Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) ont mercredi prochain un rendez-vous avec l’Histoire à Kigali. Réunis en sommet extraordinaire à la demande du nouveau président de l’UA, Paul Kagame, les dirigeants africains devront se prononcer sur le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), un projet en gestation depuis 40 ans et dont la mise en œuvre accuse déjà une année de retard par rapport aux prévisions.
La rencontre de Kigali s’annonce ainsi cruciale pour l’avenir de l’Afrique, car la création d’une zone de libre-échange africaine fera du Continent la plus grande union douanière au monde jamais établie depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce.
Conscient des enjeux de la mise en place d’un tel espace économique, le président rwandais a tenu à rappeler aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, dans sa lettre d’invitation à ce Sommet, que la zone de libre-échange continentale constitue un pacte historique dont la concrétisation représente une avancée majeure pour l’intégration et l’unité africaines.
La ZLEC fera du Continent l’une des plus grandes économies du monde, assure pour sa part le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, qui croit dur comme fer que ce projet renforcera tant la position de l’Afrique dans le commerce international, que la capacité du continent à interagir sur un pied d’égalité avec les autres blocs économiques mondiaux.
A la veille de ce Sommet, les délégations gouvernementales devront se joindre aux dirigeants d’entreprises africaines et à d’autres parties prenantes pour échanger les vues sur la transformation économique du Continent à travers le commerce.
Cette journée spéciale, baptisée « Sommet des affaires », sera l’occasion d’aborder la question de la libéralisation progressive des échanges commerciaux en Afrique dans les années à venir et les opportunités qu’elle offre aux opérateurs économiques du Continent en termes de coopération.
L’association du secteur privé à ce projet n’est nullement fortuite. Sa contribution est fondamentale voire décisive car le succès de la future zone de libre-échange africaine dépend d’une collaboration étroite entre décideurs politiques et acteurs économiques.
Ce point de vue a d’ailleurs été également soulevé par le président Kagame. “Nous avons besoin d’un soutien actif de la part du secteur privé. Sans vous, il manque quelque chose d’essentiel », résume-t-il.
La zone de libre échange continentale africaine est un projet phare de l’Agenda 2063, la vision à long terme de l’UA pour une Afrique intégrée, prospère et pacifique. Son aboutissement permettra assurément de transformer l’avenir de millions d’Africains en renforçant les relations économiques et commerciales entre les pays du continent.
Avec un marché africain de plus de 1,2 milliard d’habitants et un produit intérieur brut (PIB) de 2,5 billions de dollars, la ZLEC signifie, pour nombre d’experts, la prospérité et la fin de la pauvreté. Elle est aussi synonyme de création d’emplois pour les jeunes, et de paix et de sécurité pour l’ensemble des populations du Contient.
Mais actuellement l’Afrique commerce beaucoup moins avec elle-même qu’avec le reste du monde. Les chiffres sont têtus. Les échanges intra-africains ne dépassent guère les 16%, contre 19% en Amérique latine, 51% en Asie, 54% en Amérique du Nord et 70% en Europe.
La mise en place d’une zone de libre-échange s’avère donc indispensable pour l’intégration panafricaine. Avec sa concrétisation, le commerce intra-africain devra s’élever à 53% en éliminant les droits d’importation et les barrières non tarifaires. Ainsi, le rêve d’une Afrique sans frontières passe un cap.
ES: Mohammed Hamiddouche (MAP)