Hasnaa El Akkani (MAP)
Le redécollage de l’économie nationale s’impose comme la priorité numéro un de cette rentrée hors du commun, appuyée en cela par de mesures drastiques décidées au plus haut niveau de l’Etat en vue d’atténuer les répercussions de la pire crise planétaire de l’histoire.
Une campagne agricole en deçà des attentes, des dégâts énormes dans les secteurs exportateurs et le tourisme ainsi que la tendance à la hausse des contaminations par le coronavirus sont entre autres des facteurs qui obscurcissent les perspectives de notre économie devant reculer de 5% cette année. Le taux de chômage, lui, s’accroît de 4,2 points à 12,3% au deuxième trimestre, suite à une perte de 589.000 postes d’emploi sous l’effet de la propagation de la pandémie et les restrictions qui s’en sont suivies (données HCP).
Face à cette situation inédite, le gouvernement et dans le cadre de l’opérationnalisation des Hautes orientations royales contenues dans le discours du Trône, a annoncé une batterie de mesures sans précédent notamment l’injection d’environ 120 milliards de dirhams (MMDH), soit l’équivalent de 11% du PIB, dont 45 MMDH seront consacrés à l’investissement et 75 MMDH seront réservés à l’accès aux financements garantis par l’État au profit de l’ensemble des entreprises marocaines.
Il s’agit aussi de la mise en place d’un Pacte pour la relance économique et l’emploi engageant l’exécutif, le patronat et les banques et d’un contrat programme relatif à la relance du secteur touristique, visant à soutenir les entreprises et préserver les emplois.
Un autre grand chantier est celui de la généralisation de la couverture sociale, qui nécessite au préalable notamment une refonte du cadre législatif et réglementaire, la mise à niveau des structures hospitalières et l’organisation de la filière de soins, la réforme des systèmes et programmes sociaux déjà en place, notamment à travers l’opérationnalisation du Registre social unifié (RSU)… ce qui veut dire un énorme effort d’investissement.
Parmi les décisions phares annoncées également, figure la liquidation de plus de 70 entités relevant du secteur des établissements et des entreprises publics avec pour objectif de corriger les dysfonctionnements structurels de ces entités, garantir une complémentarité et une cohérence optimales entre leurs missions respectives et rehausser ainsi leur efficience économique et sociale.
S’inscrivant dans la même lignée, le projet de Loi de Finances 2021 se fixe pour priorités, selon la note d’orientation du chef du gouvernement, la mise en œuvre du Plan de relance de l’économie nationale, la généralisation de la couverture sociale et l’exemplarité de l’État ainsi que la rationalisation des dépenses.
Ce sont des mesures certes audacieuses mais qui requièrent une mise en œuvre rapide et efficace, ce qui implique nécessairement la mobilisation de toutes les parties prenantes : État, secteur privé qui devrait faire montre d’un sens élevé de responsabilité, les banques qui sont appelées à sortir de leur zone de confort et financer les investisseurs dans les secteurs d’avenir, les partenaires sociaux et enfin le citoyen qui se trouve au centre de toute stratégie de développement.
En effet, SM le Roi Mohammed VI a insisté, dans Son discours à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, sur «la nécessité d’une bonne mise en œuvre de ces projets, dans les délais fixés». Autrement, l’économie marocaine peinera à redémarrer, au regard des multiples défis qui se présentent. Le Wali de Bank Al Maghrib avait déjà tiré la sonnette d’alarme en pointant une «performance interne insuffisante», en dépit du renforcement de la position externe du pays grâce à sa stabilité.
Il avait conclu, dans le rapport annuel de BAM présenté devant le Souverain, que «la résilience requiert de rehausser la compétitivité de l’économie et d’accélérer sa croissance».
La mobilisation des forces vives de la nation s’avère encore une fois nécessaire pour la préservation et la consolidation des acquis du Royaume afin de lui permettre de sortir de cette crise plus résilient et mieux préparé à poursuivre son combat pour une croissance accélérée, durable et inclusive.
Conscient de l’ampleur des difficultés économiques et sociales nées de la pandémie et de ses répercussions, Saad Dine El Otmani a plaidé mardi, lors d’une visioconférence avec les membres de son gouvernement, pour l’engagement de l’exécutif et des acteurs économiques et sociaux dans le cadre d’un «contrat national constructif» qui répond aux défis de l’heure et aux attentes des Marocains.
Aussi, appelé à jouer de nouveaux rôles dans le contexte actuel, le Maroc a-t-il plus que jamais besoin d’une prise de conscience collective afin de saisir les opportunités qui se présentent et permettre à la machine économique de reprendre son élan.