Les ravages faits par le Coronavirus en Italie ont rappelé à la communauté internationale que son destin restera toujours intimement lié à la géopolitique. Preuve en est l’attrait irrésistible exercé, aujourd’hui, sur les puissances étrangères par l’Italie, pays de l’Union européenne le plus touché par la pandémie du Covid-19, en ce moment où Bruxelles semblerait être aux abonnés absents faute d’un réel plan d’aide économique et/ou d’assistance humanitaire.
Profitant de l’impréparation de l’Europe et de son incapacité à gérer la crise de façon moderne en recourant massivement aux tests, aux masques et aux nouvelles technologies, la Chine a été la première puissance étrangère à mettre ses pieds dans les starting blocks pour voler au secours de l’Italie. Ainsi, dès le 14 mars dernier, Pékin a affrété un avion et envoyé à Rome le vice-président de la Croix Rouge Chinoise, plusieurs médecins, un grand nombre de respirateurs et 200.000 masques. Or, en l’absence d’une réelle alternative à même d’enrayer la propagation du virus, Pékin a imposé ce qu’il y a lieu d’appeler, désormais, un «confinement à la chinoise», rapidement devenu le «modèle à suivre» par tous les pays du monde.
L’arrivée de cet avion sur le Tarmac de l’aéroport de Milan, abondamment couverte par les médias de l’Empire du milieu, a été perçue comme étant une victoire personnelle de Luigi Di Maïo, le ministre italien des Affaires étrangères qui, l’année dernière, avait fait de l’Italie le premier pays du G7 à signer, avec Pékin, un mémorandum d’accord portant sur les «nouvelles routes de la soie».
Aussi, deux mois après qu’une pandémie digne des grands films de science-fiction ait fait croire à certains observateurs que le Parti Communiste Chinois «allait vers sa fin», c’est tout le contraire qui s’est produit dans la mesure où ce dernier semble avoir très bien «tiré son épingle du jeu» pour ne pas dire «profité» de cette pandémie pour se renforcer et redorer son blason.
Dimanche 22 mars, c’est Moscou et La Havane qui ont emboité le pas au camarade chinois quand la Russie a envoyé, en Italie, neuf avions « Iliouchine » à bord desquels se trouvaient cent médecins militaires et huit équipes mobiles munis d’une multitude de masques, gants et respirateurs pendant que Cuba a «prêté» à l’Italie 52 médecins et infirmiers spécialisés en virologie.
Lundi, l’Allemagne a été le premier partenaire européen de l’Italie à ouvrir ses hôpitaux aux malades italiens.
Or, force est de reconnaître, toutefois, que si elles ne sont pas intervenues pour juguler la pandémie, les institutions européennes se sont, tout de même, empressées de prendre, dès la semaine dernière, des mesures économiques post-pandémie d’une ampleur sans précédent et dont le coût semblerait nettement supérieur à l’assistance humanitaire chinoise, cubaine et russe. Les dispositions retenues par l’UE seraient destinées à soutenir les économies des Etats-membres touchés de plein fouet par le Coronavirus au premier rang desquels se trouve l’Italie.
Que dire pour terminer sinon qu’en pareilles périodes, tous les gestes de solidarité restent les bienvenus quand bien même leur exploitation à des fins de propagande n’est pas toujours à écarter d’un simple revers de manche dès lors que, pour préserver ses intérêts, la géopolitique rejette le « confinement » et met son nez partout tant et si bien qu’à l’heure qu’il est nul ne sait quel sera le visage du monde de l’après Covid-19 ? Alors, attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi