Dans les discours et interviews aux médias, la question climatique est présentée comme un enjeu incontestable. Mais quand il s’agit de choisir entre la COP et le sommet de l’OTAN, l’on comprend mieux quelles sont les priorités des chefs d’Etat des plus grandes puissances mondiales. La coïncidence cette semaine entre la COP 25 et le 70e anniversaire de l’Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN) aura confirmé que le climat est loin d’être la priorité de ces grandes puissances.
Madrid, où se tient jusqu’au 13 décembre la conférence des parties sur le climat, le plus grand rendez-vous planétaire annuel en la matière, a été déserté. Ceux qui d’habitude, se font les porte-paroles pour le climat et se positionnent en leader sur la question climatique, ont préféré comme destination Londres où il était plutôt question d’armements, d’alliances politiques, militaires, de terrorisme, de sécurité, même sur fond de tensions. Pour ce qui est du changement climatique, le débat a été laissé aux jeunes, aux responsables de l’ONU, à la société civile, au monde universitaire et de la recherche. A Londres, les décisions se sont enchainées, insistant sur la nécessité pour chaque pays de l’alliance Nord atlantique de consacrer 2% de son budget à l’armement d’ici 2024. D’ailleurs, les mauvais élèves ou du moins, ceux qui trainent le pas pour atteindre cet objectif, comme le Canada, l’Allemagne ou la France qui ne pourra concrétiser cet engagement qu’en 2025, n’ont pas manqué d’être pointés du doigt, faisant même l’objet de critiques ouvertes.
A Madrid, par contre, rien de concret n’a toujours été dit sur le climat. Aucun engagement des chefs d’Etat des pays les plus pollueurs pour atteindre la limite de température de 1,5°c que préconise le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) d’ici 2050. Aucune décision majeure pour réaliser les ambitions de l’Accord de Paris. Bref, la COP25 est jusque-là un simple rendez-vous, une routine… sans aucun résultat probant. Elle ne se résume pour l’instant qu’à quelques déclarations, mémorandums de jeunes, rapports de centres d’étude, appels lancés par la société civile…mais qui, sans engagement des Etats et gouvernements, resteront lettre morte.
On aura compris que le changement climatique ne fait pas de poids devant la question d’armement et de sécurité. Et même les médias, notamment les agences de presse internationales, se sont inscrits dans cette optique, consacrant une faible couverture à la COP comparée à celle du 70e anniversaire de l’OTAN. Pour tout dire, le climat aux jeunes, chercheurs, climatologues, universitaires… l’armement et les alliances militaires aux chefs d’Etat et de gouvernement. A chacun, ses chats à fouetter ! Il ne faut surtout pas s’emmêler les pinceaux !
Danielle Engolo