Boycott: Le gouvernement défend les agriculteurs

Après trois semaines de silence radio, le gouvernement a enfin réagi sur la campagne de boycott visant trois marques, leaders dans leurs secteurs, à savoir, l’eau minérale Sidi Ali, le lait de Centrale Danone et le distributeurs d’hydrocarbures Afriquia.

C’était à l’occasion du Conseil de gouvernement, tenu jeudi dernier. Le ministre de l’Intérieur et son confrère des Affaires générales et de la gouvernance se sont surtout attelés au boycott du lait de Centrale Danone, mettant en garde contre la diffusion de données erronées. Ils ont pris, tour à tour, la défense de la filiale de la multinationale française Danone, en détaillant notamment la composition des prix et l’impact du boycott sur les agriculteurs.

Lahcen Daoudi qualifie la marge de bénéfice de Centrale Danone de «raisonnable», ne dépassant pas 20 centimes par litre. De plus, «aucune augmentation n’a été appliquée sur le prix de ce produit depuis 2013». Le gouvernement alerte également sur l’impact des données véhiculées sur l’économie nationale. Si le boycott est maintenu, le marché devra recourir à l’importation pour répondre à la demande, alors qu’il a déployé d’importants efforts pour s’auto-suffire en cette matière à hauteur de 96%. Pour l’heure, la collecte de lait est maintenue, en dépit de la baisse de la demande pour ce produit.

Par ailleurs, le gouvernement avertit sur les retombées négatives de cette campagne de boycott sur les agriculteurs et leurs intérêts. L’on prévient que la poursuite de ce boycott pourrait causer d’énormes pertes à 460.000 agriculteurs et 120.000 éleveurs, en plus du tissu économique et de la réputation du pays qui seront gravement affectés. Surtout que cette période connait un pic de production du lait, dont la durée de consommation est limitée. D’autant que cette matière connaît une forte demande atteignant son pic durant le mois de Ramadan. Ce que l’on craint surtout, c’est que la filiale de la multinationale française ferme boutique. Mardi dernier, Lahcen Daoudi avait  laissé entendre devant les conseillers que Centrale Danone envisageait de quitter le Maroc.

Face à l’ampleur de ce mouvement, le gouvernement s’en prend aux réseaux sociaux. Un communiqué de la primature, publié à l’issue du Conseil de gouvernement, indique que le gouvernement ne tolérera sous aucune forme l’utilisation des réseaux sociaux pour publier des informations de mauvaise foi, ou des rumeurs pouvant impacter les acquis réalisés au Maroc à différents niveaux économiques, sociaux, politiques et sécuritaires. Pour le gouvernement, cette campagne de boycott ne relève pas de la liberté d’expression.

Pour autant, le gouvernement réitère son souci de garantir le pouvoir d’achat des citoyens ainsi que sa détermination à contrôler le marché et la qualité des produits nationaux, tout en veillant avec toute fermeté à lutter contre toutes les tentatives visant à porter préjudice aux entreprises marocaines et à l’économie nationale, ajoute le communiqué. Toutefois, une évaluation des dispositions légales en vigueur, en l’occurrence celles relatives aux prix et à la concurrence.

Rappelons que la filiale marocaine de la multinationale Danone avait réagi sur le boycott de ses produits à travers un communiqué dans lequel elle affirme que «le prix du lait est resté inchangé depuis 2013, en dépit d’une hausse continue de ses coûts». Elle y indique également sa volonté de continuer à agir fortement pour satisfaire ses consommateurs en desservant quotidiennement 78.000 points de vente.

Hajar Benezha

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