Agadir, la première station balnéaire du royaume et l’une des plus belles baies du monde, n’arrive toujours pas à soigner son image de marque. Ses entrées, aussi bien au sud qu’au nord, semblent quelconques et passent pour un simple faubourg de transition, sans aucune recherche novatrice singulière.
Quand on descend du côté de la citadelle, quoiqu’elle surplombe cette baie somptueuse, on a l’air d’entamer la double voix du boulevard Mohamed V, sans distinction innovante qui annonce l’entrée en ville. De l’autre côté opposé, on a aussi l’impression qu’on amorce le boulevard Hassan II, sans la moindre étincelle d’accueil. D’autant plus que, une fois le large giratoire passé, on débouche sur cet encombrement causé par l’arrêt des taxis. Du côté de la route nationale 8, rien d’avenant non plus, comme si la ville n’avait pas de matière grise pour embellir cette issue mondaine.
La fontaine, symbole de rafraîchissement et de vitalité de la vie citadine, n’a pas de place dans le glossaire de la ville de l’Inbiâte. Depuis des lustres, on tentait d’en planter quelques-unes, par-ci, par-là. Mais, sitôt érigée, sitôt acculée à la négligence ! A commencer par les fontaines de la place Al Amal qui, à l’époque, donnaient à ces lieux de détente une sensation de douceur, par leur luminosité et leur mouvement saccadé de haute splendeur. Il n’en est plus rien, même pas la place elle-même, défoncée et laissée pour compte.
Et puis, à quelques dizaines de mètres, à la place Ait Souss, se dressent deux fontaines, la première, plus grande du côté du théâtre de verdure, la seconde sur l’esplanade de la chambre de commerce, d’industrie et de services. A peine elles eurent le temps de se dégourdir les jambes, que lesdites fontaines sont renvoyées aux calendes grecques. Même le propriétaire du café du coin dit le malheur de baptiser son local du nom de cette réalisation publique qui n’a pas résisté non plus aux manies de l’abandon !
Les dernières en date ne sont autres que les fontaines initiées par le conseil provincial, réparties dans le secteur touristique et balnéaire. Là encore, on est devant un lamentable gâchis, puisque les fontaines en question ont vite craqué face à la démission. Agadir n’a pas donc de chance avec ses fontaines ! Est-ce le cas de le dire où estime-t-on que la fontaine serait un luxe ? Les tentatives échouées, jusqu’à présent, dans ce sens, témoigne d’un déficit flagrant en termes d’aménagement du cadre citadin où l’esthétique revêt une importance potentielle dans la politique de la ville.
Or, cette conception est quasiment absente dans le montage citadin d’une métropole satellite comme Agadir. Les entrées mièvres et les fontaines caduques témoignent donc de cette déchéance aussi bien chez les élus que les institutions publiques de compétence.
Aujourd’hui, conscientes de cette priorité qui s’avère de plus en plus, foncière, même les petites villes à revenus bien inférieurs que ceux d’Agadir, s’attellent à doter leurs espaces de vues plus attrayantes, à travers des architectures savamment et joliment conçues. On déplorera alors ces manquements inventifs dans l’esprit des différents décideurs qui continuent à tourner le dos aux créateurs et concepteurs paysagistes dont regorge la région. A bon entendeur!