Il y avait un temps où le tourisme, dans sa globalité, fleurissait telle une prairie de coquelicots. La première station balnéaire du royaume respirait à pleins poumons, les splendeurs d’une nymphe naissante.
Des contingents scandinaves ou encore germaniques, entre autres, ne cessaient de prendre d’assaut, la nomenclature d’accueil fraîchement édifiée ornée pour la circonstance. Plus de 150 agences de voyage, viscéralement plantées en ville, jalonnaient les divers environs pour des excursions du Maroc profond. A l’époque, la cité ocre était à «l’ombre» de la valse qui ravivait l’entrain de son homologue du sud.
Sans rien enlever de son mérite, fondé par les professionnels de cette destination patrimoniale. Agadir aura, à coup sûr, la recrudescence que connaît actuellement Marrakech, en matière de promotion de l’industrie du tourisme, au point de supplanter tous ses pairs du pays. Et c’est tant mieux pour une offre nationale aux saveurs édéniques!
Mais, on s’interrogera, en revanche, sur la décadence chronique du premier maître à jouer du solfège touristique qu’est Agadir dont les notes musicales avaient servi de tremplin pour l’embellie de la ville aux palmiers. Apparemment, plus de secret à ce quiproquo qui semble révolter la communauté locale aux souvenirs nostalgiques de la béatitude du tourisme de naguère.
A notre sens, comme disait le penseur français, Louis Althusser : «Rien n’est gratuit, tout a un sens!», le fléchissement du secteur est manifestement dû à deux facteurs concordantes. Tout d’abord, il convient de mettre en évidence l’échec cuisant en termes de gouvernance de la chose touristique dont avait fait preuve une cohorte salariale de décideurs locaux du domaine, aussi bien à la tête du Conseil Régional du Tourisme que les différents partenaires, notamment la ville, sans aucune vision ni visibilité par rapport à ce secteur vital.
On évoquera, non sans amertume non plus, l’abandon systémique du rôle de l’Etat dans l’accompagnement de la progression du secteur dans une contrée résolument tournée vers le tourisme, depuis sa reconstruction au lendemain du séisme de 1960. Au fil du temps, après un intérêt notoire de feu Hassan II pour la destination, l’Etat se désengageait de cette mission, reléguant ainsi au second plan cette bienveillance collective déclenchée par feu Mohamed V, non seulement au tourisme, mais à tous les domaines.
Les investissements publics se raréfient affreusement. Les vols directs vers Agadir sont froidement supprimés. Les budgets de promotion touristique sont filtrés au goutte à goutte. Les infrastructures hôtelières étatiques sont renvoyées aux calendes grecques. Plus qu’une vingtaine de voyagistes sillonne encore les pays d’Imouzzer et consorts, toujours en piètre état, en dépit de leur aspect naturel attractif… Du pain sur la planche pour Rachid Dahmaz, président du CRT de Souss Massa, son staff et son entourage pluriel ! Beaucoup de travail en perspective pour redorer le blason de la ville. Il est question de mettre fin aux approximations managériales d’antan, mais surtout de faire entendre la voix de la destination et de vociférer à tue-tête dans les bureaux indifférents de Rabat!