On aurait peine à croire que les femmes seraient mieux outillées que leurs compères mâles pour affronter une crise sanitaire aussi «sérieuse» que celle qui frappe le monde à l’heure actuelle.
Or, au vu des résultats obtenus en la matière par l’Allemagne d’Angela Merkel, la Nouvelle Zélande de Jacinda Ardern, l’Islande de Katrin Jakobsdottir, la Norvège d’Erna Solberg, le Danemark de Mette Frederiksen, la Finlande de Sanna Marin, la plus jeune cheffe de gouvernement au monde ou, encore, par Taiwan dont les rênes sont tenues par Tsai Ing-wen, on pourrait croire aisément que la biologie y est pour quelque chose mais il n’en est rien.
Et si ce serait vraiment aller trop vite en besogne que de mettre les «performances» des intéressées sur le compte de la biologie puisque le facteur «femme dirigeante» n’explique pas, à lui seul, la bonne gestion, par ces dernières, de la crise du coronavirus, il n’en demeure pas moins vrai que ce facteur reste plus «culturel» que biologique dès lors que pour se faire une place dans les lieux de pouvoir traditionnellement réservés aux hommes, cet endroit où rien ne leur sera pardonné, les femmes se trouvent toujours dans l’obligation de redoubler d’effort surtout quand leurs compères du sexe opposé, le front toujours haut, s’estiment plus forts qu’une «grippette».
A ceux qui justifient la réussite des femmes dans la gestion de la crise du coronavirus au fait qu’elles dirigent de petits pays ou des îles généralement, Avivah Wittenberg-Cox, directrice de 20-first a rappelé, dans les colonnes du magazine «Forbes», que «l’Allemagne (qui) est une grande puissance» a mieux géré la crise que le Royaume-Uni qui est une île.
Ayant pris très tôt la mesure du danger, la chancelière allemande avait immédiatement mis en garde ses compatriotes sur le fait que ce nouveau coronavirus, plus grave que tous ceux que le monde avait déjà connus, était capable d’infecter jusqu’à 70% de la population.
Face à la gravité d’un tel message émanant, de surcroît, d’une personne qui, tout au long de sa brillante et solide carrière politique, a prouvé à ses compatriotes qu’elle n’était pas femme à raconter des «sornettes», ceux-ci lui ont fait confiance et le pays a suivi.
Les tests de dépistage n’ayant donc souffert d’aucun retard, les nombres des contaminations et des décès se sont incontestablement révélés inférieurs à ceux des pays voisins. Pour sortir son pays de la crise du Coronavirus, la chancelière allemande a fait preuve de calme, de sérieux et d’anticipation.
La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a, elle aussi, attiré l’attention de nombreux médias en mettant son pays en état d’alerte maximale dès l’apparition, le 28 Février, de la première infection au Covid-19. Prenant même le risque de porter un véritable coup de massue au tourisme, elle a, immédiatement, isolé, pendant deux semaines, les visiteurs étrangers, imposé à la population de strictes mesures de confinement et de distanciation sociale et fermé les frontières du pays dès le 19 mars.
Après avoir ordonné la fermeture de tous les établissements scolaires et industriels de l’archipel, elle a accordé une compensation financière à tous les travailleurs, qu’ils soient locaux ou étrangers.
En Islande, la Première ministre Katrin Jakobsdottir a offert gratuitement des tests de dépistage du coronavirus à l’ensemble de ses concitoyens même s’ils ne présentent aucun symptôme contrairement aux autres pays où ceux-ci sont réservés exclusivement aux personnes présentant des symptômes actifs. Tous les islandais ayant donc été dépistés à temps, les mesures nécessaires à l’arrêt de la propagation du virus ont été prises avec toute la célérité requise et les traitements rapidement administrés aux personnes infectées.
Imitant son homologue danoise Mette Frederiksen, la Première ministre norvégienne Erna Solberg s’est adressée directement aux enfants par le biais de la télévision dans une conférence de presse hors la présence des adultes afin de les mettre en garde sur le danger réel que représente le nouveau coronavirus.
N’esquivant aucune des questions posées par leur jeune auditoire, les deux premières ministres n’ont eu aucun mal à faire accepter l’adoption de toutes les mesures requises pour faire face à la pandémie.
Non loin de là, en Finlande, Sanna Marin, la plus jeune cheffe de gouvernement du monde, s’est appuyée sur les réseaux sociaux pour faire circuler toutes les informations relatives à la prévention du Covid-19 et mobiliser les plus jeunes. Aussi, a-t-elle pu interdire sans encombre, les déplacements vers les régions touchées par la pandémie.
A Taïwan, enfin, Tsai Ing-wen a beaucoup impressionné les médias après avoir mis en place, dès le début de la pandémie, 124 mesures pour stopper sa propagation sans qu’il soit besoin de recourir au confinement de l’ensemble de la population. Aussi, pour la chaîne américaine CNN, la dirigeante taïwanaise a donné «l’une des meilleures réponses au monde».
Que dire pour terminer sinon que, contrairement à leurs collègues de l’autre sexe qui, avec leur assurance de dirigeants pétris d’autoritarisme, ont fait de la bataille contre le Covid-19 une bataille d’égo, les femmes qui ont préféré s’appuyer sur l’expertise des scientifiques ont fait preuve d’empathie, d’écoute et du souci du bien-être.
Autant dire, au vu de leurs résultats, que c’est, désormais, aux hommes de prendre des leçons de gestion de crise auprès des femmes mais il n’est pas dit qu’ils l’admettront et, encore moins, qu’ils le feront un jour. Alors, attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi