Rentrée scolaire
Mohamed Khalil
La rentrée scolaire 2020 continue à faire débat, polémique. Elle suscite énormément d’inquiétude chez les parents d’élèves et même chez les enseignants qui n’ont aucune visibilité. Ainsi, après les hésitations du ministère de tutelle, voilà que le gouvernement opte pour laisser le choix aux parents afin de choisir entre une option en présentiel ou à distance, ou encore une formule entre les deux. Belle manière de refiler la patate chaude aux parents et tuteurs des élèves.
A lire la décision ministérielle, ce sont les parents qui doivent décider de l’option qui leur convient, en fonction de leurs situations sociales et professionnelles.
Globalement, aucune des trois options ne satisfait tous les parents. Car si le présentiel, en cas de poursuite de la pandémie, présente des risques sanitaires, l’enseignement à distance n’arrange pas tout le monde, pour des raisons évidentes, surtout pour des parents, dont les enfants sont encore petits, qui travaillent et ne gagnent pas assez pour se permettre des nounours ou des babysitting.
En gros, seuls les familles aisées trouveront leurs comptes dans le choix gouvernemental. Elles peuvent se permettre la garde des enfants, des profs à domicile, et encore plus…
Ainsi, après une année fortement perturbée par la pandémie, le confinement et les restrictions sanitaires, un autre souci vient se joindre aux malheurs de la majorité des foyers marocains.
Et l’on n’est pas sorti de l’auberge avec cette irresponsabilité de « responsabiliser » les autres, alors que l’Etat a un rôle d’orientation et de protection à jouer, y compris et surtout, dans les cas de force majeure.
Un manque d’effort gouvernemental
Il faut dire que la démarche de l’Exécutif ne permet pas d’aller vers une normalisation efficace de la situation et de l’année scolaire.
C’est, à y regarder de près, plus une fuite en avant et un signe de manque d’effort intellectuel et pratique qui a fait cruellement défaut.
Le Ministère aurait dû faire un effort pour aider à la continuité pédagogique en allant vers les spécificités locales et un aménagement de l’espace temps. Car il est très aisé d’exposer les options et les cas de figure pour la prochaine année scolaire. Rien de plus simple et de plus simpliste. Car, l’on le sait, chacune des trois options laissera des lacunes et créera des victimes collatérales. Mais la bonne solution consiste à faire le moins de mécontents, sans pousser les familles à décider sous la menace d’une reprise de l’épidémie et de plus belle.
Heureusement, depuis les dernières mesures strictes prises par les pouvoirs publics, l’on s’attend à une baisse drastique des cas d’infection. Cela permettra d’avoir une meilleure visibilité qu’en ce moment des grands brouillards.
A cela, il faudra rappeler que l’enseignement, en tant que premier pilier du développement, vit, depuis des décennies, une crise structurelle très profonde qu’aucun plan de relance n’a pu résoudre, ne serait-ce que superficiellement.
La pandémie en a décortiqué les dysfonctionnements et les grosses lacunes, notamment en matière de suivi pédagogique et parental.
Gérer l’espace temps
Et, au lieu d’intégrer, pour les cas particuliers qu’aucune des trois options, mélangées à la responsabilité sanitaire des élèves, notamment les plus jeunes, le gouvernement reste dans le général et le flou.
Il est vrai, encore une fois, que l’on ne peut trouver une solution qui contente tout le monde et à cent pour cent. Mais la logique veut que l’effort soit fourni pour contenter le plus grand nombre de familles sans les pousser à avoir des remords si jamais, n’en plaise à dieu, leurs progénitures contacteraient le virus.
L’heure n’est pas à la hâte. Il faudra prendre le temps de bien penser les choses. L’espace temps n’a pas été exploité par le Ministère. En plus d’une année à 12 mois, la journée de 10 heures (au lieu des 4 à 8 heures) et les 52 weeks-ends, tout cela nous offre plus de choix diversifiés et spécifiques qui satisferont certainement toutes les familles.
A cela, nos écoles disposent de suffisamment d’espaces pour aérer les salles de classes et assurer toutes les rotations et aménagements horaires. Il fallait tout simplement y consacrer du temps sans précipitation.
De nombreuses voix s’élèvent pour dire que rien ne presse et l’on pourrait attendre deux mois, avec l’espoir de voir le virus vaincu, et ne commencer les cours qu’en novembre, avec la chance de retourner au présentiel et à la vie normale,
Il est vrai que le seul handicap théorique est certainement l’hypothèse d’une reprise de l’épidémie, avec un virus, d’ailleurs qui n’est pas si virulent mais porteur de mort pour les personnes âgées à maladies chroniques, qui circulerait plus vite.