Les élections législatives indiennes n’ayant laissé aucune place au suspense, c’est le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi, 68 ans, qui, après les premiers dépouillements effectués ce jeudi, à l’issue d’un vote marathon qui a duré six semaines, a revendiqué la victoire. Les votes ayant été enregistrés sur des machines électroniques dans plus d’un million de bureaux, leur dépouillement a débuté jeudi à 8 h locales (2 h 30 GMT).
«L’Inde gagne à nouveau» a immédiatement déclaré, sur son compte Twitter le premier ministre sortant qui n’entend vraiment pas sortir. Lui emboitant le pas, Amit Shah, le puissant patron du BJP et son bras droit a écrit: «Cette grande victoire est la victoire de la foi du peuple en cinq années de leadership progressiste et fort du Premier ministre Modi».
Les premières estimations prévoient une très nette victoire et une majorité absolue de 272 parlementaires à la coalition menée par la formation du Premier ministre et vont même jusqu’à évoquer la possibilité pour le BJP de décrocher seul la majorité des sièges; une configuration inédite dans un pays habitué aux larges coalitions.
Doté d’un redoutable sens politique, Narendra Modi, omniprésent dans la vie quotidienne de ses compatriotes depuis son arrivée en 2014 au pouvoir – qu’il s’est employé à personnifier – s’est érigé en défenseur de la nation en axant sa campagne électorale sur un discours tellement sécuritaire qu’il est devenu anxiogène.
Orné d’une barbe blanche et barré de fines lunettes, le visage du Premier ministre remplit l’espace public d’une façon que l’Inde n’avait plus connu depuis Indira Ghandi qui fut assassinée en 1984 par deux extrémistes sikhs appartenant à sa garde personnelle et lui reprochant la répression sanglante effectuée par son armée à l’intérieur du «temple d’or» d’Amritsar au Pendjab quelques mois auparavant.
Ayant été, en 2014, un des premiers représentants de la vague populiste qui avait déferlé sur le monde à accéder au pouvoir, Narendra Modi avait promis de dynamiser la croissance et de faire de l’Inde une puissance économique majeure. Et même si, au terme de son mandat, la société indienne vit une certaine crispation politico-religieuse et que le bilan économique présenté par celui que ses partisans appellent affectueusement «NaMo» est en demi-teinte malgré un taux de croissance de 6,7% pour 2017-2018 qui reste enviable vu de l’extérieur mais dont la progression est jugée insuffisante par rapport au potentiel et au besoin d’un pays de 1,3 milliard d’habitants, ce charismatique «fils d’un vendeur de thé» du Gujarat (ouest de l’Inde) opposé à une kyrielle de puissants partis régionaux bien décidés à le faire tomber semble n’avoir pas encore dit son dernier mot et être sur le point de rempiler pour un nouveau mandat encore plus fort qu’il ne l’était auparavant mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi