors que ces dernières sont animées de sentiments de rage, de colère et de tristesse, les hommes tentent de cacher les effets du harcèlement pour leur entourage (famille, amis).
Les répercussions sur la santé de l’employé
Le vécu des victimes de harcèlement psychologique est tragique. Lorsque l’on porte atteinte à ses conditions de travail, lorsqu’on l’isole et refuse de communiquer avec elle, lorsque l’on porte atteinte à sa dignité, lorsque l’on a recours envers elle à la violence verbale, physique ou sexuelle, la personne harcelée vit une grande détresse psychique. Elle est profondément blessée et atteinte dans son droit inaliénable à l’intégrité et à la dignité. Les conséquences sont encore plus désastreuses si la victime s’isole. Au début, les symptômes seront diffus; la personne se sentira nouée, tendue. Lorsqu’elle ne reçoit pas d’aide psychologique, sa santé
mentale et physique se détériorera notablement. Elle se sentira surmenée en raison de l’apparition de troubles du sommeil, d’insomnies fréquentes, de perte d’appétit, d’amaigrissement. Elle perdra peu à peu tout intérêt pour son entourage, ses activités et son travail. Elle développera des phobies, des peurs ; s’inventera des scénarios catastrophiques imaginaires. Elle souffrira de dépression et, dans les cas les plus sévères, elle perdra contact avec la réalité et à la longue, sombrera dans des épisodes de délire paranoïaque. Malheureusement, la victime de harcèlement qui se replie ainsi sur elle-même en viendra à poser des gestes désespérés. Plusieurs y parviendront sans que personne n’ait rien décelé du drame humain qui se tramait derrière cette image, apparemment sans faille. Oui, le travail tue. Et si c’était vous…
*Employé qui démontre un savoir-faire et un savoir-être exceptionnels ou qui possède des compétences, des talents et des attributs hors du commun, lesquels peuvent faire naître chez l’autre une profonde insécurité.
Pour les victimes de harcèlement moral, les conséquences peuvent être lourdes. Les symptômes physiques, psychiques et psychosomatiques sont bien établis. On peut citer, à titre d’exemple, le stress, la dépression, la perte d’amour-propre, la culpabilité, les phobies, les troubles du sommeil, les troubles digestifs et les troubles musculo-squelettiques. Sont également courants chez les victimes de harcèlement moral les troubles de stress post-traumatique, semblables à ceux consécutifs à d’autres expériences traumatisantes, comme un sinistre ou une agression. Ces symptômes peuvent persister pendant des années après les incidents.
Le harcèlement moral peut entraîner d’autres conséquences, telles que l’isolement social, des problèmes familiaux et financiers dus aux absences au travail ou au licenciement. Le harcèlement moral a également un coût pour l’entreprise, du fait de l’augmentation de l’absentéisme, de la rotation de personnel qu’il entraîne, ainsi que par la réduction de l’efficacité et de la productivité qu’il génère. Un coût, non seulement pour les victimes, mais également pour les autres salariés qui souffrent du mauvais climat psychosocial qui règne au sein du milieu de travail. Les effets du harcèlement moral peuvent également se révéler coûteux sur le plan juridique.
Khadija Bellam
(Marketing blogger)
bonsoir,
vous dites que les femmes sont doublement touchées par le harcèlement moral que les hommes …. quels sont vos sources ?
Merci