L’officialisation de l’Amazigh renvoyée aux calendes grecques

Les fervents défenseurs de la langue amazighe devront encore prendre leur mal en patience.

Les projets de loi organique officialisant cette langue sont toujours bloqués au niveau de la commission de la culture et de l’éducation à la Chambre des représentants. Les deux textes ne figurent pas à l’ordre du jour des travaux de la commission. Amina Faouzi Zizi, membre de la commission de la culture, explique que la priorité sera donnée à l’examen des budgets sectoriels.

En tout cas, l’adoption de ces projets de loi était très attendue lors de la précédente session parlementaire. Les formations politiques n’ont pas pu parvenir à un consensus, au sein même de la majorité. Au point que le dépôt des amendements ait été ajourné à plusieurs reprises lors de la session d’avril. Un comité comprenant un représentant de chaque groupe parlementaire a été mis en place pour accélérer la cadence, indique la députée PJD. Plusieurs réunions ont été tenues dans le cadre du comité dans l’espoir d’entériner ce chantier après l’adoption de la loi de finances 2019.

Vraisemblablement, la volonté politique manque lorsqu’il s’agit d’aller jusqu’au bout sur ce dossier consacré par la Constitution de 2011, comme le souligne Abdellatif Ouammou, conseiller parlementaire. On aura compris que l’officialisation de l’amazigh constitue le dernier souci de la classe politique. D’ailleurs, Abdellatif Ouammou affirme que « la majorité des forces politiques ne manifestent pas un enthousiasme à l’égard de ce chantier ». Il dénonce également la pression des lobbies arabophone et francophone.

L’amour de ces deux langues ne serait qu’un artifice pour retarder davantage le chantier. Le Maroc ne semble pas prêt à généraliser l’amazigh. Sur le terrain, «il serait très difficile d’appliquer la loi officialisant l’amazigh dans un pays où la langue officielle, en l’occurrence l’arabe, est elle-même marginalisée», prévient Ouammou.

En effet, l’intégration de l’amazigh dans des secteurs tels que l’enseignement et l’administration ne sera pas chose facile. Surtout que certaines dispositions du projet de loi organique sur l’amazigh manquent de clarté ou, du moins ne répondent pas suffisamment aux attentes du mouvement amazigh. Parmi elles, l’enseignement de l’amazigh limité par le projet de loi au cycle primaire.

Hajar Benezha

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