Plus de 60 000 mosquées sont plantées à peu près dans tout le territoire national. Le chiffre est énorme si l’on compare avec les divers édifices publics qui voient le jour, en milieu urbain ou en milieu rural.
On ne peut alors que se rassurer de l’attachement de nos compatriotes à leur religion. En fait, il est bien évident que les maisons de culte constituent un bel espace pour s’abreuver des préceptes divins et partager les valeurs spirituelles. Loin de verser dans l’impiété, serait-on en mesure d’affirmer que toute cette panoplie luxuriante de lieux sacrés ont servi à inculquer les valeurs de droiture et de probité civiques dans la société marocaine tels que les prône l’Islam?
A voir la déchirure sociale qui prolifère parmi les générations montantes, on est plutôt sceptiques quant à l’impact de ces lieux de culte en termes de moralité et de décence. Sans aucun agnosticisme non plus, on pourrait même avancer qu’on y inculque autre chose que la vertu et la convenance auxquelles se devrait de se vouer l’individu dans son vécu quotidien. C’est ainsi que, de plus en plus, se propagent des perversions de tous genres, dans les rapports sociaux de toutes parts. De surcroît, la dérive sociale peut entraîner des actes de fanatisme démesuré débouchant, dans bien des cas, au terrorisme avéré.
A quoi rime donc ce dilemme saillant ? D’une part, on motive l’accroissement des lieux saints et on sécrète des manies allant paradoxalement à l’encontre de la culture théologique escomptée, d’autre part. Sans nul doute, on conviendra que le message de la religiosité s’adresse à l’âme pieuse, dans sa confession avec son créateur. Mais également, il est prescrit en même temps, sans bavure, qu’il s’assigne, d’une manière organique, la mission de relèvement du niveau de comportement envers autrui. Or, il semble bien que la seconde tâche est, à coup sûr, renvoyée aux calendes grecques.
On constatera qu’on se rue à monter des mosquées dans les quartiers, à peine que ceux prennent forme. Des «associations» de construction naissent et arpentent les rues, la pancarte et le seau aux mains, collectant les sous. Les «mécènes» se mettent aussi à la besogne…Bizarre!
Devant tout cet ouvrage galopant, on se demanderait pourquoi on ne déploierait pas le même effort pour l’édification des écoles, des dispensaires ou encore des maisons de repos. Des aires de jeu.., avec la même ferveur et cadence ! Ce serait le même effet caritatif, en matière de don noble, que celui des mosquées. Quoique la chose religieuse se soit hissée au niveau de la modération souhaitée, force est de constater qu’elle est, en revanche, entachée de manipulation exogène pour lui amputer ses rôles vitaux de civilité et de promotion de l’être humain auquel sont destinées les valeurs et les vertus authentiques de la religion.