Nabil El Bousaadi
Le Sénat italien a voté, ce jeudi 30 juillet, la levée de l’immunité parlementaire de Matteo Salvini, patron de la «Ligue», et ouvert, ainsi, la voie à un second procès, contre ce dernier, pour avoir refusé, en Août 2019, en sa qualité de ministre de l’Intérieur, d’accorder au navire humanitaire «Open-Arms», bloqué au large de la Sicile, l’autorisation de débarquer les 83 migrants qui se trouvaient à son bord.
Pour rappel, c’est un procureur de Sicile qui, le 20 Août dernier, faisant fi de la position prise par le ministre de l’intérieur de l’époque, avait mis fin, après dix-neuf jours, au calvaire des migrants secourus par l’Open-Arms et c’est à ce titre que le tribunal de Palerme avait accusé Matteo Salvini de séquestration de personnes.
L’ONG «Proactiva», qui a affrété le navire «Open-Arms», voit dans la décision prise par le Sénat italien, «une occasion importante de rétablir la vérité des faits » mais tient, toutefois, à préciser que «ce n’est pas l’ancien ministre [qu’elle souhaiterait] voir jugé, mais une vision du monde» et de sa politique opposée à l’accueil des migrants.
Survenant à un moment où des centaines de migrants, rêvant de l’Eldorado européen, débarquent chaque jour sur les côtes italiennes de Lampedusa et de la Sicile – très souvent après avoir été secourus en haute mer par des navires humanitaires ou par des gardes-côtes italiens alors qu’ils se trouvaient à bord d’embarcations de fortune – ce procès est le deuxième auquel fait face l’ancien ministre italien puisqu’une précédente poursuite judiciaire pour des faits similaires devra connaître son dénouement le 3 Octobre prochain.
Dans ce dossier, il lui est reproché d’avoir interdit, en Juillet 2019, au «Gregoretti», un navire des gardes-côtes italien, de débarquer les 116 migrants qui se trouvaient à son bord. La «Ligue» de Matteo Salvini avait, à l’époque, essayé de se dédouaner en affirmant que le blocage des navires de migrants était une décision collective du gouvernement de Giuseppe Conte et tenté ainsi d’engager la responsabilité du Premier ministre et non celle de son ministre de l’intérieur.
Bien qu’encourant jusqu’à quinze années d’emprisonnement, l’ancien homme fort italien dont la popularité s’est effritée depuis le début de la pandémie du nouveau coronavirus qui, en évinçant la question de l’immigration qui était son thème de prédilection, est devenue la principale préoccupation des italiens, a affirmé, à l’issue du vote de jeudi, ne pas craindre «un procès à visée politique» et clamé, haut et fort, sa fierté «d’avoir défendu l’Italie» et son entière disposition à continuer son combat.
Mais si le feu vert accordé par le Sénat italien à la levée de l’immunité du patron de la Ligue peut avoir de fâcheuses conséquences pour Matteo Salvini, la décision de le priver d’immunité peut aussi l’aider à capter, de nouveau, l’attention des italiens en ce moment-même où un sondage publié cette semaine par l’institut «Démopolis», la Ligue aurait perdu onze points en une année, puisqu’elle n’est, désormais, créditée que de 25,4% des intentions de vote alors qu’en face le parti postfasciste Fratelli d’Italia aurait le vent en poupe. Qu’en sera-t-il ? Attendons pour voir…