Les sanctions de Trump contre l’Iran…

Deux semaines après le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en Juillet 2015 par les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité, l’Allemagne et l’Iran pour empêcher la République islamique de se doter de l’arme atomique, Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères et ancien directeur de la CIA, a promis que son pays va exercer contre l’Iran, une «pression financière sans précédent (et) les sanctions les plus fortes de l’Histoire».

En présentant la nouvelle stratégie qu’adopteront les Etats-Unis après leur retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, le Chef de la diplomatie américaine a assuré que l’Iran n’aura «plus jamais carte blanche pour dominer le Moyen-Orient» et que les Etats-Unis vont «traquer les agents iraniens et leurs supplétifs du Hezbollah à travers le monde entier pour les écraser».

Pour la signature d’un nouvel accord aux lieu et place du précédent – qui est aux yeux du Président Trump le « pire » accord que son pays ait pu signer – et la levée des sanctions imposées à l’Iran, le diplomate américain a énuméré douze conditions draconiennes portant tant sur le volet nucléaire et la fin de la prolifération balistique que sur l’implication de la République Islamique iranienne dans les conflits au Moyen-Orient. Ces mesures se présentent comme suit :

Sur le plan du nucléaire, l’Iran doit reconnaître la dimension militaire passée de son programme, cesser tout enrichissement d’uranium, fermer son réacteur à eau lourde, donner aux inspecteurs internationaux accès sans conditions à tous les sites du pays, mettre fin à la prolifération des missiles balistiques, mettre fin au développement et aux essais de missiles à capacité nucléaire.

Sur le plan militaire, l’Iran doit se retirer de Syrie, cesser de soutenir les groupes terroristes (Hizbollah, Jihad islamique palestinien, Taliban, Houtis du Yémen, Hamas…), cesser de s’ingérer dans les conflits et les affaires de ses voisins, cesser de menacer ses voisins (Israël et l’Arabie Saoudite).

Sur le plan diplomatique, les Etats-Unis exigent  la libération de tous les ressortissants américains – et de leurs alliés – détenus en Iran, la reconnaissance du gouvernement irakien.

Le diplomate américain en a profité, également, pour demander le soutien des alliés européens de Washington et pour leur signifier que les entreprises européennes qui collaboreront avec des sociétés iraniennes œuvrant dans des secteurs interdits par les sanctions américaines «seront tenues pour responsables».

En réponse aux menaces américaines, le président iranien Hassan Rohani a déclaré ce lundi, que « le monde d’aujourd’hui n’accepte pas que les Etats-Unis décident pour lui » avant de demander au diplomate américain : «Qui êtes-vous pour décider pour l’Iran et pour le monde (alors que) l’époque de telles déclarations est révolue ?»

N’oublions pas que pour donner une suite favorable au souhait des pays européens signataires de l’accord précité – à savoir la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne – de voir l’Iran «rester» dans cet accord, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi avait conféré à ces derniers, lors d’une réunion de la Commission des Affaires étrangères du Parlement iranien, un délai allant de «45 à 60 jours pour donner les garanties nécessaires pour assurer les intérêts de l’Iran et compenser les dommages causés par la sortie des Etats-Unis» avant de déclarer que «si les européens ne donnent pas de garanties, il reviendra aux responsables du pays de prendre les décisions nécessaires», entendez par-là,  une poursuite par l’Iran de ses opérations d’enrichissement de l’uranium.

Les garanties exigées par Téhéran pour rester dans l’accord encadrant son programme nucléaire sont une condamnation, par le Conseil de Sécurité des Nations-Unis, du retrait unilatéral de Washington ainsi que le maintien du Plan Global d’Action Conjoint (PGAC) qui permet la poursuite des transactions bancaires entre l’Iran et l’Europe, de la vente du pétrole iranien et des investissements européens en Iran.

Au vu de tout cela et du fait que les autres pays non-européens signataires de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien à savoir la Russie et la Chine – qui reste, de fait, le premier partenaire économique et commercial de l’Iran – ne suivront pas nécessairement Washington, il semble, à première vue, que le Président Trump va, encore une fois, faire cavalier seul et que les sanctions qu’il entend appliquer à l’Iran ne seront qu’un énième coup d’épée dans l’eau mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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