Chine-USA: Regain de tensions dans le détroit de Taïwan

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Nabil El Bousaadi

«Un appareil de l’Armée populaire de libération et trois vaisseaux de la Marine de l’Armée populaire de libération ont été détectés à 6 heures» a annoncé, dans un communiqué en date de ce jeudi 6 Avril, le ministre taïwanais de la Défense après qu’un hélicoptère et trois navires de guerre chinois aient été aperçus au large du détroit de Taïwan.

Ce déploiement est survenu moins de vingt-quatre heures après qu’à l’issue de la tournée qu’elle a effectuée en Amérique centrale, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, qui est issue d’un parti qui prône l’indépendance de l’île et qui n’a pas cessé, depuis le début de son mandat en 2016,  de se rapprocher des Etats-Unis ait voulu remercier les autorités américaines pour le soutien « indéfectible » qu’ils ne cessent d’apporter à son pays en rendant visite, en Californie, à Kevin McCarthy, le président de la Chambre américaine des représentants.

Au cours de cette rencontre, le dirigeant américain a tenu à rappeler que « l’amitié entre les peuples taïwanais et américain, essentielle au maintien de la liberté économique, de la paix et de la stabilité régionale, revêt une grande importance pour le monde libre».

Mais si, comme l’a souligné le South China Morning Post, cette rencontre, est la « première » ayant eu lieu, depuis 1979, « sur le sol américain », entre un dirigeant taïwanais et le président de la Chambre des représentants qui est, également, le troisième personnage des Etats-Unis, il faut, également, rappeler que Pékin a toujours menacé de riposter si la présidente de l’île « rebelle » de Taïwan venait à rencontrer les dirigeants américains car, pour le régime chinois, ce territoire est une de ses provinces qu’il « reprendra », par la force s’il y a lieu, même s’il affirme encore vouloir privilégier une « réunification pacifique ».

C’est, d’ailleurs, au nom du principe d’« une seule Chine », qu’aucun pays n’est censé entretenir de liens officiels avec Pékin et Taïpeh en même temps et que si seuls 13 Etats – dont le Belize et le Guatemala où s’est rendu, la semaine dernière,  la présidente taïwanaise au titre du renforcement de leurs relations bilatérales – reconnaissent encore Taïwan, les Etats-Unis restent encore l’allié le plus puissant de l’île rebelle même s’ils ont rompu leurs liens diplomatiques avec Taïpeh en 1979.

Aussi, en prenant bien soin de ne jamais prononcer les mots «Chine» ou «Pékin», la présidente taïwanaise a déclaré, au moment de sa rencontre avec McCarthy, que cette entrevue a lieu, encore une fois, «dans un monde où la démocratie est menacée et où l’urgence de maintenir éclairé le phare de la liberté ne peut être sous-estimée».

En réponse, le dirigeant américain a saisi cette occasion pour signaler que la «leçon essentielle» qui a été donnée par la guerre d’Ukraine est que les «sanctions» n’arrêtent personne et appelé, à ce titre, à «continuer les ventes d’armes à Taïwan» afin d’empêcher que ce territoire ne soit envahi par Pékin.

Considérant, enfin, que la démarche entreprise par la présidente taïwanaise est une dangereuse provocation et que «les Etats-Unis et Taïwan ont conspiré» afin « de renforcer leurs relations en portant «gravement atteinte » à la souveraineté chinoise et en envoyant « un mauvais signal de soutien aux séparatistes taïwanais », la Chine a, dès le lendemain, promis, dans  un communiqué émanant de son ministère des Affaires étrangères et publié par l’Agence « Chine Nouvelle», de riposter, avec détermination, «aux actes de collusion gravement erronés entre les Etats-Unis et Taïwan » et de prendre «des mesures déterminées et efficaces pour sauvegarder la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale» et ce, tout en exhortant Washington à «cesser de s’engager dans une voie erronée et dangereuse».

S’agit-il d’un énième «haussement de ton» sans lendemain comme il y en a très souvent dans la région ou d’un prélude à la guerre ?

Attendons pour voir…

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